Programme de français (première générales et technologiques)

Modifications à compter de la rentrée 2007

ARRÊTÉ DU 5-10-2006 JO DU 18-10-2006

 

Article 1 - Les dispositions de l’arrêté du 5 juin 2001 susvisé relatives au programme de l’enseignement obligatoire de français en classe de première dans les séries économique et sociale, littéraire, scientifique, sciences et technologies de la gestion, sciences et technologies de la santé et du social, sciences et technologies industrielles, sciences et technologies de laboratoire, techniques de la musique et de la danse, hôtellerie sont remplacées par les dispositions annexées au présent arrêté.

Article 2 - Les dispositions du présent arrêté prennent effet à compter de la rentrée de l’année scolaire 2007-2008.

 

 

Objets d’étude

Série L

Séries S/ES

Séries technologiques

1

Le roman et ses personnages : visions de l’homme et du monde

 

 

 

2

La poésie

 

 

 

3

Le théâtre : texte et représentation

 

 

 

4

L’argumentation : convaincre, persuader et délibérer

 

 

 

5

Un mouvement littéraire et culturel

 

 

[facultatif]

6

L’autobiographie

 

 

 

7

Les réécritures

 

 

 

 

 

[…] 3. Le théâtre : texte et représentation

On analysera le texte de théâtre en tenant compte des éléments sonores et visuels qui caractérisent sa représentation. Il s’agira de faire percevoir que ces éléments varient selon les genres, les registres et les époques, et que la réception d’un texte de théâtre se modifie à travers ses différentes mises en scène.

Corpus : une pièce de théâtre, au choix du professeur (du XVIIème siècle à nos jours), accompagnée de textes et de documents complémentaires (en particulier de caractère visuel).

Perspectives d’étude : connaissance des genres et des registres ; approche de l’histoire littéraire et culturelle ; réflexion sur l’intertextualité et la singularité des textes.

 

[Les commentaires qui suivent prolongent les Documents d’accompagnement publiés en 2001. Partant du nouveau programme de la classe de première, tel qu’il a été défini par l’arrêté du 5 octobre 2001, elles indiquent quelques pistes d’analyse susceptibles d’éclairer la mise en œuvre des différents objets d’étude qui composent ce programme.]

 

3. Le Théâtre,  Perspectives

 (in doc accompagnement)

 

Alors qu’en classe de seconde, l’accent a porté sur l’étude du genre en tant que tel et des registres qui le caractérisent (le comique et le tragique), en classe de première, une problématique domine, celle du texte et de sa représentation.

 

Le théâtre – si l’on met à part les formes de spectacle inspirées du mime, de la pantomime, ou du cirque – est le plus souvent, avant tout, un texte. Mais le texte de théâtre est un hybride, un composé, qui manifeste, certes, les caractères essentiels du génie littéraire – inventivité, polyphonie, alliance du sentiment d’évidence et puissance d’évocation, réalisme et fantaisie –, mais qui va peut-être encore plus loin dans l’expression de l’ambiguïté, en ce qu’il s’engage dans la voie d’une réalisation. C’est cette spécificité qu’il convient de faire saisir aux élèves, tant pour orienter leur attention vers la dramaturgie que pour mettre en place, déjà en classe et avant d’autres possibilités (représentation, travail avec les metteurs en scène et les comédiens, visite d’un théâtre, etc.), une école du spectateur.

 

Le texte de théâtre fait exister ce qui pourtant est à venir : des personnages (et non des acteurs), des dialogues (aussi en direction de tiers, lecteurs et spectateurs), des lieux parfois improbables, des temporalités superposées, des indications scéniques plus ou moins soucieuses de leur devenir dramaturgique. La spécificité du langage dramatique réside d’abord dans la mise en espace du verbe. On distinguera l’espace scénique (la scène théâtrale, considérée d’une manière abstraite) et le lieu scénique (l’espace concret investi par les comédiens), l’espace virtuel et l’espace réel. Le décalage entre les deux n’est pas toujours facile à combler, et il ouvre droit à de nombreuses « lectures » – le mot allant jusqu’à désigner alors les choix du metteur en scène.

 

En classe de première, pour cerner de près cette problématique de la mise en scène, on privilégiera les œuvres offrant (en elles-mêmes, ou dans la tradition de leur représentation) les perspectives les plus dynamiques, qui sont ainsi les plus rentables du point de vue didactique. Le Dom Juan de Molière, par exemple, inscrit la démesure dans sa dramaturgie, très peu « classique » : la multiplicité des personnages, l’omniprésence du duo central, le déséquilibre des emplois, la disparité des intrigues, la dilatation temporelle, les déplacements dans l’espace mettent au défi l’attention du lecteur et du spectateur, jusqu’à créer un doute essentiel sur la nature générique et le sens général de la pièce. S’agit-il d’une comédie, d’une farce, d’une pastorale ? Sommes-nous confrontés à un drame de l’amour et de l’honneur, à une tragédie de l’affrontement, à une quête métaphysique, à un défi libertin ?

 

L’analyse qui sera faite en classe de quelques mises en scène marquantes s’appuiera sur la connaissance que les élèves ont du théâtre, soit directement, par leur propre expérience de spectateur, soit indirectement, grâce à la télévision, au cinéma ou encore aux enregistrements vidéo. Elle sera complétée par l’étude de photographies de mises en scène ou par la lecture de témoignages de comédiens ou de metteurs en scène.

 

Une ouverture vers le théâtre contemporain

 

En classe de première, les élèves peuvent être invités à prendre conscience de la vitalité du théâtre contemporain (y compris du début du XXIe siècle), qui recouvre des démarches, des projets et des personnalités très variés, sans qu’une seule tendance parvienne à l’emporter. Ce pluralisme de l’inspiration peut être l’objet de découvertes fructueuses. On peut, par exemple, apprécier les effets rhétoriques d’un Bernard-Marie Koltès, l’écriture lyrique d’un Valère Novarina, l’alliance de l’intime et du social chez Yasmina Reza, le rapport au mythe chez Olivier Py, ou les qualités d’observation de Michel Vinaver… Il importe que les élèves ne soient pas cantonnés, ici plus qu’ailleurs, à une vision univoque d’un univers perpétuellement en mouvement et en renouvellement, comme le montrent aussi les liens avec les autres arts (peinture, cirque, musique, cinéma…). Il convient donc aux professeurs de français de prendre toutes les initiatives possibles dans leurs lycées pour aller au-devant de l’événement et nouer des contacts utiles soit directement, soit par l’intermédiaire des professeurs documentalistes et des CRDP, ou en recourant aux ressources mises à leur disposition par les commissions académiques d'action culturelle, en lien avec les DRAC. Ils inviteront ainsi leurs élèves à saisir les enjeux du théâtre vivant, à en apprécier la richesse et à en goûter la permanente inventivité.