BOU-KORNINE

Editions bonobo - (roman)

160 pages
Prix public : 16 €
ISBN : 2-9520405-3-2


De l’autre côté de la baie de Sidi-Bou-Saïd, se dessinent les contours de Bou Kornine « la montagne aux deux cornes ». Ce lieu bercé de poésie est le point de départ du nouveau roman de Michel Giliberti, qui s’installe ici pour quelque temps, sur les traces de son enfance tunisienne. Il y rencontre Moez, étudiant de vingt-trois ans, qui tente de le séduire, alors que l’auteur déraciné, enfermé dans ses états d’âme, ne voit tout d’abord en lui qu’un modèle pour ses peintures. Il refuse de s’adonner au « tourisme sexuel », mais Moez s’efforçant de le convaincre de la profondeur de ses sentiments parviendra à devenir son amant. Perturbé entre culpabilité et simple bonheur, l’auteur aura du mal a assumer ses contradictions. De la critique sociale empreinte de lucidité, à laquelle l’auteur nous a habitués, à la peinture magnifique des paysages tunisiens, Michel Giliberti explore une relation amoureuse difficile qui met en évidence la nécessité de connaître l’autre, non pas à travers le simple plaisir du corps, mais avant tout à travers sa culture.

 

Extraits

 

.../ J’en arrive à me demander si, cet amour de l’Orient qui oscille entre passion et retenue, n’est pas pour l’athée que je suis la dimension du sacré recréé ou celle, plus poétique, de mon voyage sur terre. Une continuité mythique des épopées de l’enfance, où grandir n’offre pas une vision unique. Une éthique et une altération qui accompagneraient mon goût des mots et des maux… Un spectre ouvert sur l’imposture de vivre debout, quand tout me pousse à me courber.
Et puis, sur cette terre où la possession prive le monde de tout, aimer ce qui ne vous appartient pas prodigue quelque chose d’ineffable. /...


.../ me reviennent aussi les portraits rapides à la mine de plomb que je traçais alors qu’il s’ennuyait à garder la pose… mes yeux de voleur sur son corps nu quand il dormait pendant la sieste.
L’intimité comme une grâce.
Comme un chemin inexploré.
Comme un écart à deux pas de la médiocrité.
L’intimité comme la possible entente des peuples sourds.
En attendant, le goût de Moez est sur ma langue, au bout des dents, et dans ma gorge.
Le goût de Moez est dans mes yeux, au bord des cils, et dans mes larmes.
Je ferme le robinet et sors de la douche alors que, dans un fracas éblouissant, la foudre s’abat tout près d’ici.
Je rêverais qu’un éclair magique illumine ma vie de cette façon, juste une seconde… le temps de voir clair dans mes ténèbres, de voir l’intérieur de mon corps… Un peu comme les médecins savent déchiffrer les radios muettes devant leurs écrans lumineux. /...


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