Transcription complète du débat présidentiel du premier tour de l’élection présidentielle chilienne en 2005 sur CNN et Canal 13.

 

 

DÉLINQUANCE

Glenda Umaña (GU), journaliste de CNN : Un phénomène qui a accompagné la prospérité économique du Chili durant les dernières années est l'insécurité dans les villes avec l'augmentation de la délinquance. Pour vous, quelle est la cause de ce problème et comment pensez-vous y faire face ? Monsieur Tomas Hirsch, vous avez une minute pour répondre.

Tomas Hirsch (TH) : Merci beaucoup. Je crois qu'il est très juste de demander la raison, parce que c’est cela qui a manqué durant toutes ces dernières années au Chili, j'ai écouté les autres candidats promettre toutes sortes de mesures répressives : augmentation des prisons, augmentation des policiers, baisse de l'âge de l’emprisonnement, … Je crois que de nos jours il faut examiner les causes fondamentales qui proviennent du modèle économique du Chili, un modèle économique qui a été fantastique pour 5%, un modèle qui a retardé les nécessités sociales, les demandes de santé, d'éducation, de travail digne, de salaires adéquats. (Voir politique sociale au Chili) Evidemment cela produit de la violence et cette violence aussi se traduit par de la délinquance. Dans le Chili on a accepté en outre la violence, la violence de la dictature, et la délinquance des gens qui ont vendu les entreprises appartenant à tous les Chiliens, pour plus de 7 milliards de dollars. Nous devons aller aux causes et ainsi nous allons pouvoir résoudre les problèmes.

GU : À court terme, qu'est-ce que proposez ?

TH : D'abord, nous devons avoir un plan d'urgence, d’équité sociale, cela signifie améliorer les possibilités de travail des jeunes, deuxièmement, produire des espaces pour qu'ils participent vraiment. Pour certains, nous devons renforcer le système judiciaire, mais cela ne veut pas dire plus de carabiniers, cela signifie une plus grande justice dans le pays.

 GU : Qu'y a-t-il à faire avec nos prisons qui sont trop peuplés ?

Michelle Bachelet (MB) : Effectivement, il y a un problème qui préoccupe les citoyens qui est celui de la délinquance et ceci a à voir avec un problème d'opportunités dans le pays. La délinquance augmente lorsque nous avons du chômage, maltraite, abandon, manque de possibilités. C’est pourquoi l'approche consiste d'une part à délivrer des mesures fermes contre la délinquance, de manière de ne pas permettre que l'infraction soit transformée en habitude. Ensuite à travers la première est celle vaincue, par le biais de davantage de carabiniers, plus de 1.500 par année, plus 500 policiers nouveaux, mais à la fois, en me chargeant ce d'un autre phénomène qui est comment la délinquance se reproduit et par conséquent à travers prévention sociale, davantage de ressources pour que les garçons ne désertent pas les collèges, la lutte contre la consommation de drogues et l'emploi spécial pour les jeunes les plus vulnérables.

GU : À la personne qui est dans sa maison et qui vient de subir une agression, qu’est-ce que vous dites ?

MB : À ces personnes, une première chose… je vais faire un ministère de la sécurité publique qui va permettre de coordonner les réponses des policiers. Deuxièmement, nous allons avoir une unité spéciale d'appui qui puisse les accompagner dans toutes les démarches et pouvoir attaquer réellement la délinquance à la racine.

GU : Sebastián Piñera, à vous la parole!.

Sebastián Piñera (SP) : Bonne soirée. D'abord, le problème est réel et affecte la vie de millions de Chiliens et ce qui est certain c’est que nous perdons cette bataille par attentisme. De nos jours nous avons le double d'infractions que quand elle est entré dans ce gouvernement.  C’est le monde à l'envers. Les gens honnêtes n'ont ni justice ni tranquillité, les délinquants ni punition ni honte. Nous devons mettre en place le droit et pour cela deux mains sont nécessaires : une main ferme et une main accueillante avec une tête qui les coordonne avec intelligence. La main ferme : 12 mille carabiniers de plus et une justice qui fait de la justice, protège les innocents et punit les délinquants. La main accueillante, se rendre compte des causes de la pauvreté, de la délinquance qui sont la pauvreté, la drogue, l'alcool, la destruction de la famille, la désertion scolaire, le manque d'emploi.

SP : De nos jours nous avons des prisons pour 26 000 prisonniers et elles sont trop peuplées parce que nous accueillons 40 000 détenus.

GU : Comment pensez-vous résoudre ce problème ?

SP : Avec un plan de construction 10 nouvelles prisons, coûtant 280 millions de dollars et permettant d’accueillir 20 000 prisonniers de plus. Il y aura des prisons de haute sécurité pour que les prisonniers ne s'échappent pas, mais en même temps avec des possibilités de réadaptation et de travail pour que quand ils sortiront ils soient restitués à la société afin qu’ils ne soient pas transformés en délinquants professionnels.

GU : Quelle est votre position, Monsieur Lavín ?

Joaquin Lavín (JL) : J'ai ici le gilet pare-balles de Robert Araneda, avec un orifice, parce que ce gilet sur sa poitrine, l'autre jour lui a sauvé la vie quand une bande a assailli sa petite propriété à San Ramón. Pourquoi dis-je ceci ? Parce qu'il y a milliers de personnes dans ce cas, il y a ici trop de laisser-aller, jusqu'à quand les délinquants vont-ils se moquer de nous ? Répression enfin, je dis. Si Ricardo Lagos n'a pas été ferme face à la délinquance, je ne crois pas qu’il en serait autrement avec Michelle Bachelet, je ne crois pas. La concertation ne l'a pas déjà été, sur 16 années, ce qui a fait la monter la délinquance. Je me demande pourquoi on essaie de ridiculiser mes idées? Aux femmes du Chili, on préfère le violeur de Reñaca. Il faut emprisonner sur une île dans le sud d’où on ne peut s'échapper ou dans la prison de Valparaiso où même, là encore, un évadé pendant 15 jours a terrorisé une population complète.

GU : Quelles sont ces idées ?

JL : Des carabiniers, 5000 carabiniers revenus de leur retraite. 15 années en cas de récidive sans liberté provisoire et utilisation d’une prison dans une île pour les violeurs et les pédophiles. Pour ce qui est des homicides et des narcotrafiquants, jamais, jamais il ne faut être clément avec les narcotrafiquants comme on l’est depuis des années.

 

INÉGALITÉ SOCIALE

Constanza Sainte María (CS) : Parlons d'inégalité, le Chili est aujourd'hui parmi les 10 pays qui ont la pire répartition des richesses (voir part des 10% les plus pauvres part des 10% les plus riches en 2002), comparativement à des nations comme le Nigéria et le Zimbabwe. Tous nous disons que c'est une honte nationale, je veux savoir si vous entrez à la Moneda, quelles mesures prendriez-vous pour faire face à ce sujet,  qu'est-ce que cela va coûter et comment les financer?

MB : Il n'y a pas qu’une seule mesure, parce qu'il n'y a pas qu’un seul type d’inégalité. Les inégalités sont multiples, il y a une mesure concernant l'inégalité de la richesse et sans doute là il faut créer davantage d'emplois, donner davantage d'occasions aux femmes et aux jeunes qui sont les plus touchés par le chômage. Mais nous avons en outre d'autres inégalités dans le pays et nous ne devons jamais les oublier, ce sont les inégalités entre les régions et Santiago. Ce sont les différences de possibilités entre des hommes et des femmes, c'est l'inégalité des peuples autochtones de pouvoir avoir une participation plus intégrée dans notre société, et par conséquent, le plan d'égalité, c'est un plan beaucoup plus large que celui d'une seule mesure. Il implique aussi de soutenir les PME pour qu'elles puissent avoir davantage de possibilités de produire davantage d'emploi et de se développer. Il implique aussi de pouvoir avoir des pensions de retraite adéquates et dignes parce que la vieillesse aussi mérite d'être une vie digne et plus décente. Une vie moins inégale parce que les inégalités et les risques sont aussi distribués inégalement.

CS : Madame Bachelet vous allez devoir choisir des priorités, pendant seulement quatre années, je veux savoir quelle va être la première mesure, le 12 mars, combien va-t-elle coûter et comment sera-t-elle financée ?

MB : La première mesure que je vais prendre sera la réforme de la retraite, je vais élever les pensions minimales, à travers un rajustement extraordinaire et je vais en outre donner la pension d'aide comme un droit universel et cela va coûter approximativement 180 millions de dollars.

 CS : Comment pouvez-vous assurer le million d'emplois que vous promettez maintenant ?

JL : La mesure plus importante, Constanza, pour réduire l'inégalité est de donner du travail, mais je veux dire une chose. Se termine le gouvernement de Président Lagos, qui est félicité par les reines, les rois, les chefs d'entreprise… Même le président des chefs d'entreprise a dit « les chefs d'entreprise aiment le Président Lagos ». Qu'est-ce qu'est passé depuis cinq ans?, Ils sont les mêmes 600 000 suspendus au chômage et la délinquance qui a décru ? non, la délinquance a été doublé et l'inégalité sociale, tu as dit, quand tu es devenu président, que nous allions croître avec égalité, il ne sait pas que les évêques disent que sont scandaleuses les inégalités, elles ont augmenté, il se donnerait honte. Cela est la vérité, c'est pourquoi pour ce besoin un changement, un travail et une éducation de qualité sont les clés pour réduire l'inégalité sociale du Chili.

CS : Monsieur Lavín, mais nous pouvons être peu plus spécifiques, je vous ai demandé une mesure, celle que vous allez d'abord prendre, pour attaquer ce que vous dites combien cela va coûter et comment le financer ?

JL : La première chose, je travaille depuis mars de l'année 2006 sur un plan d'urgence pour  les 600000 suspendus, il va en coûter 30 millions de dollars et pour leur donner des travaux mars et avril, ils ont passé beaucoup de temps sans travail.

SP : La pauvreté et l'inégalité au Chili sont une blessure ouverte, sanglante, pénible, mais il existe des solutions. De nos jours, nous avons trois millions de Chiliens vivant sous le seuil de  pauvreté et cela est indigne et scandaleux pour un pays comme le Chili, qui a déjà 6.500 dollars de richesse par habitant. Pour mettre en échec la pauvreté et l'inégalité, cela requiert deux types d'instruments. Celui qui s’adresse aux causes, créer un million d'emplois pour que tout Chilien qui veuille travailler sache qu'il va trouver un travail digne et améliorer ses qualifications, mais aussi s’attaquer aux conséquences de la pauvreté, améliorer les pensions, parce que le Chili est un pays ingrat et cruel avec ses retraités, résoudre le déficit de logements. J’ajouterais que du point de vue politique, économique et moral il n'y a rien de plus important que d’en terminer avec la pauvreté dans le Chili, et dans mon gouvernement, qui est dans notre programme, nous allons la mettre en échec durant quatre années, cela coûte des milliards de dollars, et cela peut être fait et nous allons le faire.

 

POLITIQUE EXTÉRIEURE

 

SP : Pour créer un million d'emplois, ce que nous voulons, nous devons faire beaucoup de choses, augmenter l'investissement de 22%, quelque chose qu'a promis le gouvernement actuel et qu’il n’a pas accompli. Assouplir la législation du travail pour créer d'autres emplois, spécialement pour les femmes et les étudiants, créer définitivement un programme de soutien à la petite et moyenne entreprise qui est asphyxiée par les dettes et profiter des traités de libre commerce qui sont une occasion énorme pour le Chili.

TH : il me paraît anachronique que la droite qui est à l’origine du modèle économique au Chili, qui est un modèle pervers, pose le problème de l'équité, de la création d’emploi et de la modification du système de retraite alors qu’ils sont à l’origine des difficultés avec ce modèle. J’insiste aujourd’hui beaucoup, mais on ne peut pas résoudre l'inégalité du Chili, comme ne l'a pas pu résoudre la Concertation et la droite. Nous avons besoin d'un État actif, un État qui s'implique et qui garantit à ses gens des droits fondamentaux, le droit à la santé, le droit à l'éducation, le droit à un logement, le droit à un travail digne, le droit à une pension adéquate et à un environnement non contaminé. De nos jours ils ne sont pas garantis au Chili. Des mesures concrètes peuvent être entreprises, je vais baisser les impôts des petites entreprises et je vais augmenter ceux des grandes multinationales qui opèrent au Chili. Celle-ci divisent notre pays, regardez comment ces sociétés volent notre cuivre avec lequel nous pourrions résoudre les problèmes graves du Chili. Le cuivre doit être à nouveau pour les Chiliens, c’est la première mesure que je vais prendre le 11 mars.

CS : Monsieur Hirsch, nous parlons d’augmenter l'impôt minier, vous avez étudié l’impact  dans les investissements de notre pays et comment cela affecterait l'emploi ?

TH : En effet je l'ai très bien étudié, j'ai analysé les investissements, l'investissement étranger est la bienvenue pourvu qu’il paie des impôts, produise des emplois, soit soutenable du point de vue de l’environnement. Qu'il ne vienne pas nous agresser, qu’il soit comme une boulangerie à à laquelle le ils volent le pain, le blé et tout le reste, qu’ils viennent, mais qu’il paye des impôts comme nous payons tous les Chiliens, si non, ils ne me paraissent pas justifiables.

GU : Quels changements devrait-il y avoir dans les relations entre les Etats-Unis et le Chili et comment changerait ceci la situation du Chili devant les marchés globaux ?

SP : Bon, une petite réflexion. J'ai consacré ma vie à créer des emplois. Et de fait avec les entreprises auxquelles j’ai pris part, nous avons créé plus de 50 000 emplois. Une chose est de le dire et une autre chose est de le faire, là est la différence. En ce qui concerne la relation avec les Etats-Unis, le Chili doit chercher à consolider sa relation non seulement avec les Etats-Unis, mais aussi avec l'Europe, avec l'Asie et s’intégrer au monde qui se développe avec plénitude.

Avec les Etats-Unis, hâter le Traité de Libre Commerce des Amériques. Celui qu'a annoncé le Président Bush père. Une zone de libre commerce depuis l’Alaska jusqu'à la Terre De Feu. Pour que l’Amérique latine s'intègre dans ce marché commun. Pour maintenir additionnellement son autonomie et son indépendance. Le Chili est un pays souverain. Par exemple, je crois que le Chili a bien fait de ne pas aller à la guerre d’Iraq, parce qu'on ne donnait pas toutes les exigences, on n'avait pas épuisé toutes les solutions. Mais on ne doit jamais oublier que le Chili fait partie de l'Amérique latine. Cette Amérique est notre continent et devons améliorer nos relations avec nos voisins.

 

GU : Il convient pour le Chili d'entrer dans le secteur de libre commerce après l'expérience du Mercosur ?

 

SP : Le Mercosur a été un mal pour le Chili parce qu'il a été mal négocié et parce qu’après quelques semaines, le Brésil et l'Argentine sont entrés dans une crise économique, ils ont énormément dévalué et cela a nui à notre agriculture. En nous envahissant avec des produits subventionnés et de la concurrence déloyale.

Mais le Traité de Libre Commerce avec l'Europe et les Etats-Unis est une occasion énorme pour le Chili, de se transformer en un pays qui exporte des produits avec valeur ajoutée, des technologies, des réalisations chiliennes.

GU : Monsieur Hirsch quel est votre avis ?

TH : Ce que doit faire le Chili est de fortifier ses liens avec l’Amérique latine. Nous devons avancer dans l'intégration latino-américaine. Le sujet n'est pas les Etats-Unis. Le sujet est comment nous nous défendons contre les Etats-Unis. Comment nous nous défendons des bases qu'ils ont installé en Amérique latine ; comment nous nous défendons de ce terrorisme d'État qu'a appliqué le Président Bush, qui est franchement un danger pour l'humanité. Nous le voyons jour après jour. Nous devons voir comment nous nous intégrons. Cette intégration doit être une intégration économique, avec des traités de libre commerce dans la région, qui aident à ce que les petites entreprises produisent de la valeur ajoutée. Deuxièmement permettre le libre transit des personnes. De nos jours circulent les capitaux. Mais les personnes, les peuples, les cultures doivent s'intégrer. En troisième lieu, nous n’avons à réduire proportionnellement les budgets de guerre de la région et destiner ces ressources à la santé et à l’éducation. Intégration latino-américaine, c’est le but et le Chili doit devenir l'avant-garde dans cette direction.

GU : Est-il réaliste d’être opposé aux Etats-Unis ? Peut-on vivre au Chili sans relation avec les Etats-Unis ?

TH : Évidemment que non. Et le peuple Chilien et le peuple américain ont des liens très proches. Comme vient franchement de le dire le dernier prix Nobel de Littérature, les USA sont entre les mains d'un homme très dangereux pour la planète. Alors nous avons à fortifier les liens avec le peuple américain mais nous garder de ce terroriste qu’est Bush.

GU : Monsieur Lavín, quelle est votre position ?

JL : Le Chili vit dans un monde globalisé. Bien ou mal. Le bien, c’est le prix du cuivre. Jamais un Président ne va avoir autant d’argent que celui qu'il va être élu le 11 mars. C'est le moment de payer toutes les dettes sociales. Avec les pensionnés, avec tous les secteurs retardés de la société. Le pétrole est très cher. Dans mon gouvernement est arrivée l'heure de la classe moyenne. Je vais baisser l'impôt sur l’essence, progressivement, pour que l’essence arrive à 500 p. Les Etats-Unis je les laisserais là. Nous avons le Traité de Libre Commerce. Le point important est l'Amérique latine, l'Argentine. Nous avons besoin de davantage d'intégration. Cela n’a pas été accompli avec le gaz. Les coûts de nos industries ont augmenté, cela n’a pas été accompli avec le Mercosur. C’est le piège, on nous envoie des produits qui ne respectent pas notre code de prix. Et nous avons besoin d'une intégration dans le Chilien nord. Avec le Pérou, avec la Bolivie. Toutes les formes d'intégration avec la Bolivie. Cela est prioritaire pour Arica, pour Iquique, pour Antofagasta. Cela oui, avec la Bolivie, ne jamais céder ni un millimètre de notre souveraineté et ni de notre territoire.

GU : Que diriez-vous alors aux personnes qui sont opposées à la relation avec les Etats-Unis ? Qui se tournent vers les marchés du Pacifique ? La Chine, le Japon ?

JL : Je vous dirais que le Traité de Libre Commerce avec les Etats-Unis doit bien fonctionner. L'agriculture me préoccupe. On nous a donné des délais pour cela. Et dans le futur ce qui importe maintenant est l'Asie Pacifique et signer des Traités de libre Commerce de libre Commerce avec les deux plus grands marchés du monde : la Chine et l'Inde. Cà, c’est le futur. Que les PME prennent leur part de ces traités de libre commerce, ce qui n'arrive pas aujourd'hui.

GU : Madame Bachelet

MB : Bon. Notre pays a développé une forte relation avec les Etats-Unis dans le cadre commercial, avec la signature du Traité de libre Commerce, qui nous a ouvert un tas de possibilités et qui a permis que notre économie soit de se développer, par conséquent nous allons continuer dans cette voie. D'autre part avec les Etats-Unis nous convergeons dans une série de principes et valeurs, sur la défense de la démocratie, c'est vrai. Sur la question du droit international et d'une économie libre. Je crois qu'en ce sens, dans la mesure où chaque pays maintient son indépendance, son autonomie et le Chili l'a toujours fait et il l'a maintenu et nous l'avons maintenu quand dans le Conseil de la Sécurité, nous avons défendu la position du Chili contre la guerre de l'Iraq et ce au moment même où nous étions en train de discuter du traité de libre commerce. Le Chili a maintenu votre avis, et sans doute que nous maintiendrons la relation qui conviendra le mieux avec les Etats-Unis. Or, évidemment dans une politique extérieure, il y a d'autres priorités aussi, les relations actives avec l'Amérique latine, avec le nos pays voisins ; avec l'Asie Pacifique ; avec les « likemind countries », qui sont ces pays semblables aux nôtres dont nous pouvons apprendre beaucoup.

GU : Madame Bachelet comment entretiendrez-vous, par exemple, la relation du Chili avec le gouvernement du Président Hugo Chávez et les Etats-Unis?

MB : Première chose : le Président Chávez est un Président démocratiquement élu et il a été démocratiquement confirmé et réélu. Je crois que c'est une erreur de considérer que le Président Chávez est un danger pour l'Amérique latine. Ce qui est un danger pour l'Amérique latine est la pauvreté, l'inégalité, l'instabilité sociale, et le fait que beaucoup de peuples autochtones ne sont pas intégrés dans nos sociétés. Le Chili avec le Venezuela aura une relation qui correspond comme avec tout État, souverain, avec amitié avec dialogue, avec coopération, pour nous associer et résoudre tous les problèmes qui nous sont communs. Comme l'énergie, l'infrastructure, etc...

 

LES GRANDES ENTREPRISES

CS : Durant les dernières années, la propriété de beaucoup d'entreprises qui influencent la vie quotidienne des Chiliens s’est concentrée en peu de mains. Les exemples abondent : les AFP, les Isapres, les pharmacies. Je veux savoir si ce sujet vous préoccupe ?

 

JL : Constanza, ce sujet me préoccupe beaucoup, parce que quand il y aura une concentration économique, il y aura des prix plus hauts et cela est nuisible et on abuse du consommateur. Pour moi, il y a un point clef dans ce qui s’est passé. La Concertation a oublié les petites et moyennes entreprises. Quand j'ai dit avant que les chefs d'entreprise aimaient Ricardo Lagos, ce sont les grands chefs d'entreprise. Mais ceux qui ne l'aiment pas, sans aucun doute, sont les petites et moyennes entreprises. Ici il y a déséquilibre. Nous avons besoin de renégocier les dettes des PME; offrir des prêts externes, que la Banque de l'État soit à nouveau la banque des petites et moyennes entreprises, qui apporte des crédits externes à faibles taxes. Les grandes entreprises en s'endettant à New York, profitent des petites et moyennes entreprises. Pas de bureaucratie, les petites et moyennes entreprises produisent 8/10 des emplois au Chili. Alors il y a un vide. Les grandes entreprises prospèrent mais pas les petites. Une économie équilibrée requiert que les petites entreprises survivent comme les grandes.

CS : Monsieur Lavín, j’attire votre attention, d'abord que votre secteur, l'opposition, n'a rien promu en ce sens. Je veux savoir comment est contrôlé, comment règle-t-il aux grandes entreprises ?

 

JL : Fondamentalement, mettons en application la législation antitrust. On parle, par exemple, d’accords dans les isapres. Bon, voyons à ce qu'il n'y ait pas d'abus dans les isapres. Cela doit se faire dans un cadre institutionnel et n’oublions pas les petites et moyennes entreprises, parce que sinon nous allons inévitablement terminer dans un modèle de concentration économique.

 

CS : Michelle Bachelet.

 

MB : Je suis très préoccupée et ne suis pas préoccupée en théorie. Celui-ci n'est pas un problème qui surgit dans les livres. C'est un problème que nous voyons tous les jours. Il y a quelques semaines, je n'ai pas entendu Joaquin Lavín parler de ce respect, il y a justement eu une dénonciation du trésorier national économique dans des termes de collusion des isapres pour deux choses assez graves : ils ont d'abord baissé les bénéfices et ont ensuite monté artificiellement les prix. Il est évident que dans ce cas la concentration du pouvoir se termine en abus. Le commentaire de Joaquin attire mon attention parce que quand on examinera qui sont les responsables, on découvrira que ce sont les directeurs des isapres et les directeurs des AFP qui ont fait son programme de gouvernement. Cela m’amuse alors, de l'entendre dire qu'il est d'accord de contrôler et de fiscaliser plus et que la loi de libre concurrence fonctionne telle qu’elle existe. Il est indispensable de légiférer et de faire respecter la loi.

 

CS : Madame Bachelet, avez-vous une mesure spécifique pour pouvoir contrôler ceci ? On a parlé de créer une commission de la libre concurrence.

 

MB : J'ai effectivement avancé la nécessité de créer une instance qui puisse garantir que la libre concurrence fonctionne. Entre autres, que le trésorier national économique, choisi pour être le meilleur professionnel, ferme, autonome, et par conséquent, libre de tout intérêt, puisse garantir aux citoyens la défense de ses droits dans une société démocratique.

 

CS : Merci beaucoup. Tomas Hirsch.

 

TH : La concentration de la richesse au Chili et des entreprises est un scandale, une honte. Et franchement moi je déborde  en écoutant le candidat de la droite de nos jours, vitupérer la concentration. Quand ils ont créé le modèle, l’ont conçu de cette manière et quand ils sont restés avec des millions de dollars d'entreprises appartenant à tous les Chiliens pendant la dictature dont ils ont fait partie. Alors, comment cela est-il possible ? Et durant ces 15 années de la Concertation, ce que nous avons vu : ils continuent, offrant le pouvoir aux multinationales, aux AFP, aux isapres. Et qu’est-ce qu'il se passe dans le pays ? Dans tout le pays je me trouve avec de petits agriculteurs asphyxiés, avec les petits commerçants en faillite, qui n'ont pas de quoi exercer la moindre concurrence. Nous devons restituer à la Banque de l'État la capacité de s’orienter vers les chefs des petites entreprises et ne pas prêter de l'argent à un groupe économique pour qu'on achète une autre banque, la Banque du Chili, que protège ensuite le président de la république. Nous devons orienter tous nos efforts vers les travailleurs. Donner plus de droits aux travailleurs. De nos jours le droit est détenu par le capital et les travailleurs sont chaque jour qui passe sans moins de défenses.

 

CS : Monsieur Hirsch, nous vous avons écouté de nombreuses fois pendant ce soir parler de changer le modèle économique. Quel modèle proposez-vous ?

 

TH : Nous devons examiner le programme de gouvernement qui j'ai présenté au pays il y a quelques semaines. Ce programme dit clairement comment on résout les problèmes que nous avons dans le Chili. Dans le Chili nous avons des ressources naturelles, nous avons des travailleurs fantastiques, qui ont apporté le meilleur pendant toute leur vie au pays. Nous ne devons pas marcher droit et surveiller un autre côté. Regardons le Chili. Nous avons des régions avec des richesses, nous avons des gens volontaires, nous avons des idées créatives et j'ai un programme de gouvernement qui résout ce problème, parce qu'il met l'accent là où est la plus grande urgence : résoudre la pauvreté et l'inégalité qu'il y a dans le Chili.

 

CS : Sebastián Piñera a une minute pour répondre.

 

Bon, les deux points négatifs dont nous héritons de la Concertation sont les niveaux excessifs d'inégalité. Je pense aux trois millions de pauvres ; dans la classe moyenne, qui supportent l’économie; le paysan petit et moyen ; les pensionnés ; les femmes qui sont tellement discriminées. Le second point négatif est l'excès de concentration, dans les banques, dans les AFP et les isapres. Et ce problème nous ne pouvons continuer ni à l'ignorer ni à retarder son règlement. Pour cela il est nécessaire, d'abord, d'ouvrir les industries pour favoriser la concurrence. Avoir une commission anti-trusts qui fonctionne vraiment. Défendre les citoyens de la discrimination et des abus des entreprises privées et des entreprises publiques. Mais en outre, donner l'appui aux petites et moyennes entreprises pour sortir de l’impasse de la dette, permettre l'accès au crédit, à la technologie et aux marchés. Si nous ne mettons pas debout la petite entreprise, l'économie Chilienne ne va pas être mise en marche. Nous ne pourrons mettre en échec le chômage qui affecte des millions de Chiliens.

 

CS : Monsieur Piñera, vous êtes un grand chef d'entreprise. Vous avez été aussi sénateur, à savoir, vous avez pu proposer des lois. Comment résoudre tous ces maux que vous énumèrez ?

 

SP : Bon, je suis père de famille, je suis professeur universitaire, je suis chef d'entreprise, j’ai été sénateur. Quand j'ai été sénateur, de ce que je me suis le plus préoccupé : améliorer la concurrence dans l'activité économique, en ouvrant notre économie, en éliminant des barrières à l'entrée qui annihile la concurrence entre les entreprises. Tendre à la seule chose importante, à des produits de meilleure qualité pour les gens et de plus faible coût. Dans cette matière, nous avançons beaucoup, mais nous avons eu un recul grave durant les dernières cinq années en matière de concentration et dans mon gouvernement nous allons récupérer le temps perdu.

 

L'AMÉRIQUE LATINE

 

GU : Nous allons maintenant à la cinquième question et nous allons vous donner l'occasion de vous étendre un peu plus sur les sujets de politique extérieure. Quoi proposer pour avancer dans l'intégration avec d'autres pays de l'Amérique latine ? Nous aimerions savoir aussi à peine arriver à la présidence quelles seraient vos priorités ? Commence Monsieur Tomas Hirsch.

TH : Le Chili a la grande occasion d'être à l’avant-garde dans l'intégration latino-americaine. De nos jours aucun pays ne peut résoudre seul les problèmes. Nous devons les résoudre unis, avec le reste des pays de la région. De nos jours, fortifier les régions c'est la meilleure défense que nous pouvons avoir face à cette globalisation tellement asphyxiante que nous vivons tous les jours. Qu'est-ce que signifie s’intégrer à la région ? Comme je l'expliquais avant, ce sont d’abord les traités de libre commerce. Le gouvernement a trop surveillé le Japon, la Corée, les Etats-Unis, l'Europe… C’est bien, il faut aussi avancer dans une autre direction, ne pas mettre en suspens l'Amérique latine, intégration économique comme vous disiez avant, cela signifie que les petites entreprises soient liées, produisent de la valeur ajoutée, développe leur productivité. Deuxièmement une intégration qui nous permet à tous de baisser les dépenses militaires pourquoi est-ce important ? Parce que nous avons une autre guerre, nous avons une guerre contre la pauvreté et en troisième lieu nous avons des problèmes avec les peuples originaires dans tous les pays du monde, une tâche en suspens avec les peuples originaires, que tous nous devons résoudre.

GU : Monsieur Hirsch, à quel pays donneriez-vous la priorité ?

TH : D'abord j'évalue avec attention l'initiative qu'a prise le Venezuela avec la révolution bolivarienne, cela me paraît très intéressant, Telesur, Petrocaribe, Petrosur, sont des initiatives qui fortifient réellement la région. Clairement avec l'Argentine, le Pérou et la Bolivie, nous avons à fortifier notre relation et avancer beaucoup plus en intégration territoriale, économique, culturelle et sociale.

GU : Monsieur Piñera, Qu'est-ce que vous proposez ?

SP : Bon. Continuons d'abord avec notre intégration avec le monde, nous avons déjà l'Europe, les Etats-Unis, la Corée, le Japon, la Chine et l'Inde. C’est important et ceci se traduit par de meilleurs emplois, de meilleurs salaires et meilleures recettes pour le fisc, pour pouvoir dépenser plus en santé, en éducation, dans la lutte contre la délinquance, mais nous devons aussi surveiller avec une plus grande attention l'Amérique latine. Nous avons négligé nos pays voisins, le Pérou et la Bolivie. Nous avons un agenda du passé qui nous divise, mais aussi nous avons un agenda pour le futur qui nous unit. Une plus grande intégration économique, une utilisation conjointe des ressources minérales et hydriques, une intégration énergétique, une intégration culturelle et touristique, cela nous va lier plus avec les voisins et avec l'Amérique latine. Avec l'Argentine nous avons aussi un grand potentiel, à faire fructifier. Le Chili été très faible pour défendre ses intérêts qui ont été rompus avec le traité du gaz que l'Argentine n'a pas regrettablement accompli. Malgré tout, nous devons approfondir les relations avec nos pays voisins parce qu'aussi, le Chili veut vivre en paix.

GU : Comment résoudre le problème de la sortie à la mer avec la Bolivie?

SP : D'abord, en leur donnant toutes les facilités portuaires nécessaires pour que leur commerce extérieur coule de manière naturelle, deuxièmement en cherchant une plus grande intégration économique. Nous venons énergétiquement d'arriver à un accord avec la Bolivie d'un traité de libre commerce, en profitant des ressources partagées, mais en cédant un peu de souveraineté parce que le Chili est respectueux des traités internationaux. Avec la Bolivie, nous n'avons pas de problèmes limites en suspens bien qu’ils n'aient pas tous été résolus dans le traité Paix et Amitié de l'année 1904.

GU : Madame Michelle Bachelet

MB : La première chose est que nous avons déjà fait des pas dans cette direction, nous ne partons pas de zéro. Nous avons consolidé et avons travaillé dans ce qui est appelée la Communauté sud-américaine des Nations et le Chili a là posé une série de propositions. Avec les pays voisins nous avons différents niveaux, disons, de taxes tarifaires et de modèles économiques différents qui font que nous n'obtenons pas souvent des résultats concrets au niveau commercial ou douanier. Par conséquent pour progresser, il est fondamental d'avancer avec davantage de rapidité dans les secteurs suivants : l’infrastructure, qui est le développement des conduits gazifières ; ce qui est relatif à la voie publique,  les tunnels qui permettent que par le biais du Chili par exemple que passe tout ce qui va au Brésil vers l'Asie Pacifique, ou le Pérou, la Bolivie. Ce réseau énergétique va réellement permettre que tous les pays de l'Amérique latine disposent d'énergie en quantité suffisante. Faire face à des pandémies comme par exemple la grippe aviaire, en nous reliant et en prenant des accords et des initiatives.

GU : Madame Bachelet, comment exiger de l'Argentine qu’elle satisfasse l'accord du gaz et comment résoudre le manque de gaz au Chili ?

MB : La première chose est que nous avons travaillé avec l'Argentine, sur la base du dialogue, à la coopération. Nous avons une alliance stratégique avec eux qui va plus loin que le sujet du gaz et par conséquent nôtre première priorité a été d'avancer au maximum à propos du gaz en accord avec les quantités qu'ils ont. Comment obtenir ceci ? En diversifiant les sources, en diversifiant les pays fournisseurs et les autres types d'énergie. Clairement ce réseau énergétique sur lequel nous travaillons avec les pays de l'Amérique du Sud va être un apport fondamental.

GU : Monsieur Lavín, quelle est votre position et à quel pays donneriez-elle la priorité ?

JL : Il y a d’abord une chose qu’adit Michelle que je ne veux pas laisser passer, tu as dit Michelle que mon programme était fait par les grands chefs d'entreprise, je vous veux dire d'abord que ceci n'est pas ainsi, deuxièmement les grands chefs d'entreprise sont heureux avec Ricardo Lagos. Ils ont gagné plus d'argent que jamais… Je parle ici pour les plus pauvres, pour la classe moyenne. J'ai été hier avec un retraité, 38 000 pesos d'aide, il paye une location de 30 000, il reste 8000 pour manger. Pour ces personnes, à cause des logements en mauvais état, c'est pourquoi je suis ici, pour les plus pauvres, la classe moyenne. Disons les choses comme elles sont, mes priorités en politique extérieure : l'Argentine, le Pérou et la Bolivie. Pourquoi ? parce qu'on a besoin de travail, d’emploi pour le Chili. Le grand problème du Chili est le chômage. Les subventions ne doivent pas monter pas avec les salaires dans ce pays. Je le dis, si demain vous demandez une augmentation de salaire à votre chef, qu'est-ce que va dire le chef ?  Il va vous dire que non, parce que vous savez qu'il y a une file de 100 personnes disposées à faire ce travail pour moins d'argent. Baissons les subventions, que le chômage diminue et que l'intégration avec l'extérieur signifie davantage d'emplois et non davantage de destructions d'emplois.

GU : À quel pays allez-vous donner la priorité ?

JL : À l'Argentine, la relation avec l'Argentine, dans le gaz et dans l'agriculture. De nos jours, l'Argentine ne provoque plus de chômage dans notre agriculture.

 

 

CROYANCES PERSONNELLES

CS : Je veux les relier avec votre côté plus sentimental peut-être. Régir signifie faire face et résoudre des problèmes très complexes. Je veux savoir d'où vous tirez vos forces quand vous devrez faire face à un moment compliqué, la maladie d’un être cher, ou prendre peut-être une décision limite ?

SP : J'ai eu beaucoup de situations difficiles dans ma vie et j’ai trouvé toujours cet appui, cette orientation, cette aide spirituelle dans ma famille. Quand j'ai des problèmes très difficiles, en plus de converser avec ma femme et avec mes fils, je me demande toujours ce que me dirait mon père, ma mère. En outre je suis chrétien, je crois en Dieu et là aussi je trouve une orientation, une aide dans les moments les plus difficiles, mais à la fin il faut prendre des décisions et cela requiert des intentions non seulement bonnes, des capacités aussi. La révolte pour être capable de prendre des décisions qui ne sont pas toujours faciles. Le Chili va faire face à beaucoup de difficultés dans le futur et demande un Président qui a cette direction, cette capacité et cette volonté pour prendre la décision correcte même si cela peut parfois être dur et difficile. Je témoigne que je me suis préparé toute ma vie à exercer cette fonction.

CS : Monsieur Piñera, pouvez-vous donner un exemple d'une certaine décision comme celle dont vous parlez, où vous avez du appliquer cette énergie dans une situation limite dans votre vie politique ?

SP : Par exemple, il y a quatre mois, quand j’ai du prendre une décision, assumer ou ne pas assumer cette candidature présidentielle, il avait deux options : me consacrer à vivre ma vie simplement ou essayer de changer la vie des autres. J’en ai parlé avec ma femme, j’en ai parlé avec mes fils. Je me suis rappelé mon père, et j’ai pris la décision qui s’imposait. Je suis très heureux d'être ici pour changer la vie de millions et de millions de Chiliens qui ont besoin d'une aide, qui sont pauvres, la classe moyenne, les femmes, ce qui sont en difficulté et tant de gens plus qui de nos jours souffrent dans notre pays.

CS : Joaquin Lavín à vous maintenant.

JL : A ma famille, mes proches, à mes fils et très spécialement à Dieu, je suis une personne de foi, j’ai des valeurs chrétiennes, plus encore, je vais insister sur les valeurs chrétiennes dans cette société, les valeurs de la famille. Je témoigne que beaucoup de problèmes au Chili, la drogue, les grossesses des adolescentes, la violence intra-familiale sont la résultante d’un manque, d’une absence de valeurs chrétiennes. Ils auront un Président qui toujours prendra sa décision devant Dieu et en pensant à lui, et en outre un Président qui ne se trompera pas. Avec moi, il ne va pas y avoir d’avortement, mais je vais ici parler comme le pape, et je crois que les papas vont comprendre, que je fais référence à la campagne du SIDA, quand cette jeune fille portant un uniforme scolaire apparaissait avec un préservatif. Je suis le père de filles en âge scolaire et je ne m'aimerais pas, je ne m'aimerais pas que mes filles aillent à l’école avec un préservatif dans le sac à dos. Je ne veux pas cette société, je ne veux pas de ce Chili.

CS : Monsieur Lavín, nous avons entendu parler de Dieu, de votre foi, Qu'est-ce que se produira quand vos principes religieux se heurteront avec la volonté d'une majorité en étant Président ?

JL : Il ne va pas y avoir ce problème, Constanza, d'abord parce que je suis chrétien et le chrétien est essentiellement respectueux, respectueux et tolérant. J'ai exprimé clairement ma façon de pratiquer la foi, j'appartiens à un mouvement, qui parfois je le dis, parce que les gens tendent à le réduire. C’est ma façon particulière d'arriver à Dieu, beaucoup de gens, spécialement le peuple évangélique, parce qu'il se aussi sent discriminé au Chili, il n'y a pas de problème, je sais très bien ce qui est de prendre des décisions comme Président et je vais être le Président de tous, pour ceux qui ont la foi et pour ceux qui ne l’ont pas.

 TH : Vers l’âge de 15 ans, comme nombre d’entre vous, j’ai commencé à sentir une indignation montée en moi, en voyant tant d'injustices et tant de violences autour de moi et je voulais changer le monde. Je voulais changer le Chili, comme nombre d’entre vous. Mon me disait déjà « cela va passer », mais cela n’est pas passé, comme à nombre d’entre vous. Je crois que nous sommes nombreux qui nous indignons devant la souffrance des autres. Quand je parcourrais le Chili, quand j’étais en Calama et voyais ces femmes vivant près de l’usine de traitements des eaux usées. En Arica, j’ai vu les enfants contaminés par le plomb. En Iquique et en Antofagasta, j’ai vu les eaux contaminées par l’arsenic. Quand je vois, dans le bassin du charbon, comment souffrent ces gens qui ont tant donné pour le pays, quand je vois la pension de San Antonio, je suis touché, et cela donne un sens à ma vie, comme à nombre d’entre vous. Aider les autres, je crois que cela est le plus précieux, que c’est la vie. Ce que nous pouvons faire pour que ce monde soit un peu meilleur que quand nous sommes arrivés. C'est pourquoi, en son temps, j'ai aidé à construire la démocratie au Chili, c'est pourquoi en son temps j’ai aidé à former la Concertation et c'est pourquoi je me suis aussi retiré quand ce projet a perdu ce qu'était sa véritable essence sociale et elle s'est transformée en une véritable société anonyme.

CS : Une question un peu plus personnelle, je m'aimerais savoir dans votre for intérieur, où prenez-vous vos forces pour prendre les décisions qu'en son temps vous allez devoir prendre, si vous arrivez à la Présidence ?

TH : Je regarde ce que j’ai construis, ce qui me reste à construire dans ma vie, avec les gens qui mes sont proches, ce sentiment profond qui me relie au sacré, et le sacré je le devine en regardant les autres, mes amis, les gens avec lesquels nous allons avancer dans une construction de la vie et de ce monde, avec humanisme, avec le gens qui de nos jours sont prêts à partager ce projet de pouvoir. En réalité, je témoigne qu'avec cette solidarité, nous allons aller de l’avant.

CS : C'est le tour maintenant de Michelle Bachelet.

MB : Je dirais que le plus important dans ma vie a été ce que ma famille, mes pères m'ont appris. Ce qu'ils m'ont appris a été d'une part le sens que nous n’étions pas uniques, que nous faisions partie d'une Communauté, qui, elle-même,faisait partie d'un pays.  Non seulement nous avions une action individuelle à accomplir, mais aussi une tâche d'amélioration de la vie, et en ce sens je la nommerais justice. Cette valeur m'a toujours portée vers l'avant, la responsabilité, le devoir, mais aussi avec une autre caractéristique, l'audace, l'audace réfléchie, l'audace dans le sens d'oser penser que nous sommes des êtres humains capables de faire davantage de choses. Je dirais que le compromis avec les choses qu'il nous faut faire, avec l'honnêteté envers soi-même, et d'autre part, ce qui me donne la force est la confiance que les gens ont placée en moi, et cela me fait me sentir qui je ne peux pas leur mentir et par conséquent si je suis Presidente, je ne vais pas les tromper.

CS : Madame Bachelet, pouvez-vous donner un exemple dans lequel vous avez dû prendre une décision clef sous pression dans votre vie politique ?

MB : Je vais donner un exemple, mais je ne vais pas entrer dans le détail, vous allez comprendre pourquoi. Comme ministre de Défense j'ai dû prendre plusieurs décisions extraordinairement dures et fermes, et je les ai toujours prises en pensant à l'intérêt du pays, en pensant comment effectivement cette décision pouvait réellement bénéficier à la plus grande majorité, parce que je veux être la Presidente de toutes et de tous les Chiliens.

 

SYSTÈME DE PENSIONS

CS : Je vais vous demander de parler de la grande réforme qui a été annoncée par toutes les parties prenantes du système des Fonds de Pensions. La moitié des Chiliens qui sont aujourd'hui affiliés aux AFP n'ont pas payé le dernier mois en cours. Nous parlons de plus de trois millions de personnes. Ceci dénote une tendance forte et qui signifie que des millions de Chiliens n'ont pas l'argent pour payer la cotisation. Concrètement, quel projet de loi va-t-on envoyer au Congrès pour corriger cette erreur du système de pensions? Joaquin Lavín répond d'abord.

JL : Le système d'AFP de nos jours est appliqué dans d'autres pays du monde. Mais il requiert évidemment de grandes améliorations. La première chose. Il y a beaucoup de gens qui ne cotisent pas. Les travailleurs indépendants. Il faut leur donner un stimulant. Que quand ils mettront de l'argent dans le compte, l'État en mette une autre partie. La femme qui travaille de manière saisonnière. De nos jours elle n’atteint pas le montant nécessaire à son jubilé parce qu'elle ne cotise que quelques mois durant l'année. Donnons la possibilité d’une pension progressive. Que notre argent serve. La retraite pour les femmes au foyer. Je l'ai mentionné dans mon programme de gouvernement, cela peut être fait. C'est absolument clef aussi et, non seulement parlons des pensions à travers le système des AFP. Parlons aussi des centaines de milliers de pensionnés de l'ancien système. Ces personnes reçoivent de nos jours des pensions misérables. Il faut les rajuster. Il faut donner une pension d'aide à tous ceux qui la requièrent. La pension d'aide pour la femme qui n'a pas 65 ans. Qui est dans les 60. Les caisses de secours. … Quand une personne devient veuve par exemple, baisse de moitié la pension que recevait le mari. Qu’on donne la pension complète. Il y a beaucoup de changements à faire.

CS : Monsieur Lavín, vous parliez de la retraite des femmes au foyer. Si de nos jours, il n’est pas toujours possible que ceux qui travaillent,  ou pour ceux qui sont affiliés, d’assurer une pension digne. Comment alors allons-nous en outre promettre aux femmes au foyer quoi que ce soit?

JL : La femme au foyer peut avoir une retraite. Je vous donne raison sur une chose. La grande discrimination de nos jours contre la femme au foyer, nous n'avons pas parlé du sujet de la femme. C’est la clé. Les femmes peuvent avoir une retraite. Avec l’aide de l'État, et avec l’aide de la négociation collective elle-même. Par exemple les syndicats peuvent négocier que l'entreprise dépose de l'argent sur le compte des conjoints des travailleurs. Choses de ce type.

CS : C'est le tour maintenant de Michelle Bachelet.

MB : Le système de pension est en crise, l’année 2030, si nous ne le réformons pas. Un sur deux Chiliens ne va pas avoir droit à la pension. Ce système a été initié sous certaines hypothèses qui n'ont pas été accomplies. Les gens ne cotisent pas. S'ils cotisent, ils ont des salaires tellement faibles que vous n'obtenez pas assez pour rassembler les fonds suffisants pour avoir même la pension minimale. Je vais envoyer dans le second semestre de mon prochain gouvernement, un projet de loi qui propose, d'une part, un grand pilier solidaire que sera, pour les femmes et les hommes qui travaillent, et qui n'ont pas droit à la pension. Deuxièmement. Maintenir le cours individuel, puisque les Chiliens vivrons davantage d'années, et l'État n'est seulement pas capable de le résoudre par lui-même. Troisièmement, éliminer la discrimination de la femme. De nos jours les femmes, à fonds égal, ont des pensions beaucoup plus faibles, parce que nous vivons plus longtemps. Ceci ne peut pas continuer dans notre pays. Les femmes et les hommes doivent avoir une pension égale.

 CS : Proposez-vous, Madame Bachelet, que les hommes subventionnent les femmes ?

MB : Ce que je propose est que toute la société s’en charge dont les adultes dont les besoins de pensions sont les plus grands. Hommes et femmes, sans doute. Mais je profite aussi de dire un autre point qui non indiquer. Il est que… et il doit voir avec une question que vous avez fait avant. Nous devons garantir réellement une libre concurrence dans les AFP et éliminer cette concentration énorme du pouvoir qui implique des abus et des petits bénéfices et des faibles pensions pour les Chiliens.

CS : Tomas Hirsch répond.

TH : Saviez-vous que les AFP sont mauvaises. Pour qui travaillons-nous et cotisons-nous ? Les propriétaires des AFP, seulement l'année passée ont gagné, devinez combien ? 112 milliards de pesos. 112 milliards de pesos. D’où les ont-ils gagnés ? De votre argent, de vous, de vous, de vous, de vous qui êtes à la Pointe des Sables, celui d'Arica. Chacunde vous a donné de l’argent pour qu'ils deviennent plus riches. Qu'est-ce qu'est passé avec votre pension ? Elle a baissé, elle a baissé et a continué à baisser. Et elle va continuer à baisser, j’en témoigne. Ce modèle est créé pour qu'ils s’enrichissent chaque jour. Nous devons ensemble prendre une décision. Nous devons prendre une décision. L'État doit s’en charger à nouveau. L'État doit être responsable de ces gens. Il ne peut pas les abandonner. L'État doit répondre. La tendance doit à nouveau pencher vers la solidarité. Entre État, entre employeur, on ne fait pas ce qui devrait être fait ; et c’est le travailleur qui de nos jours fait tout l'effort. Seulement de cette manière, nous pouvons faire un programme de pension solide. Pour certain il faut limiter les commissions. La commission que perçoit de nos jours l'AFP, est inacceptable. C'est un abus. C'est un vol.

CS : Monsieur Hirsch. Vous avez proposé de retourner au système étatique. Il existait avant et il ne fonctionnait pas.

TH : Je ne propose pas de retourner au système étatique. Il paraît qu'il est fondamental que les travailleurs administrent les fonds. On parle ici tant de propriété privée. On parle tant de liberté. Mais la seule chose ce qu'ont les travailleurs, ont si peu d'économies, et ils ne peuvent pas l'administrer. Pourquoi non ? Si ce sont leurs droits. Je propose que les travailleurs administrent les fonds, aient des représentants dans le système prévisionnel, et évidemment l’État et les employeurs doivent être solidaires et apporter à l’ensemble, parce que les adultes plus âgés méritent des pensions adéquates.

CS : C'est le tour maintenant de Sebastián Piñera

SP : Bon sans doute, nous allons vers une crise prévisionnelle à laquelle il faut faire face maintenant et avec énergie. Nous ne pouvons pas être encore ce pays ingrat avec nos aînés, nous les avons abandonnés dans la pauvreté, dans la maladie, et souvent, la solitude. Et pour cela nous allons devoir améliorer la pension minimale parce qu'ils sont misérables. 38 000 pesos. Qui peut vivre avec cela ? 78 000 pesos. Améliorer en outre les salaires et créer davantage d'emplois parce qu'il y aura ainsi de meilleures pensions. Incorporer les travailleurs indépendants, en leur donnant la même franchise qu'ont aujourd'hui les employés. Et la retraite de la femme au foyer. Michelle croit que ce n'est pas possible. Je veux dire à Michelle que c’est parfaitement possible. La femme au foyer accomplit un rôle fondamental. S’occuper de la famille, éduquer  et former les enfants. C’est un travail tellement sacrifié et tellement dévoué, sans horaire, sans repos, personne ne lui reconnaît rien. Nous allons donner une retraite à la femme au foyer. 120 millions de dollars par an. L'État a de nos jours un excédent de 3 milliards et les femmes au foyer le méritent.

CS : Monsieur Piñera, êtes-vous disposé aussi à assouplir la pension pour les jeunes et les femmes, et que chargerait une partie l'État avec ?

SP : Définitivement. La retraite de la femme au foyer va être financée avec des apports de son mari, de ses fils, dans les cas habituels, et avec des apports de l'État dans les cas d'une plus grande pauvreté. Mais il est aussi fondamental de baisser les coûts des AFP. De nos jours, par chaque pesos qu'un travailleur met dans son compte courant, il paye 20 centimes dans des commissions. Manque de concurrence. Trop grande concentration de l'industrie. Nous avons besoin en outre d'ouvrir des opportunités d'investissement des AFP, d'améliorer leur rentabilité.

 

MESSAGE FINAL

 

TH : Amis et amis de tout le Chili, j’ai la voix rauque de tant de campagnes. Je suis convaincu que nous pouvons construire un pays meilleur. Que nous pouvons construire un pays plus juste, plus démocratique, avec un plus grand respect pour tous. Un pays où chacun peut avoir un travail digne, avec un salaire juste et avec une pension de retraite en adéquation avec à ce qu'il a apporté au pays pendant tant d'années. Je suis convaincu que nous pouvons combiner le développement, l’industrialisation, avec une véritable protection de l'environnement pour garantir un beau pays à nos enfants. Je regarde le futur, mais pense aussi au meilleur de notre passé. Évidemment je représente ici aussi la lutte, la conviction, la cohérence de Gladys Marin. J’hérite ce qu'a été, au-delà du compromis le gouvernement de Salvator. Je rassemble la poésie, l'espoir et les rêves de Pablo Neruda. Nous pouvons construire un meilleur pays pour tous. Ensemble, nous pouvons le faire.

MB : Souvent les gens sont surpris parce que je ne suis pas une candidate traditionnelle. Je ne suis pas de ces personnes qui parcourent le Chili, en présentant des solutions ou des compromis qu'ensuite elles ne seront pas en mesure d’accomplir et c'est pourquoi j’ai été très sérieuse et très peu démagogique, et j’ai indiqué quelles choses je pensais pouvoir réaliser et quelles choses ne pouvaient pas être faites. Peut-être parce que je suis médecin, j'ai un regard différent, une manière différente d’aborder et de faire les choses. Je crois que ceux qui sont élus par le vote populaire, se doivent à chacune des femmes et des hommes du Chili. Mais c’est regrettable, cela ne se produit pas toujours. Je veux représenter ceux qui n'ont pas de voix, qui ne peuvent pas donner leur avis grâce à la télévision, à la radio, dans les journaux. À ceux que ne peuvent pas s’offrir de grands avocats, à ceux qui ne sont pas représentés au gouvernement, au Parlement, dans les partis de pouvoir, mais aussi à ceux qui font des efforts, qui veulent avoir un logement décent, qui veulent avoir une carrière universitaire, qui veulent entreprendre quelque chose d’innovant, à ceux qui veulent vivre mieux et progresser. Pour cela, je veux obtenir votre soutien, merci beaucoup.

 

SP : Je suis fils d'un fonctionnaire public et d'une femme au foyer. Mes parents nous ont laissé des valeurs solides, une bonne éducation, rien de matériel. Nous nous marions très jeunes avec Cécilia et, tout comme beaucoup d’entre vous, nous vivons l'aventure de la vie, les premiers pas de nos fils. En 88, j'étais convaincue que le Chili avait besoin d'un grand saut vers la liberté et vers la démocratie. Je suis maintenant convaincu que le Chili a besoin d'un autre grand saut vers un plus grand développement et vers une plus grande justice sociale. Les problèmes du chômage, de la délinquance, de la mauvaise santé et de la mauvaise éducation sont là et la Concertation n'a pas été là capable de les résoudre. Je pense que je me suis préparé toute ma vie, comme homme de famille, professeur, chef d'entreprise et sénateur pour faire face à ce défi. Je vous demande votre soutien et l'occasion pour qu'avec l'aide de Dieu, nous créons un pays plus libre, plus juste, plus prospère, plus heureux, plus humain, plus affectueux, avec davantage de culture, avec davantage de sport.

 

JL : Il y a six ans j'ai été sur le point de gagner l'élection présidentielle. J'ai continué dans le service public, contre toute l'adversité, parce qu’on me critique partout,  pourquoi je fais ceci et  pourquoi je ne fais pas cela. Mais on ne va pas me faire taire. On ne va pas me faire taire parce que durant ces six années, le changement social, le vrai changement dans la vie des gens n'est pas arrivé. Le double de délinquance, une même pension, davantage d'inégalités sociales. Je suis convaincu que je peux faire ce changement dans la vie des Chiliens, leur donner des ailes, offrir des opportunités à chacun, mettre les plus pauvres et la classe moyenne dans un vrai ascenseur social. Mon compromis : il n’y aura pas de président du Chili avec une attitude aussi ferme que la mienne face à la délinquance. il n’y aura pas de président du Chili qui puisse donner plus de travail aux gens. La seule chose ce que je demande aux Chiliens le 11 décembre est une occasion unique de voir dans un second tour face à Michelle Bachelet, Joaquim Lavín. Dieu nous va aider, nous allons y aller. Eux, je ne vais pas les tromper.

Traduction : creduleetgoucho@gauchetotalitaire.net