LES CONTES DE GRAND-PERE "Papi, raconte nous une histoire" -"Hé bien mes enfants, que voulez-vous savoir?" -"Grand-père, tu nous raconte le jour où la terre se revolta?" "Très bien mes enfants, ouvrez grands vos oreilles : Cette histoire se passe en un temps pas si lointain, en un lieu qui pourrait etre ici, ou ailleurs. Le monde d'alors était régi par les humains. Nés de la roche, emplis de l'esprit du feu, il leur avait été donné le pouvoir de créer, et depuis l'Homme se prenait pour un dieu. Et peut-etre l'était-il? La créativité naissait surtout dans l'art de faire souffrir. Les simples lances de bois étaient devenues des flèches d'aciers, elles-même remplacées par des balles de pistolet. Les flingues se développaient, toujours plus meurtrier, et bientôt se furent les bombes qui furent créées. La guerre, sous toute ses formes, emplissait les esprits des hommes. Certains guerroyaient pour le pouvoir, d'autre pour des idées, certains se battaient pour de l'argent, d'autre affrontaient le temps, et souvent les Hommes s'affrontaient entre eux. Omnipotent? non, et pourtant il se considérait comme tel. S'amusant à écraser les autres sous sa botte, se déléctant de la peur et de la destruction qu'il infligeait, comme un gamin qui se lasse de ses jouets, et les détruit parce qu'ils ne sont plus bon qu'à ça, l'Homme se détruisait. Les animaux surtout le craignaient, ils ne comprenaient pas cette étrange créature qui ne va que sur deux pattes, ils ne comprenaient pas cette étrange envie de casser, détruire, anihiler. Même les plus féroces prédateurs se tourmentaient ; pour eux, il est normal de chasser, il faut assouvir la faim. Mais quelle drole de faim peut bien pousser un animal à détruire gratuitement? A casser, par plaisir? A écraser, bruler, terrasser? A s'auto-detruire? Quel fou accepterait de se couper la gorge avec une tronçonneuse? Et pourtant, l'Homme ne reconnaissait qu'une seule loi, qu'une seule force, viscérale, artificielle, totalement superficielle et qui pourtant dévorait les entrailles. L'argent, le fric, le pognon, le blé, la thune, le pèze, les sous, l'oseille, le grisbi, les billets verts, les pieces dorées, la monnaie...et tant d'autre mots encore pour désigner un futile, si inutile, mais tellement présent sentiment. La cupidité, cette force nocive entre toutes, en effet rongeait le coeur des Hommes, vidait leurs esprits. Toujours plus! Il en faut toujours plus! Jamais assez! Quel orgueil que de vouloir tout posséder! Car hélas, mes enfants, c'est la triste vérité, l'Homme ne savait partager. Et comme un tyran il regnait sur le monde, sur les animaux, et même sur les plantes. Il construisait des villes de béton et d'acier, fruits de la terre, pour s'abbriter, et répandait dans l'air des fumées pestillentielles et nauséabondes qui faisaient fuir les oiseaux. Il rasait les forêt, il inventa la chasse pour le plaisir de chasser, ne dévorant même pas les proies qu'il abattait. Il voulait tout, et obtint tout. La terre, gémissait sous les coups des Hommes, mais peu leur importait. Certains parmis eux disaient "dieu ne nous écoutes pas", ce à quoi mes aïeuls répondaient "ce n'est pas Dieu qui ne t'écoute pas, mais toi qui ne sait pas te faire entendre", c'était il y a bien des lustres. Et pour oser les contredires, mes aïeuls furent chassés, domestiqués, soumis. Et ceux qui ne se soummettaient, étaient traqués, chassés, abbatus sans sommations. Les Hommes ont peur de la vérité. Et les Hommes continuaient de dévaster le monde, sans se soucier un seul instant des gémissements de la terre, leur mère. Il allait de part le monde, en conquérant. Ce qui ne lui plaisait pas il l'éliminait, ce dont il avait peur, il le détruisait, car les Hommes, comme tous les animaux, n'aiment pas avoir peur. Ils ont peur de ce qu'ils ne comprennent pas, et si nous nous faisons face et essayons de comprendre pour ne plus avoir peur, l'Homme, lui, détruisait systématiquement la source de cette peur. Moins gênant, moins fatiguant, et ô combien plus réconfortant pour son orgueil de dominateur. Ils apportèrent le déséquilibre, et créerent un point de rupture. Plusieurs millénaires passèrent depuis la naissance de l'Homme. Au début, ce n'etait qu'un singe un peu plus intelligent, mais à la fin c'était devenu un virus qui parasitait toute forme de vie sur Terre, et même au-delà. Et peu importait aux Hommes, sourds, aveugles, au cris et aux pleurs de leur mère, de leurs frères, leurs soeurs ou leurs enfants. Car l'homme était égoïste, orgueilleux, égotiste et même égocentrique. "Le monde c'est moi!" proclamait-il, oubliant dans sa folie les bras qui le bercaient. L'Homme voulait tout, il obtint tout. Peu à peu, de vilaines cicatrices barrèrent la face de la Terre, les forêts disparurent presque, de grands maux parcouraient son visage, comme un avertissement avant sa colère. Mais les Hommes ne tinrent pas comptes, et continueaient de plus belle leurs stupidités, attiré par le miroir sans tein de l'argent. Alors la terre commença à vibrer. Des ras-de-marée se ruèrent sur les côtes où les Hommes s'établissaient, des seismes grondèrent dans les montagnes où les Hommes vivaient, des ouragans et des tornades sévirent dans les plaines où les Hommes se réunissaient. La Terre se vengeait. Mais les Hommes se souciaient peu de ces manifestations. ils était si nombreux, c'etait si loin de chez eux, à quoi bon y penser, ça finira par passer. Mais au lieu de passer, ça ne fit que s'envenimer. Et la terre bientôt hurla sur ces enfants ingrats, et la terre bientôt se cabra et vomi sur ces fils, elle les renia. Des soubressauts annoncèrent l'évenement, mais comme d'habitude, si peu d'Hommes en tinrent compte que rien ne fut fait. La Terre se préparait. Elle prit une grande inspiration, qui provoqua des sécheresses et des inondations. Les morts se comptèrent par millier, mais encore une fois, c'est si loin de chez nous. Quel carnage dirent pourtant certain, qui ne furent pas écoutés. La terre, ce globe balafré qui flottait dans l'espace, balança une fois de gauche, déclenchant les éruptions des volcans, les coulées de lave engloutirent le tiers de la population humaine. Et une fois de droite, déchainant les mers et les océans, ensevelissant la moitié des survivants, puis elle bascula. Les tornades balayèrent les villes, les océans déferlèrent, les volcans tonnèrent, cela dura des jours et des jours. Les animaux, sentant le danger venir, s'etait solidement abbrités, et les Hommes qui ne savaient plus écouter, furent tous anéantis. En à peine quelques semaines, il ne restait des Hommes que des cicatrices et quelques édifices, branlants. Alors la terre commença à se guérir. Depuis ce jour, les forêts reverdissent, la terre soigne ses cicatrices. Des animaux que même moi je croyais disparus, réapparurent soudain. Les pierres et le métal qui avait servi au ville, retournent peu à peu à la terre. Mais ce sera long. Le mal qu'ont fait les Hommes, a bien failli tous nous détruire. Notre mère se rétabli petit à petit, et même quand elle sera guérie, il faudra rester gentil avec elle. Retenez bien ça mes enfants, à trop vouloir pour soi, on en oublie les autres, et on finit même par s'oublier soi-même, ne pensant plus qu'à posséder, encore et toujours, nous détruisant nous mêmes sans même s'en rendre compte. -"Dis papi, est-ce que chasser c'est mal?" -"Non mon petit, chasser n'est pas mal, c'est naturel. Mais nous ne tuons que ce dont nous avons besoins. Il est vrai que parfois, nous chassons un membre de la meute, ou un intrus de nos terres, mais il est très rare qu'on les mette à mort." -"Papi, raconte nous une autre histoire" -"Pas maintenant mes petits, il est temps d'aller dormir. Reposez-vous bien, grand-père vous en conteras d'autres plus tard" -"Pépé, raconte-nous d'autres histoires" -"oh oui grand-père, s'il te plait" -"d'accord mes enfants, écoutez donc les deux loups -"Mais? Papi, tu nous l'a déjà racontée celle-là" -"Ah bon? Pardon mes enfants, ma mémoire n'est plus ce qu'elle était. En ce cas, écoutez la création du monde" Au premier temps du monde, alors que ni le vent, ni l'eau ne courraient sur la terre, que ni le feu ni l'esprit ne jouaient dans les branches, il n'existait que le sol. Dur, rocailleux, aride, il s'étendait à perte de vue, parfois un mamelon s'élevait, ou une combe se creusait, mais partout où se posait le regard, ce n'etait que landes sèches, sable fluide, terre brune ou ocre. A cette époque la terre était encore solitaire, la lune, astre vagabond, ne lui avait pas encore rendu visite, et le soleil, orgueilleux, ne daignait pas baisser ses feux sur ce caillou informe. Seule une petite étoile, venue de nulle part, croisa un jour la route de la terre. Sa longue tenue de flammes glacées courant derriere elle, elle se ruait dans l'espace à la recherche d'un endroit où se reposer un peu, quand elle apperçu la morte planète. Ni une, ni deux, piquant soudain sa tête argentée vers les landes arides, elle fila rapidement vers le sol. Malheureusement, elle avait un peu mal calculé son coup, et fit une fois le tour du globe en rase-mottes avant de pouvoir se poser. Sa course si près souleva des grains de sable, retourne le sol et remua certains mamelons un peu plus haut que les autres. Alors un grand éclat silencieux partit d'un point, et se mit à courir en travers du monde, tantôt galoppant comme un étalon en furie, tantôt caressant comme la plus douce des mains, le vent venait de naître à la vie. L'étoile, quant à elle, venait d'atterir dans une valée encaissée. Sa longue robe d'argent ne lui servant plus à rien, elle la détacha et la laissa filer le long de la combe. Cette toge, devenue indépendante, décida qu'elle avait, elle aussi, le droit de parcourir cette boule de pierre. Elle longea les combes, joua dans des plaines, remonta des défilés jusqu'au sommet des montagnes, puis elle se laissa redescendre en babillant comme un enfant, rugissant comme milles tempêtes, ou faisant des tours et des détours, pour visiter. Et partout où elle passait, le sol se couvrait d'un doux manteau liquide, bleu ou vert. Alors le vent attrapa un peu d'eau et joua avec elle, et c'est ainsi que naquit la pluie. La pluie inonda bientôt le sol, et la combe où s'était réfugiée l'étoile fut immérgée en très peu de temps, aussi elle se déplaca vivement sur une partie un peu plus élevée. Mais malgrès son repli, elle ne pût échapper à l'ondée. Bientôt trempée de la tête aux pieds, elle se mit doucement à couler. Une poudre, comme de l'or, s'écoulait de son corps sur le sol, dans les rivieres, dans les mers et le laissait gris, lisse et froid. Le soleil, qui entre temps s'était rapproché pour voir ce qui se passait, éclaira alors cette poudre répandue sur le monde. Ses joyeux rayons vagabondèrent allégrement sur la terre, mais quand l'un d'eux voulu toucher cette poudre, il s'enflama aussitôt. Ivre de fureur, de joie, d'amour autant que de haine, débordant d'énergie, le feu se lança à son tour à l'assaut du monde. Et partout où la poudre s'était déposée et où le feu passait, cet etrange poudre couleur d'or prenait alors des teintes vertes, chlorophyliennes, éméraldines. Et bientôt, à la place, commencèrent à apparaître des mousses, des herbes, des arbres. Et la terre, petit à petit, se couvrait de végétation, tandis qu'au fond des mers des algues de toutes les couleurs commençaient à danser voluptueusement au grès des courants. L'étoile, quant à elle, avait trouvé refuge dans une caverne abbritée. Elle nourrissait forte rancoeur contre ce monde qui ne voulait pas la laisser en paix, d'autant plus qu'elle avait abandoné son manteau d'argent et ne pouvais alors plus partir. Le feu, le vent, l'eau et la terre jouaient, en attendant avec les herbes, les nuages et la pluie. Puis ils se réunirent un jour, et entreprirent de former des animaux. -"Je réclame des corps légers, avec des ailes pour me peupler, des courants pour les porter et le ciel pour tout domaine" s'exclama le vent. Alors il prit un morceau de nuage, souffla dessus et créa les oiseaux et tous les animaux qui volent, libres, dans le ciel -"Je demande, pour ma part, des corps lisses, avec des écailles, pour m'habiter, des courants sur lesquels s'appuyer et les flots comme habitation" déclama alors l'esprit de l'eau. Il effleura un morceau d'écume, le fit couler entre ses doigts et chaque goutte devint un poisson qui nagea, libre, dans les rivieres et les océans. -"Je serais le support des créatures du ciel, et le gardin de celles de la mer. Je désire des créatures à pattes pour me parcourir, à poil pour se vêtir, avec l'étendue des plaines, les hauteurs des montagnes ou les fonds des forêts pour toute maison.". Alors, levant haut son torse rocailleux, il enfonça profondément son poing sérré au coeur même de la terre et le ressortit. Et par ce geste il accoucha des terrestres. Mais, il prit un peu au vent, et donna le jour aux insectes, et par mégarde aussi, il prit un peu à la mer aussi, et des écailles des poissons mélangés à la terre naquirent les reptiles -"Je ne veux etre peuplé que d'energie, que de couleurs" Dit alors le feu d'une voix crachotante "Je ne consens à être le vaet de personne, à moins que l'une de vos créature ne sache m'apprivoiser" et sur ce il s'en fut. Les dieux se regardèrent, un peu médusés. Ils souhaitaient tant ce monde uni, fraternel, et voilà que l'un d'eux refusait simplement de participer. Il reflechirent longuement, et ce qu'ils firent.... Ce qu'ils firent ensuite, vous le saurez plus tard parce qu'il est maintenant l'heure de dormir" -"oh non papi, pas déjà!" -"Et si mes enfants, je vous conterais la suite un autre soir, dormez sagement maintenant, grand-père veille sur vous" -"Grand-père!" -"Voilà mes enfants, voilà... où en sommes nous restés?" -"Au moment où les dieux... ben on sait pas ce qu'ils vont faire" -"Ah oui, très juste" Or donc les dieux s'entretinrent longuement. Et pendant qu'ils réflechissaient, les mers pullulaient, les oiseaux volaient, la terre se peulplait. Le Feu quant à lui, s'était retiré sur un astre vagabond qui passait par là, illuminant le firmament de son energie vivace. Et l'étoile? Blottie au creux des roches, enfuie dans une profonde caverne, elle regardait ce monde s'emplir à son grand desespoir ; elle avait tellement voulu avoir son monde à elle, rien que pour elle. Et pendant ce temps, les dieux reflechissaient. Le Vent, dans son tourment à trouver une réponse, entra bientôt en grande fureur, inspiré par le Feu. Sans bouger d'un pouce, il lacha sur le monde des tornades assez importantes, mais sans etres jamais destructrices. L'Eau, aller et venait au grès de ses reflexions, léchant un moment les bords de la Terre, elle reculait ensuite, pour revenir et repartir. La Terre quant à elle regardait les créatures qui gambadaient à sa surface. Toutes étaients magnifiques, mais aucune ne pourrait domestiquer le Feu. Quoique? L'esprit de la Terre regarda alors un animal fier, indomptable, qui courrait dans la plaine tel le Vent en furie. Ses pattes battaient le sol d'un martelement rythmique, et sa crinière fougueuse jouait sur son dos telle une flamme libérée. "Mes frères, mes soeurs, et si cette créature pouvait dresser le feu? Regardait ses cavalcades, admirez ses prouesses! N'est-elle pas digne d'etre l'hôte de notre frère faché?" A ces mots les deux autres esprits levèrent le nez de leur occupation. Au bout de quelques palabres, ils décidèrent d'appeler le Feu pour lui demander son avis. "Comment? fit celui-ci avec mépris Vous pensez reelement que je vais me laisser investir par pareille bestiolle? Elle est encore trop rigide, et regardez donc un peu comment ses pieds lourds fouaillent la terre! Vous appelez ça de l'energie? Je ne vois, moi, qu'un simulacre, ceêndant, pour vous récompenser de votre éffort, je consens à kui donner une petite partie de moi-même, mais ils ne sont, au mieux, que des serviteurs et nullement des messagers". Les chevaux, puisque c'étaient eux, qui se trouvaient là se virent soudain ornés de flammes noires leur barrant une toison d'une blancheur nacrée. Et sur ces actes méprisants, il repartit. Les esprits, encore plus tourmentés qu'avant pensèrent que le Feu désirait un animal plus fluide, plus aérien. Alors le Vent se tourna vers les cieux et regarda son peuple qui fôlatrait joyeusement dans l'azur. Le corbeau, hâltier, dansait dans les courants, accompagné ça et là d'un merle ou d'une grive. Mais le Vent pensa, avec raison, que même la linotte, la plus vive d'entre tous, ne satisferait pas le Feu. Il allait abandonner quand, surgissant de derriere un nuage, un faucon tigré fendit le ciel. Sa vitesse n'etait pas des plus admirable, mais sa dexterité et sa souplesse par contre... Après reflexion, il convaqua le Feu sans demander l'avis des autres esprits. Au début, les flammes brulèrent de colère, si le zebre n'avait pû faire l'affaire, comment ce maudit volatile le pourrait-il? Mais le Vent, malin, lui proposa un arrangement. "Un oiseau qui aurait sa souplesse, mais dont le corps brulerait de milles feux. Une bête embrasant le sol et le ciel, et entierement dévouée" "Pourquoi pas, il sera peut-etre un bon messager" maugréa le Feu. Ils se mirent donc à l'ouvrage, et très peu de temps après surgissait d'un brasier un oiseau aux plumes enflamées, au ramage rougeoyant. Le Feu le contempla un moment, presque satisfait. Il était sur le point de l'accepter quand l'oiseau s'enflamma tout d'un coup, ne laissant qu'un tas de cendres à l'endroit où il était. Grande fut la déception du feu, et plus grande encore sa colère. Plutôt que de porter la main sur son frère, il tourna rapidement le dos et s'en fut au plus vite, juste avant que l'oiseau ne ressurgisse, intact, de ses propres cendres. Pendant ce temps, les esprits reflechissaient toujours. L'Eau eu à son tour une idée. Il fallait du fluide, du coulant, du vivant, et ça, elle connaissait. Scrutant au fond des profondeurs, elle chercha sa création qui pourrait au mieux satisfaire les désirs de son frère. Mais force lui était de reconnaitre que l'element liquide ne remplissait pas les désirs du Feu. Elle allait, elle aussi, abandonné, quand le Vent revint, et leur raconta sa mésaventure. De la discussion qui s'ensuivit, ils créerent à eux trois une bête immense, écailleuse et fluide comme les poissons, de grandes ailes comme les oiseau, un corps dur comme la Terre elle-même. Alors les esprits appelèrent leur frère. "Vois cette créature, elle n'attend que ton oeuvre pour etre complète" s'extasièrent-ils. Alors le Feu, dans un ricanement incandescant, mis une part de lui dans l'estomac de la bête, puis s'en fut de nouveau, en caquetant : -"Et que cela vous serve de leçon!". Mais le dragon s'enfuit à sa poursuite et ne revint jamais. On en voit encore, parfois, très haut dans le ciel, mais il est très rare qu'ils reviennent au sol, et ceci est une autre histoire. Les dieux étaient désemparés. Que fallait-il faire pour maintenir leur unité? Ils ne pouvaient quand même pas laisser leur propre frère en dehors de ce monde! Il avait déjà fourni l'energie et même, à de nombreuses reprise, il avait insufflé la vie. Alors? Alors la Terre modela une statue en argile. Son port droit et fier tenait sur quatres pattes, son museau effilé levé vers le ciel. L'Eau lui donna une toison mouvante et chaude, et le Vent lui insuffla l'esprit de liberté. Puis, à eux trois, ils forgèrent une sarbacane dont l'un des bouts se trouvait sur le museau tandis que l'autre partait vers leur frère. Ils lui demandèrent ensuite de souffler dans ce tube, pour marquer de son empreinte cette nouvelle créature. Le Feu y consentit, de mauvaise grace, et il entreprit de soufler dans la sarbacane. Mais celle-ci, mal assujetti, glissa du museau sur les paupières fermées. Et quand le Feu donna une vive expiration, il injecta ses flammes dans le regard. L'animal s'eveilla à cet instant et, fidèle à son esprit, partit courir dans la plaine, la forêt et la montagne. Ses yeux le brulaient un peu, mais sa faim le dévorer. Comme les autres, il essayat d'abord de manger de l'herbe, ou les feuilles des arbres, mais le Feu avait si bien fait son oeuvre, que le loup commença à chasser les autres créations. Non pour les décimer, cela s'entend, juste pour se nourrir. Les dieux en nourrirnet au début une vive affliction. Mais il leur apparut bientôt que c'était un mal plus que nécéssaire. En effet, les autres animaux proliféraient tant, qu'ils s'entassaient les uns sur les autres, se battaient pour quelques rameaux moisis et mourraient de faim ou de maladie dans les autres cas. Les esprits appelèrent alors le loup, et lui proposèrent un pacte. "Que tu chasse n'est pas un mal, mais tente de t'en prendre aux vieux, aux malades, aux faibles. Garde les sains et les forts pour la sauvegarde de nos créations" Le loup, dont les yeux brulaient toujours, accepta sans problème cet accord. Probablement que le Feu n'avait pas communiqué assez d'energie à celui-ci, car il est vrai qu'il est quand même un peu fénéant, voire opportuniste. Or donc, le loup repartit en chasse, et tout se passait pour le mieux. Voyant l'effet benefique de leurs dernière création, les dieux créerent d'autres prédateurs. Dans la mer ils mirent des requins, et des murènes, dans les cieux des aigles et des rapaces, sur terre des lions, des tigres et même des ours. Mais ils ne trouvaient toujours pas de réponse au problème posé par le Feu. Alors ils continuèrent de réfléchir, jusquà ce que... "Jusqu'à ce qu'ils pensent à une solution, que je vous conterais ultérieurement car il est maintenant l'heure d'aller dormir" -"Encore? Mais papi, on n'a toujours pas la fin!" -"Hehehe, et non, mais vous l'aurez un autre soir, si vous êtes sages. Allez, dormez maintenant, grand-père s'occupe de tout" -"Grand-père?" -"HHmmm, oui?" -"Papi, pépé, Grand-père : tu nous avais promis!" -"Hehehe, d'acord mes enfants, volià la suite." La terre une fois peuplée de toutes ces bestiolles se tint bientôt en équilibre. Tout allait parfaitement, la terre nourissait les plantes, les herbes engraissaient les herbivores, les herbivores alimentaient les carnivores, et les carnivores rassasiaient la terre à leur mort. Donc tout allait pour le mieux, sauf que le Feu n'était toujours pas content, et que les dieux qui désiraient la fraternité ne trouvaient toujours pas de réponses. Ils se creusaient la tête à grand coup de marteaux pour voir dedans si une idée n'était pas cachée, mais aucune étincelle ne vint. C'est alors qu'un aigle, attrapant un saumon fretillant, attira l'attention de l'Eau. Et si...? Et si ces serres étaient améliorées? Dans le même temps, le loup jouait en meute, et ses cabriolles donnaient au Vent quelques idées, encore informulées, mais des idées quand même. Et si... Et si le jeu devenait une fondamentale? Pendant ce temps, la Terre regardait les cieux. La lune, depuis peu apparue, brillait de milles feux, étincelante dans l'immensité nue de l'espace juste au-dessus. Et la Terre se prît à rêver. Elle sentait sur son corps le galop des chevaux, le gratouillement des chèvres, les ondulations des vers. Elle ne désirait rien de plus que ce monde , avec tous ses frères et soeurs. Pourquoi le Feu refusait-il d'y prendre part? Et ce qu'aucun d'entre eux ne savait, c'est que peu importait au feu la fraternité, peu lui importait un monde prore, où tout va pour le mieux, parce que le Feu, aussi sage soit-il, n'aime pas l'ordre. Il prefere sauter de partout comme un fou, jouer dans les branches des arbres, ou dans le coeur des bêtes, il n'aime rien tant que de voir son oeuvre dans des combats, des incendies, ou dans les rayons brulants du soleil, la seule chose qu'il ai créée. C'etait SA chose, SA création. Et il n'en voulait pas d'autre. Il savait ses frères et soeurs intelligent, mais le défi qu'il leur avait lancé n'était pas relevable. Alors, étouffant des sombres ricanements, il continuait de fomenter ses brasiers depuis SA construction, depuis une grosse boule de feu, illuminant le firmament. La Terre, enfin, émergea de ses rêveries, pour jeter un oeil dans les océans. C'est alors qu'une pieuvre saisit un petit poisson dans ses tentatcules. Et une idée émergea. Alors la Terre appela les deux autres esprits, et chacun mit en avant ses idées. Au bout de très peu de temps, ils conçurent l'outil qui pourrait manier le feu. Ils prirent une serre d'aigle, et l'applanirent un peu, puis ils changèrentles griffes en cinq tentacules de pieuvres. Mais les tentacules étaient trop longs, alors ils en déplacèrent un sur le bord et le raccourcirent, puis ils raccourcirent les quatre autres pour les mettres à la même longueur, mais le Vent, dans sa précipitation, coupa un peu trop court ceux opposés au premier tentacule. Le résultat fut la première main. Regardant autour d'eux, ils s'apperçurnt que tous les animaux possédaient leurs pattes par paire, alors ils entreprirent de former une deuxieme main. Mais, ils se trompèrent en posant le tentacule le plus court, et finalement le resultat fut une main en tout point semblable à l'autre, à la différence près qu'elles étaient le reflet l'une de l'autre. Les dieux, satisfaits, contemplèrent un instant leur oeuvre. Mais une nouvelle question s'imposa à eux : quel animal allait porter ce genre d'appendice? L'ours? Même s'il pouvait se tenir occasionnelement sur ses pattes arrières, ces mains le géneraient plus qu'autre chose. Le loup? A l'évidence, les mains n'étaient pas conçues pour les grandes courses de celui-ci. Un poisson? Et qu'en ferait-il? L'aigle ou le faucon? Non, leurs griffes leur étaient nettement plus utiles. Alors ils réfléchirent un instant, puis appelèrent à eux tous les animaux qu'ils avaient créés. Et ils vinrent tous. Les dieux les observerent longtemps, sans dire un mot. Le singe, à l'époque, avait des pattes en forme de pince, inspirées de celle du crabe. Les dieux lui firent dons des mains, et le singe parti alors à l'assaut des arbres, heureux comme ... un singe. Mais quand ils lui proposèrent de domestiquer le feu, celui-ci les regarda bêtement, et parti jouer à cache-cache dans les branches des arbres. Alors les dieux regardèrent les animaux restant. Et soudain, l'Eau eu une idée. "Si le singe part jouer dans les branches avec ces nouvelles mains, et qu'aucun autre animal ne peut les porter, il nous faut en créer un qui puisse les utiliser et qui soit assez fort pour domestiquer le feu." Le Vent, qui n'avait rien dit depuis un moment, décida de lancer contre une montagne la tempête. Il se trouvait que cette tempête était investie par deux jeunes loups, nés quelques années plus-tôt, et que la montagne qu'elle alla fracasser était le refuge de l'étoile. De nombreux morceaux de pierre volèrent dans les airs, et l'étoile, dérangée, décida d'aller les tailler à son image. Nombreux de ces morceaux étaient déjà investi de l'esprits des loups, et quand les dieux virent le resultats, sans soupçonner un seul instant que l'étoile y fut pour quoi que ce soit, ils décidèrent de donner les mains à ces figurines et les appelèrent Hommes. L'étoile, en les taillant, avait transmis à ces hommes sa rancune, sa volonté farouche de solitude. Elle voulait SON monde! Et tandis qu'elle insufflait ces pensées dans la pierre, l'un des loups, inspiré par le feu, donnait aux hommes pleines mesure de la colère et de la haine, et l'autre leur attribuait un peu, si peu, de sa sagesse. Alors les Hommes naquirent, violents, insatisfaits, imparfaits, mais capables de grandir. Alors les dieux les regardèrent, et, satisfaits, appelèrent le Feu. Quand celui-ci découvrit la créature que les dieux venaient de confectionner, il vit d'abord les flammes de la haine et de la colère, puis l'acide de la fierté, et enfin les cendres du mécontement. Il vit aussi les mains, et il compris aussitôt l'opportunité du telle créature. Combien ses possibilités étaient illimitées, combien son potentiel était grand pour lui! S'il accepta de se faire domestiquer? Mais plutôt deux fois qu'une pour une créature pareille! Imaginez donc! Les possibilités que ça lui donnait. Hélas, mes enfants, c'est ainsi que devait grandir l'homme : insatisfait de cette planète et ne la désirant que pour lui, violent par esprit du feu qu'il appris à dominer de toutes les manières possibles, sauvage et sage à la fois par esprit du loup. Les dieux ne se rendirent pas compte de suite du mal qu'il allait commetre, mais satisfait ils s'endormirent. Seul le Feu resta eveillé, il guida les hommes comme ses disciples, et ceux-ci firent le mal que l'on sait. Ils chassèrent l'ours parce qu'il était leur pair, ils chassèrent et domestiquèrent le loup parce qu'il était leur frère, ils détruisirent par plaisir. Et le reste, mes enfants, vous le savez aussi bien que moi. -"elle est triste ton histoire papi" -"hélas, oui mes enfants, elle est triste" -"dis pépé, tu nous raconte pourquoi la lune tourne?" -"mais je vous l'ai déjà contée cette histoire, souvenez-vous, c'était dans un conte?" -"grand-père, alors raconte-nous une autre histoire" -"plus tard mes enfants, plus tard. pour l'instant il est l'heure d'aller manger... peut-etre après le repas, si je ne suis pas trop fatigué. Allez mes petits, allez, Grand-père doit aussi se reposer" -"Grand-père?" -"Oui mon petit?" -"pourquoi est-ce que les dragons ont fui?" -"oh.. c'est une longue et vieille histoire, très vieille" -"plus vieille que toi papi?" -"hehe, oui, infiniment plus" -"tu nous la raconte, dis papi?" -"oh oui, grand-père, raconte-nous pourquoi on ne voit plus de dragon" -"vous y tenez vraiment?" -"oh oui papy!" "Fort bien, écoutez donc" Aux premiers temps du monde, les dieux insufflèrent la vie à la terre. Ils étaient 4 esprits, le Feu, le Vent, la Terre et l'Eau, quatres frères et soeurs qui façonnèrent ce monde. Mais une dispute éclata, le Feu, le plus vif d'entre eux, décida de ne pas participer à cette oeuvre tant qu'une créature sachant le domestiquer ne serait créée. Les dieux, forts marris de cette attitude, mirent en ébulition leur imagination. Au bout d'un certains temps, ils décidèrent d'investir le cheval, le plus noble et le plus fougueux parmis tous, d'etre cette créature. Mais le Feu leur rit au nez et infligea au pauvre cheval, qui n'avait rien demandé à personne, des flammes qui lui dévorèrent son pelage bai et ne laissèrent qu'une toison blache sur laquelle dansaient d'étranges flammes noires, et c'est ainsi que naquit le zebre. Alors les dieux se remirent à reflechir. Le Vent, observant les oiseaux, ses enfants. Il décida, tout seul dans son coin, de construire quelque chose avec son frère irascible. L'idée était simple : si le Feu participait à la création d'un animal, il serait obligé de lui insuffler une part de lui, et donc de l'apprécier. Après un conciliabule d'une éloquence rare, le Vent reussit à convaincre le Feu à s'engager dans la tâche, et ils se mirent alors à l'ouvrage. Ils formèrent un oiseau longiligne, au corps fusiforme. Son plumage de braises ardentes flamboyait jusque sur son crane, des étincelles s'échappaient même de son bec quand il respirait. Il était un brasier vivant. Le feu, en le voyant, fut très satisfait. Mais le phoenix, parce que c'etait lui, se consuma d'un coup, ne laissant de son corps, et de la joie du Feu, que des cendres fumantes. Ce dernier, très en colère, partit en insultant son frère. Mais, il était déjà loin quand le phoenix revint à la vie, plus flamboyant encore qu'auparavant. Le Vent tenta bien de le rattraper, mais il devait se rendre à l'évidence : le Feu n'écouterait plus, maintenant. Alors le Vent prit le phoenix et l'emmena dans une grotte où il pourrait vivre en paix, puis il raconta son histoire aux autres esprits et ceux-ci recommençèrent à réfléchir. Ils se rendaient bien compte qu'aucune des créatures déjà vivantes ne saurait satisfaire leur frère, et qu'il leur fallait donc en concevoir une de toute pièce. Ils en étaient là de leurs reflexions quand l'Eau eu, à son tour, une idée. Il fallait du fluide, du souple, du vivant, et ça, c'était son rayon! La terre façonna une bête immense, longiligne elle aussi, souple comme un serpent mais au corps dur, aux flancs et au corps orné d'écaille comme les poissons, et pourvu de grandes ailes, comme les oiseaux, mais écailleuses, comme celles des raies. Il ne manquait plus que le souffle du Feu pour le parachever. Alors les esprits se réunirent; la créature devant eux, et appelèrent leur frère. Celui-ci, voyant leur nouvelle création partit d'un rire caquetant. "Comme c'est drôle! vous esperez que cette créature grotesque soit celle qui me dominera? Voyez comme elle est lourde et malhabile, voyez comme elle correspond peu à ce que je veux" Alors, toujours en ricanant, il insufla ses flammes dans le ventre de la bête et partit en crachotant. Celle-ci, surprise, eternua, et cracha un jeyser de flammes, calcinant littéralement un arbre qui se trouvait tout près. Puis elle essaya ses ailes et s'apperçut que ça fonctionnait bien. Le Feu, sans le savoir, venait de doter le dragon d'un esprit combatif, et d'une volonté farouche d'indépendance. Aussi l'animal fabuleux s'envola-t'il à la poursuite de ce créateur ingrat. Il erra longtemps, le cherchant en vain. Attiré par tout ce qui brillait, en croyant reconnaitre dans ces éclats son père enfui, il en vint bientôt à devenir avide, et à chercher le contact de l'or ou de joyau plus intense encore. Forcément, il fut attiré par le soleil, le plus brillant parmis les brillants, et après bien des errances il l'atteint enfin. Et en son coeur il retrouva le Feu. Celui-ci, faché qu'on vienne le déranger, chassa à grands coups cet intrus. Mais le dragon, au contact du soleil, venait d'obtenir une sagesse ancestrale. Il reparti donc vers la terre, et décida de consacrer sa longévité à veiller sur les créatures. Pour rendre hommage à ses créateurs, il se diversifia. Certains devinrent dragon d'eau, que l'on nomma Léviathan, d'autre devinrent dragons de vent, et construsirent leurs nids dans les nuages, d'autres encore devinrent dragon de terre, et on en crois encore de nos jours dans certaines îles. Enfin, ceux qui voulaient rester de feu devinrent les gardiens de secrets ancestraux et de trésors inéstimables, et les rares qui devinrent de foudre, alliance du Vent et du Feu, partirent nicher aussi dans les nuages ; on les rencontre souvent les soirs d'orages, ils sillonnent le ceil en déchainant la fureur du feu, mais en veillant quand même sur le monde, par la promesse qu'ils ont faite. Pendant l'errance des dragons, les dieux avaient façonnés le loup, le premier des predateurs. Animal qui avait à la fois la fierté et la faim du Feu, la fidélité et la sagesse de la Terre, la liberté du Vent et la beauté de l'Eau. Quand les dragons revinrent, les prédateurs étaient donc nés, et certains parmis ces animaux décidèrent de faire partie de ctte caste. Ce sont les plus dangereux, et les moins visibles, ils nichent au creux de la terre, et leur colère déverse des torrents de lave. On dit que ce sont eux qui gardent les secrets du temps et que les esprits, fuyant le monde devant la folie des hommes, ont choisis comme gardien. On dit aussi que, envieux des loups, et particulièrement de ses yeux, ils s'associèrent avec eux pour devenir des gardiens : les loups sont les régulateurs de la nature, et les dragons les regulateurs du temps. "Et de cette alliance, nombre légende ont vu le jour, mais cela sont d'autres histoires, que je vous conterais plus tard" "Voilà mes enfants, cette histoire est terminée, mais, dites moi, y'en a-t'il une en particulier que vous voudriez maintenant écouter?" -"Grand-père, pourquoi les Hommes sont-ils méchant? pourquoi chassent-ils sans manger? pourquoi est-ce qu'ils ont domestiqué?" -"ah, ça mon petit, c'est la plus terrible de toutes les histoires" -"tu nous la raconte grand-père?" -D'accord, d'accord... écoutez donc Le coeur des hommes" Les humains sont nés de la pierre et du feu, possédés par la colère d'un jeune loup gris, la rancoeur et le désir de solitude d'une étoile, la fureur, la créativité et l'energie du feu et par un peu de la sagesse d'un jeune loup blanc. Etres complexes s'il en est, ils héritèrent aussi d'une chose qu'aucun des dieux ne pouvait prévoir : la technologie. Forts de ces caractères, ils domestiquèrent le Feu, et se laisserent domestiquer par lui. Une légende très célèbre du temps des humains raconte comment un jeune homme eut à affronter le Feu pour avoir désirer le posséder. Il s'appelait Faust, mais ceci est une autre histoire. Tout cela pour dire que le Feu, fidèle à sa déclaration, n'accepta jamais de valet, et s'il se laissa dominer, c'est pour mieux posseder par la suite. Les Hommes sont nés, ils possèdent le Feu et par là-même la Technologie, devant eux s'étend une étendue vierge de toute possession ; libre! L'esprit de l'etoile qui vivait en chacun d'eux compris tout de suite l'opportunité d'une telle possibilité : un monde rien que pour elle! Peuplé de milliers, de millions, de milliards de ses rejetons, elle ne serait plus jamais seule, mais le monde entier lui appartiendrait! Déjà, un certains nombre d'hommes avait conquis le soleil, avec l'accord tacite du Feu, et de là ils pourchassaient les deux loups dans la tornade. Les autres, inconscient de ce fait, désiraient à tout prix avoir aussi une place au soleil, mais celà je vous l'ai déjà raconté. Quoiqu'il en soit, les Hommes se battaient. Au début, ils s'étaient restreints à un certain territoire, et peu importait au reste du monde leurs petites querelles. Mais bientôt, poussés par les appétits conjoints de l'etoile et du Feu, ils se répandirent sur toute la Terre. Malhabiles, inexpérimentés, mal adapté au monde qui s'offrait à eux, les hommes eurent recours à la Technologie pour survivre. Ils créerent des bâtons avec le bout pointu, et les nommèrent "pieux" ou "lances", puis ils utilisèrent ces lances pour chasser. Au début, comme tous les prédateurs, ils régulaient habillement l'équilibre naturel, chassant pour se nourir, ils utilisaient les peaux et le Feu pour se prémunir contre le froid, ils utilisèrent les os pour fabriquer des pointes de lances plus acérées, puis ces lances devinrent des flèches, qui partaient beaucoup plus vite et plus loin que les lances. Alors les Hommes prirent conscience de leur pouvoir. Leur territoire devint immense, car ils étaient sans cesse poussés par l'esprit de l'etoile. Un monde rien qu'à moi! Un monde rien que pour moi! Alors, ils dirent "ceci est à MOI" et inventèrent "la propriété". Non content de se battre entre eux de peur de voir leurs propriétés envahies, ils se battirent bientôt contre les autres créatures, leurs propres frères. Par besoin de survivre d'abord, par peur ensuite et surtout pour se réconforter. Bien que créatifs, les Hommes ne comprenaient pas le monde dans lequel ils vivaient. Ce qu'on ne comprends pas, on en a peur, ce dont on a peur, on le détruit. Car telle était leur folie! Au lieu d'essayer de comprendre cette peur, et d'en comprendre la cause, ils préféraient simplement en détruire les manifestations visibles. Exactement comme si votre grand-mère vous empéchait d'éternuer sans soigner le rhume. On ne voit plus la maladie, et pourtant elle est encore là. Alors, pour empécher la peur de gagner leur coeur, ils détruisaient les ours, les loups, les tigres, les lions, les aigles, les requins. Ils détruisaient les créatures qui se trouvaient sur leurs territoire ou à côté, par peur d'abord. Puis aussi pour une autre raison. Les Hommes avaient en effet hérité de la fierté du Feu. ils ne pensaient que pour eux-mêmes et appelèrent cela "ego" ou "âme". L'ego, mes enfants, est un caractère brutal. Il n'accepte pas qu'on puisse le titiller, il n'aime pas etre dérangé. Et l'incompréhension le gênait. Alors, parce qu'ils ne comprenaient pas le monde dans lequel ils vivaient, parce que cela leur faisait peur et dérangeait leur ego, ils chassaient sans se nourrir. Juste pour détruire. Cependant, une tribu, un peu moins brutale que ses pairs, vivait en paix dans un coin reculé. Ils chassaient aussi, certes, mais non plus par peur. Comme nous, ils chassaient pour survivre. Un jeune loup, un peu plus aventureux, venait souvent voir cette tribu. Un jour il accompagna quelques jeunes gens à la chasse. Son flair, son instinct, lui permirent bientôt de trouver un troupeau de cerfs. Les chasseurs encerclèrent le troupeau, tuèrent juste le nombre de bête parmis les vieux et les faibles dont ils avaient besoin et repartirent vers le village, le loup sur les talons. Aussi quand ils partagèrent la viande pour les familles, ils donnèrent au loup un beau quartier, en remerciement de ses services. De cette façon, sans entraver sa liberté, le loup les aidait librement en échange d'un peu de nourriture. J'ai dit que c'était un opportuniste, vous voyez maintenant à quel point? Hélas, une tribu pacifique est souvent la cible de ses congénères plus belliqueux. Et ce qui devait arrivé arriva : la tribu fut un jour sauvagement attaquée par une autre. Peu survivre, ils s'enfuirent de par le monde, tachant de passer innaperçus mais gardant dans leurs coeurs l'esprit de fraternité qui les gouvernait. Le loup, qui ne savait rien de cet assaut, arriva alors que les belliqueux partaient en chasse. Comme à son habitude ils les suivit. Il s'intérogeait quand même sur leur odeur différente de celle à laquelle il était coutumier, mais n'en continua pas moins de trotter à leurs côtés. Un des hommes le remarquant voulu lui tirer dessus, mais il comprit bien vite l'intérêt d'avoir un jeune loup pour compagnie. Ses sens étaient beaucoup plus développés que les leurs, c'était un animal taillé pour la chasse. Alors comme leurs prédécésseurs, les belliqueux utilisèrent le loup. Sauf que cette fois là, quand les hommes revinrent au village après avoir chassé avec le loup, ils attachèrent ce dernier à un poteau avant de lui donner quelques maigres pitances. Le loup, fort déconfit de voir que sa part avait diminuée alors que beaucoup plus de cerfs avaient été tués, tenta évidemment de s'échapper. Il entreprit de ronger la corde, bien décidé à récupérer son dû, mais l'un des guerrier lui ferma la machoire par une corde, l'empéchant ainsi de mordre. Il s'avéra que le loup était en fait une louve. Honorée peu de temps avant, elle accoucha un soir d'une jolie portée. Un guerrier qui passait par là décida de les garder, ils leur mit un ruban de cuir autour du cou pour ne pas les blesser et une corde pour les tenir. Et c'es ainsi que naquirent les premiers chiens. Seulement, l'Homme, comme je l'ai dit avant, voulait tout pour lui. Il entreprit donc de domestiquer d'autres créations comme il l'avait fait avec le loup. Il dompta les chevaux pour la rapidité et l'endurance, parqua les bisons et les cerfs pour ne plus avoir à les chercher, il dressa les plantes pour les ramasser presque sans se baisser, et il ordonna même au Feu de se tenir à sa disposition. Les dieux, déjà effrayés de voir leur derniere création leur échapper, s'enfuirent loin et abandonnèrent le monde. Peut-etre en ont-ils construit un autre ailleurs, sans refaire les mêmes erreurs? Toujours est-il que depuis ce temps nous avons beau les appeler, ils ne répondent plus. Ainsi donc, en très peu de vie d'Homme, le visage de la planète changea du tout au tout. Même les plus hautes montagnes, furent visités. L'Etoile avait enfin reussi : un monde rien qu'à elle! Certes, elle dirigeait par l'entre-mise des Hommes, mais au moins elle pouvait faire tout ce qu'elle voulait. Et c'est pourquoi, mes chèrs enfants, un beau jour la terre se revolta "Voilà, cette triste histoire est maintenant terminée. Laquelle voudriez-vous écouter maintenant?" Comme je vous l'ai déjà conté, la Terre s'est revoltée. Premiere parmis les dieux fondateurs, elle fut aussi la derniere à rester. Par fidélité pense-t'on souvent, par resignation disent d'autres, par curiosité prétendent même certains, et par amour entend-on parfois aussi. Quoiqu'il en soit, elle restait. Les premiers hommes l'avaient nommée Gaïa, qui dans leur langue signifiait à la fois "berceau, terre et mère", car c'est bien ce qu'elle était : elle était leur mère ; elle est notre mère à tous. Mais les hommes grandissaient et se répendaient, guidés par l'esprit du Feu, et par celui de l'etoile. Bien des siècles passèrent, les humains oublièrent leur mère. Ils ne pensaient plus que pour eux, possédés par le pire de tous les poisons : l'argent. La cupidité de l'étoile, et la rapacité du Feu avaient trouvé dans ce domaine un terrain trop favorable à leurs déboires. Mais pourquoi d'ailleurs cet argent était-il empoisoné? Pourquoi corrompait-il le monde? A la base, il s'agissait d'un métal, c'est à dire une forme de pierre particulière. Nés de la Terre, de longs fragments d'argent jouaient parfois avec les rayons caressant du soleil, ou se laissaient couler en fine cascades immobiles sur le flanc de quelques montagne. Jusqu'au jour où les hommes - un peu plus évolués, ce qui ne veut pas forcément dire plus intelligents - décidèrent d'utiliser ce métal pour simplifier les échanges entre tribus. l'etoile, qui déjà depuis quelques temps regnait sur le monde par l'entre-mise des hommes, mit à profit cette nouvelle source de jouissance. Toujours plus! Ce n'est pas l'argent en lui-même qui devint maléfique, mais le pouvoir qu'il procurait. Avec l'argent les hommes pouvaient échanger tous ce qu'ils voulaient, et plus ils en avaient, plus ils avaient de possibilité d'échanger. Et bientôt, toute chose sur terre eut une valeur, c'est-à-dire que les hommes attribuèrent à chaque chose un chiffre basé sur le poids de l'argent. Vous comprenez donc comment l'argent est passé du stade de simple artifice à celui de nécéssité vitale. Il était devenu, à une époque encore pas si lointaine, obligatoire de posséder de l'argent pour survivre dans le monde des hommes. Et ceux qui n'en avaient pas étaient condamnés à souffrir, à errer, à mourir. Dépossédés de leurs capacités à chasser, les hommes avaient converti leurs instinct de prédateur et ils le monnayaient. De cette cupidité naquirent bien des maux. Des équilibres fragiles furent rompus, la forêt se retrouvaient déboisées, des ressources étaient pillées et gaspillées. Par cupidité les hommes inventèrent le pire de tous les fléaux : la pollution. De grands nuages noirs, sales, toxiques, barrèrent bientôt l'horizon. Sur certaines partie de la planète, l'air était devenu tellement rare qu'il fallait payer pour respirer, et si on ne payait pas, dans le meilleur des cas une brume épaisse, grisâtre, remplissait les poumons, permettant de survivre quelques temps. Dans le pire.... A cause de la cupidité générée par l'argent, les hommes jetèrent leurs déchets les plus toxiques dans la terre ou dans la mer, salissant jusqu'aux tréfonds des éléments. A cause de la cupidité générée par l'argent, les hommes volaient la terre pour construirent des villes dans lesquelles s'abbriter. Ces niches, entassées les unes sur les autres, faites de pierres dénaturées, ces abris généraient encore plus de pollution. L'air, l'eau, la terre et même le feu furent très bientôt complétement dénaturés, corrompus. De grandes cicatrices balafrèrent bientôt la terre, tant en surface qu'en profondeur, car pour voller les pierres dont ils faisaient leurs villes ou leurs outils, pour piller les ressources qu'ils brulaient dans leurs fours ou leurs voitures, pour voler le bois dont ils faisaient leurs meubles ou leurs maison, pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, ils creusaient, déboisaient, fouissaient, crevassaient et dénaturaient la planète. Sans plus penser à autre chose qu'au profit, ils volaient à la Terre ses origines, sa pureté, sa virginité. A force de fouiller trop profond, de vouloir toujours plus, ils finirent par reveiller l'esprit de la Terre qui s'étaient enfouis dans les profondeurs. Courroucée par ces enfants ingrats, elle décida de les chatier comme il se doit. Alors, rassemblant ses forces, elle lança dans son sein des vagues tumultueuses qui firent s'effondrer des viles, surgirent des volcans, crevassèrent encore plus le sol, et anéantirent beaucoup d'hommes. Cela ne se fit pas en un jour, car il était fatiguant, même pour elle, de les lancer à répétitions. Mais à chaque fois elle provoquaient de nombreux dégats sans pour autant reussir à se débarasser ni des hommes, ni à anéantir chez les survivants cette folie destructrice. Voyant ses efforts vains, le Vent et l'Eau se liguèrent avec elle pour érradiquer leur création devenue folle. Car à leurs yeux les hommes étaient devenu des parasites nuisibles, et bien qu'il leur en coutât, ils n'avaient d'autre solution que de tous les faire disparaitre. Alors le Vent lança des tempêtes destructrices sur la Terre et sur l'Eau, lesquelles les renforcèrent. Et c'est ainsi qu'appurent les tornades et les grands ouragans. Les deux loups eux-même se mirent de la partie, toujours poursuivis par les hommes dans le soleil. Et les saisons devinrent folles aussi. La Terre remua de toutes ses forces, déchirant des sommets, ouvrant des failles immenses. L'Eau se secoua vigoureusement, submergeant des parties entière de la Terre. Et partout des désatres et des catastrophes se déclenchèrent. Mais tous ces efforts n'eurent pas raison des hommes, qui paraissaient même presque indifférents. Ils étaient si nombreux, c'etait si loin de chez eux, à quoi bon y penser, c'est l'époque qui veut ça, etcoetera Mais loin de s'apaiser, la colère de la Terre, de l'Eau et du Vent s'envenimèrent en voyant l'inconscience de leurs enfants. Alors ils leur crachèrent dessus de toute la force de leur mépris. Une grande vague inonda toute une partie du monde, emportant dans son reflux des villes, et les millions d'habitants qui se trouvaient dedans. Un immense ouragan s'abbatit sur une autre partie du monde, rasant dans sa fureur la moitié du pays, et encore des millions d'homme. Un formidable seisme ébranla les montagnes et fit choir leurs sommets sur les hommes qui vivaient en contrebas. Mais là encore, ça ne suffit pas. Alors la Terre retint se facha rouge, et tous les animaux sentirent le danger. L'ours féroce se calfeutra dans ses grottes, le loup aux pattes de velours se cacha dans les montagnes, l'aigle agile s'élança dans l'azur avec à sa suite tous les oiseaux. Tous les enfants des dieux se cachèrent ou se protégèrent, sauf les hommes qui ne savaient plus écouter. Elle retint sa respiration, et le Vent et l'Eau reculèrent, ne laissant que l'esprit du Feu. Là où était le Feu, les plantes mourraient de sécheresse. Là où l'Eau et le vent s'étaient retirés, des inondations titanesques balayèrent les hommes. Puis, expirant toute la rage contenue depuis des milliers d'années, la Terre balança une fois de droite. Les métaux se magnétisèrent, et s'agglutinèrent les uns aux autres. Un frisson parcouru toute la surface, et après son passage la nature même des métaux avait changé. Puis la Terre bascula une fois de gauche et se remit en place. Le sang, vous le savez, contient du fer. Tous les animaux s'étant enfuis ou protégés, il furent épargnés. Mais les hommes par contre. A la premiere bascule, le fer du sang humain coagula, attiré les uns par les autres, tous les atomes se ruèrent les uns sur les autres, empéchant l'oxygène vital d'arriver au poumons. Et comme cet agglomérat était plus lourd que le sang, il tomba comme une masse au fond du coeur. A la seconde bascule, les atomes fusionèrent en une grosse boule, trop grosse pour la poche dans laquelle ils s'étaient réunis. Ce fut si brutal que la poche explosa. Et c'est ainsi que tous les hommes moururent d'un coup, au même moment. Il faut savoir que la terre, en se repositionnant, décida d'abolir les métaux. Elle n'en avait pas besoin en surface, alors elle les passa par des crevasses jusqu'à son coeur à elle, où ils étaient nécéssaire. Ainsi, tout en se guérissant, elle empécha l'argent, ou tout autre métal que ce soit, de corrompre à nouveaux les coeurs, quels qu'ils soient. Depuis, les rares traces des hommes qu'on peut encore voir sont des squelettes de villes, envahis par les herbes et les arbres. Ces vestiges, encore un peu épargnés, emmergent de temps à autre au détour d'un chemin. Il vaut mieux les éviter, et ce pendant encore longtemps, car toute pollution n'en est pas nétoyée, la Terre se remet doucement. Alors mes chers petits, entendez bien mon avertissement. N'allez pas jouer trop près des villes, de grands maux rôdent encore là-bas, qui vous prendraient au moindre souffle d'air. La Terre se remet, mais il lui faudra encore du temps avant d'éffacer les terribles traces de ses enfants insolents. En un très court temps, l'Homme a fait plus de dégats à sa mère que tous les autres animaux réunis n'en feront jamais pendant toutes leurs existences. -"Voilà mes enfants, vous connaissez maintenant le destin des hommes. cette histoire vous-a-t'elle plût? En voulez-vous une autre?" Aux premires temps du monde, alors que les dieux se creusaient la tête pour satisfaire leur frère, nombre d'idées leur vinrent. Ainsi le cheval, dont je vous ai déjà conté les aventures. Or quand le feu marqua de son sceau ces animaux, la Terre prit certain d'entre eux juste avant que la marque noire ne zebre leurs flancs. Pour les protéger elle mit sur leur front une corne, unique, méllange d'air et de diamant, la plus dure des substances. Et ces chevaux, devenu blancs mais non encore zébrés de noirs, portant fièrement une corne incassable, devinrent les gardiens des forêts. Ce sont les premières licornes. Héritières du Feu, de la Terre, du Vent et de l'Eau, sans pour autant etre affiliée à aucun d'entre eux, elles devinrent le symbole d'un équilibre jamais atteint. Ces animaux, conscients de leurs valeurs, décidèrent de rester cacher au fond des forêts, veillant sur les arbres comme sur les habitants. Elles ne désiraient rien tant qu'à rester tranquiles, invisibles, pour ne pas rompre cet équilibre. Car elles avaient compris que ne pas rester secrets nuirait à leur devenir. Certains de leurs enfants naquirent avec des ailes, parfois à la place, parfois en complément de la corne. C'était juste une autre manifestation du don de la Terre et du Vent. Comme leur parents, ils décidèrent de rester secrets. Se nourissant de nuages ou d'herbes, ils parcouraient librement les cieux, cachés derriere les nuages. On raconte même qu'ils servirent de destrier aux dieux, mais le fait est qu'ils ne touchaient terre qu'en de rares - très rares - occasions. Le phoenix inspira au Vent une autre créature. Avec l'accord de la Terre, il prit les corps d'un lion, d'un léopard et d'un tigre. Ensuite il prit les ailes d'un aigle et celles du faucon-tigre. Enfin, avec l'acord de l'Eau, il préleva les écailles des poissons. Avec le corps de lion, il créa la chimère. Mais quand celle-ci s'élança dans les airs, les écailles dont elle était revétue devinrent une queue reptilienne, presque vivante. Alors, avec le corps du léopard et les ailes de faucon, le Vent créa l'hyppogriffe et le griffon. On les différencie parce que l'un a une tête d'aigle et l'autre une tête de faucon, mais ils restent néanmoins assez semblables l'un à l'autre. enfin, il prit le corps du tigre, les serres de l'aigle et les plumes du faucon qui lui restait, et donna vie aux manticores. Ces trois créations s'élancèrent à leurs tours dans les airs, volant et chassant, se reposant sur terre. Mais aucune n'aurait pû satisfaire le Feu, alors les dieux continuèrent de reflechir. De son côté l'Eau estima qu'il manquait un etre spectaculaire en son sein, aussi créa-t'elle des pieuvres gigantesques et des serpents de mer titanesques, lesquels devinrent vite les gardiens des profondeurs. Je conterais la naissance du basilic et du dahut un autre moment, car ceux-ci apparurent bien plus tard. De même vous conterais-je divers évenements qui lièrent ces animaux aux hommes. Pour l'heure, comment réagirent le Feu et l'étoile à la destruction des hommes? Il faut d'abord comprendre que l'étoile, comme le Feu, se servaient des hommes. Ils ne les aimaient pas, parce qu'aucun d'eux ne pouvaient aimer autre chose que lui-même. Mais les hommes étaient des outils tout indiqués pour servir leurs dessein. L'etoile désirait le monde pour elle, le Feu rêvait d'énergie, de fougue, de sentiments, et les hommes le permirent. Quand la Terre, le Vent et l'Eau s'allièrent pour détruire les hommes, et seulement ceux-ci, ils firent grand tort à leur frère irrascible. Cependant, celui-ci avait déjà opéré une scission entre eux, quand ils prit les hommes sous sa coupe. Pour ce qui est de l'étoile, comme je vous l'ai déjà raconté, elle façonna les hommes à son image, et dispersa le peu de matière qu'il lui restait dans ces esprits neufs. Et les hommes, en se reproduisant, reproduisaient aussi cet esprit. Ce qui fait qu'il ne restait plus de l'étoile qu'une volonté farouche de tout posséder pour elle-seule. Son corps, sans vie, sans esprit, fut enseveli par les eaux. Une créature marine voyant cette forme décida de l'adopter, et c'est ainsi que sont nés les étoiles de mer. De l'esprit initial eles ne gardèrent qu'un aspect prédateur, ce qui ne génait pas l'équilibre de la vie sur terre. Quand le Vent, l'Eau et la Terre s'unirent pour exterminer les hommes, ils s'attaquèrent donc au Feu et à l'esprit de l'étoile. L'étoile fut, simplement, détruite. Seul subsistait son corps, récupéré par une créature marine, et avec lui une infime parti de son esprit. Quand les hommes moururent, son esprit mourrut avec eux, et de cette première fondatrice il ne reste maintenant que traces. Sa queue argentée devenue l'Eau, sa poudre dorée devenue Feu puis végétation, son corps devenu etre marin, seul restait dans les hommes sont esprit. Sa vigueur fut telle que l'on en voit encore les vestiges dans les monuments humains. Le Feu, quant à lui, avait misé beaucoup sur cette créature capable de le domestiquer, mais si prompte par l'esprit à se laisser dominer. La destruction de son rêve lui enlevva, d'un coup, toute véleité. Bien sur, il pensa à se venger. Mais comment? Même s'il ne l'admettait, même si ce que ses frères et soeur lui avaient fait subir, il n'était pas inconscient au point de retourner contre eux ses flammes, d'autant qu'il savait très bien qu'en pareil cas les autres esprits auraient tôt fait de le vaincre. Le Vent et son souffle aurait pû l'étteindre, la Terre aurait pû l'étouffer sous ses rochers ou sous le sable, l'Eau n'aurait eu aucun problème à le refroidir et à l'enfermer dans son sein. Alors, résigné, il partit nourir sa colère en compagnie des derniers hommes : dans sa création, la seule, le soleil. Longtemps il fomenta sa vengance, l'amplifiant, l'excitant, la réchauffant de ses ardeurs vindicatives. Mais, nous attendons toujours. Les éléments prirent conscience de la colère du Feu, mais ne pouvant rien y faire, ils se contente d'observer et d'attendre. Et nous autres, mes chers enfants, continuons aussi à vivre en attendant que s'abbate sur nous la vengance du Feu. Voilà, cette histoire est un peu plus courte que les précédentes, maisje vous conterais plus tard quels sont les soupçons des dieux au sujet de cette vengeance, comment basilics, dahut et yétisont nés, et pourquoi ils ne se montrent plus. "Pour l'heure mes chers enfants, grand-père est fatigué, il est tempspour vous aussi d'aller vous coucher, en attendant la suite de cette histoire" Hum, tu as raison mon petit, c'est ma vieille mémoire qui me joue de vilains tours. Le Vent effectivement ne prit pas le corps d'un léopard pour en faire l'hippogriffe, mais celui d'un cheval, je l'avais oublié. Bon, où en étais-je? Je vous contais la déconfiture du Feu et la destruction de l'étoile en même temps que celle des hommes. Une preuve en est, c'est qu'aucune autre des créations n'a cet appetit destructeur qui a causé la chute des hommes, et ce n'est qu'après leur disparition que revinrent les griffons, manticores et autre licornes. Mais avant d'en arriver là, il faut que je vous conte l'histoire de ces créatures. La licorne née du cheval, le griffon du tigre, la manticore du lion et l'hippogriffe du cheval, ces créatures vivaient en paix, jusqu'à l'apparition des hommes. Sentant le monde basculer, elles se réunirent un soir en bord de mer avec les loups, les phoenix, les serpents de mer, et les dragons. Conscient de la folie et du danger que representaient les humains, ils décidèrent, à eux tous, d'assurer autant que faire ce peut l'équilibre. Les loups et les dragons étaient déjà, respectivement, les gardiens de la nature et du temps. Les licornes, comme je l'ai dit précedemment, devinrent les gardiens des forêts. S'enfonçant au plus profond des bois, elles nimbèrent les arbres de leur pureté, et tâchèrent de rester le plus secrète possible.Les erpents de mer et les kraken, évidemment, s'attribuèrent les grands-fonds et l'ensemble de l'océan. Les manticores, solitaires, s'attitrèrent la défense des sommets. Les griffons se répartirent la garde des plaines. Les pégases, fils de licorne, devinrent les vigies des cieux. Les phoenix se firent les surveillants des flammes, et les hippogriffes, enfin, héritèrent de l'esprit animal. Ainsi répartis, ils s'en allèrent, chacun de leurs côté, pendant que les hommes croissaient. Tous ignoraient le rôle de l'étoile dans l'esprit humain, mais chacun d'entre eux pouvait sentir le danger que celle-ci amenait. La manticore, satisfaite en haut de ses rochers, gouvernait les altitudes. Mais les hommes, avide de territoire, ne tardèrent pas à les envahir. Ils ne purent jamais aller bien haut, à cause de ces gardiens farouches, mais ils se cantonnèrent dans les plaines, et sur les flancs des montagnes. Alors la manticore demanda aux chèvres agiles, de les observer. Celles-ci se répartirent aux flancs escarpés des montagnes, et tournaient autour, toujours dans le même sens, pour surveiller les hommes. A force de tourner, les pattes d'un côté devinrent plus courte que de l'autre. Ce furent les premiers dahuts. Quand les hommes virentces droles de bestiolles, ils comprirent tout de suite comment les chasser. Ils fabriquèrent un filet, que tenait une paire d'entre eux, tandis que d'autres se faufilleient derriere l'animal, en silence. Une fois à bonne portée, ils l'éffrayaient. Le dahut alors se retournait, et, bancal, chutait dans le filet. Et comme ils étaient avides et fénéants, ils eurent tôt fait d'anéantir presque complétement cette créature. Laquelle, pour survivre, se cacha dans des grottes, ou sous la glace. Alors la manticore demanda les autres créatures, et elle demanda aussi les esprits. Ils pensèrent une créature qui pourrait surveiller les hommes sans subir le triste sort des dahuts. Le dragon argua que sa forme était la plus simple et la mieux adaptée à la plaine, alors que la licorne prétendait qu'il vallait mieux une créture comme la manticore ou le griffon. Le phoenix quant à lui discutait âprement de la valeur des éléments. C'est alors que la Terre eut une idée. Elle moula à partir d'un rocher une forme presque semblable au dragon, mais plus trapue. Elle l'affubla ensuite d'une paire d'aile comme ceux des griffons ou des hippogriffes, et lui attribua l'élement de la pierre, autant que le phoenix possédait celui du feu. Ses yeux adamantins pouvaient pétrifier tout ce qu'elle souhaiter, il lui sufissait d'un seul regard. Son corps, pourtant d'apparence lourde, sinuait facilement entre les rochers et pouvait même devenir invisible dans les forêts. Mais les esprits, dépossédés du Feu, ne purent la nantirent d'aggréssivité. Aussi le basilic, puisque c'était lui, devait se nourir de rochers, et pouvait à son tour etre pétrifié, pourvu qu'on le voie avant qu'il ne nous voie. Et c'est ainsi que cette création devint un autre gardien des plaines. Le griffons s'attribua les hauts plateaux où ne regnait pas encore les manticores, et le basilic obtint les plaines désértée par le griffons. Et pendant un temps, tout se passe bien. Les gardiens veillaient à ce que les hommes ne déborde pas, qui en les pétrifiant, qui en les chassant à coups d'avalanche ou de tornade, qui en les noyant, ou d'autre façon encore. Cependant, les hommes progressaient vite. Ils ne tardèrent pas à découvrir la faiblesse des griffons, et ceux-ci furent à leur tour menacés d'exctinction. Puis, avec la Technologie, ils s'attaquèrent aux manticores et aux chimères, ils chassèrent les licornes de centaines de forêt à force de couper les arbres, ils faillirent même détruire les hippogrifes et les loups, gardiens du monde animal. Les seuls qui ne furent pas trop touchés par le carnage furent les dragons, gardiens du temps, et trop éloignés pour etre inquiétés, et les kraken, gardiens des profondeurs, là où les hommes n'osent aller. Les dieux, voyant à quel point la folie gagnait du terrain, se réunirent. Après nombre palabres et divers évenements, que je vous conterais un autre soir, ils inventèrent l'amour. Mais les dieux se rendirent bien compte qu'il ne fallait pas le donner en l'état aux hommes, car ceux-ci auraient tôt fait de le pervertir. Mais, où le cacher? En haut d'une mmontagne innaccessible? Non, car les manticores déchues ne les gardaient plus, et les hommes pourraient trop facilement le trouver. Au fond du plus profond des océans? Non, car même si ceux-ci étaient encore bien gardés, tôt ou tard les hommes iraient. Sur la lune, astre vagabons qui contemplait la terre? Non plus, car là-aussi les hommes iraient. C'est alors qu'une idée émergea. "Cachons-le dans le coeur des hommes, car ils n'iront jamais cherché là". Et ainsi fut fait. L'esprit du loup blanc qui vivait dans le coeur des hommes, reçut avec gratitude ce présent, et promit de le montrer qu'à ceux qui s'en montreraient dignes. Hélas, un sentiment aussi fort avive forcément la convoitise. Alors les hommes n'eurent de cesse de le chercher. Ils fouillèrent la terre, le ciel et même la mer. Ils traquèrent le phoenix, le croyant dépositaire d'un tel trésor. Puis les griffons, les pensant propriétaires de ce sentiments. Ils traquèrent les loups, parce qu'ils savaient ceux-ci aptes à l'amour ; ils les traquèrent par peur, parce qu'ils ne les comprenaient pas, et par jalousie. Et bientôt, tous les gardiens furent presque anéantis. Comme les licornes avant-eux, ils décidèrent de rester cachés. Sauf les loups, les plus fiers. "Je n'abandonnerais pas le petit-frère, aussi mauvais soit-il" clama-t'il un jour à ses compagnons d'infortune, avant de les abandonner., car en sa pupille et dans son coeur brulait le Feu, mais dans sa tête et dans son coeur résonnait la sagesse des dieux. Alors le loup, dernier des gardiens, veilla sur les hommes. Continuant à se faire massacrer parce que ceux-ci ne le comprenait toujours pas, ils n'en arrétait pas pour autant sa tâche. Les autres créatures, pendant ce temps, se fondirent dans les éléments auquels elles étaient affiliés. Le phoenix devint pures flammes, et observa les hommes ainsi. Les manticores et les basilics se gravèrent dans la roche, et regardèrent les siecles passer ainsi. Les pégases, griffons et autres hippogriffe, se fondirent dans l'air, et on pouvait encore les voir, certain beaux jours d'été quand les nuages faisaient la course dans le ciel, car ils étaient devenus ces nuages. Les serpent de mer, dont la colère couvait toujours, se transformèrent en gigantesque lames de fond, balayant tout sur leur passage, et particulièrement les navires des hommes. Les licornes devinrent des arbres aux racines solides, au bois trop dur pour etre brulé, et aux cîmes élevées pour discuter avec leurs rejeton. Et c'est ainsi qu'apparurent les épicéas. Et ainsi, ces créatures, cachées, devinrent bientôt des légendes que se racontaient les hommes, le soir au coin du feu. Cependant, maintenant que les hommes ont disparus, certains commencent à s'éveiller. Dans les forêts renaissent les licornes, c'est d'ailleurs par l'une d'entre elles que je sais ce que je viens de vous conter. Les griffons recommencent à peupler la plaine et les dahuts sont sortis des glaces. Les sommets ne sont peut-etre pas encore reconquis par les manticores, mais comment savoir avec ces créatures si solitaires? Levez le nez, mes enfants, et peut-etre aurez-vous la chance de voir un pégase, ou même un hippogriffe, ces gardiens bienveillants. Voilà mes chers petits, cette histoire-ci est finie, mais je vous conterais bientôt comment les dieux créerent l'amour, et comment celui-ci aurait pû sauver le monde. Mais ceci sont d'autres histoires, que je vous conterais plus tard. -"Voilà mes petits, voilà " -"Ah les garous, ces etres magiques entre tous" Leurs apparition date d'un temps lointain. A cette époque les hommes étaient déjà bien implantés sur terre, les gardiens s'étaient depuis longtemps repartis les tâches, certains commençaient même à disparaître par la faute des hommes. Et le monde commençait à virer à la folie. Il ne faut pas croire que les hommes furent éphémères. Et ils commencèrent très tôt, comme des enfants mal élevés, à chahuter la terre. La folie qui régna sur le monde tout le temps que vécurent les hommes dura bien des années, et commence à peine à s'estomper alors qu'ils ont disparus depuis un moment. Or donc, au moment où le Feu, dans sa furie, conscenti à se laisser manipuler par ces créatures, la Technologie s'empara de l'esprit des hommes, et le monde vascilla sur ses bases. A cet instant précis, où les premières étincelles domestiquées crépitèrent joyeusement sur un bûcher artificiel, à cet instant seulement, les dieux se rendirent compte de l'ampleur du désastre. Le Feu lui-même, bien que satisfait de ses enfants, se demanda s'ils n'allaient pas dépasser ses éspérances, ce qu'ils firent évidemment, mais ceci, je vous l'ai déjà conté. Or donc les dieux, inquiets, se réunirent encore. Avec eux se trouvaient les gardiens, à l'exception du dahut, déjà caché dans le coeur des glaces. Et les esprits observerent ces enfants serviables, mais malheureusement impuissants face à la force de l'homme. Tous, ou presque, étaient des composites. Seuls le dragon, le loup et le kraken se trouvaient être des créations à part entière, les autres avaient été inspirés par des créations déjà existantes. Ils discutèrent longtemps, longtemps, longtemps. Et pendant qu'ils discutaient, les hommes continuaient leurs avances. Un matin, alors qu'un timide soleil d'automne moirait l'horizon d'une parure ambrée et décorait les arbres aux milles couleurs ; la licorne en les voyant ne pût retenir un soupir. La perte de leurs feuillages rendait les arbres tristes, ils ressemblaient alors à quelque homme difforme, tendant vers le ciel des doigts implorants de faire revenir la douceur du printemps. La licorne, gardienne des forêts, exprima son désarrois à l'assemblée. C'est alors que le loup, gardien et régulateur de la nature, et par essence le plus proche des hommes - car les feux qui brulaient dans ses yeux consumaient le coeur des hommes - eut une idée. Il fallait rendre les hommes plus proche de la nature. Oui! Mais comment? Ils s'étaient tellement éloignés des dieux qu'ils n'entendaient même plus leurs appels, ni encore moins leurs plaintes. Ils s'étaient tellement enfermés sur eux-même que le monde entier était devenu un ennemi contre lequel ils luttaiant sans cesse. Même entre eux ils se battaient. Comment alors leur faire entendre raison? Le loup développa son idée à cette réunion. Il avait remarqué que la seule créature qu'écoutait l'Homme, c'était l'Homme. Même si des guerres intestines les dévoraient, même s'ils combattaient presque tout ce qui bougeait, certains parmis les hommes les dirigeaient. si ceux-ci devenaient plus proche de la nature, peut-etre les hommes les écouteraient-ils? Oui! Mais encore une fois la question se posait : comment? Alors le loup exprima le fond de sa pensée. "Pères, vous avez donnés à nos frères ici présents des éléments d'autres de vos enfants, du faucon, de l'aigle, du lion, du cheval, et d'autres encore, pourquoi ne pas faire la même chose aux deux-patte?" Les dieux, déconcértés, se regardèrent longuement, s'intérrogeant du regard. Ils prirent quelques hommes parmis la multitude qui peuplait la terre, et suivirent l'idée du loup. Mais au lieu de les transformer complétement, ce qui aurait provoqué leur rejet, ils leur donnèrent la capacité de changer. D'aucuns devinrent des loups, d'autres des lions, ou des tigres. On les affilia presque systématiquement avec des prédateurs, en raison du caractère particulier de l'homme. Imaginez un esprit carnivore dans le corps d'un herbivore. En fait, les dieux essayèrent, avec le plus noble de tous leurs enfants : le cheval. Mais le corps rejeta l'esprit, la tête se déforma et un torse d'homme en émergea à la place, et c'est ainsi qu'apparurent les centaures. Conscients de leurs différences, et pourtant libérés du joug de l'étoile, ils refusèrent de repartir voir les hommes, et décidèrent de seconder les licornes. Alors les hommes créerent les garous, les mêlant à des prédateurs. Et ceux-ci s'en retournèrent parmis les hommes. Cependant, l'etoile, qui habitait l'esprit humain, eut tôt fait de pervertir la volonté des dieux. Un soir de pleine lune, elle sentit la révolte animale gronder au fond de son corps. Elle n'aimait pas les animaux. La colère du Feu eut raison de ses réticences, et les garous changèrent de forme, devenant ces prédateurs à parti desquels les dieux les avaient fait. Certains devinrent complétement animaux, mais la grosse majorité d'entre eux se retrouva dans une forme hybride, dominée par un esprit prédateur, par la fureur du Feu attisée par la pleine lune, et par la lutte de l'étoile pour reprendre le contrôle. Et sitôt cette nouvelle forme acquise, les garous n'eurent rien de plus presser que de combler cette faim qui les dévorait. Ils s'en prirent donc au gibier qu'ils avaient sous la main : les hommes. Quand la lune se coucha, le Feu perdit un peu de son emprise, et l'étoile pût alors reprendre sa forme initiale, mais à quel prix? Les hommes, c'est bien connu, sont rancuniers. Malgrès les cris de l'étoile dans leurs esprits, ils traquèrent les garous pour tenter de les exterminer. Mais, il est difficile aux hommes de se reconnaître les uns des autres, et l'étoile cacha si bien son jeu, que les garous survivèrent, et survivent encore. Certains furent tués, mais dans la confusion, des non-garous aussi, si bien qu'au final l'Homme ne savait plus différencier le "vrai" du "faux". Alors, plutôt que de s'exterminer complétement, il inventa des règles censées le protéger, il inventa des personnages tout-puissant entre les mains desquels il se remettait, et il surveilla ses pareils, pendant des siècles et des siècles. Quand les hommes furent détruits, les garous, tout au moins leur part naturelle, entendit les semonces des dieux, et ils se cachèrent avec les autres créations. Et la terre prit une grande inspiration. La sécheresse s'abbattit à certains endroit, des cyclones dévastateurs ailleurs, et l'étoile dans les garous paniquait. Et la terre balança une fois de droite. Le champ magnétique s'inversa, regroupant le fer dans le coeur des hommes, modifiant légerement celui des autres créations. Et l'étoile dans les garou paniquait à juste raison : sa structure se modifiait. Et la terre bascula de gauche, se remettant en place. Le champ magnétique s'inversa encore, le fer gela, se condensa et explosa dans le coeur des hommes. Et l'étoile ne paniquait plus. Bien que les garous fussent bien cachés, la colère du monde avait atteint cette petite étoile dans l'esprit des garous. Sa structure, complétement modifiée par ces brusque changement, était redevenue celle d'une étoile originelle. Alors, ivre de joie, elle regroupa ses morceaux épars dans les esprits restants, se recomposa, et s'élança dans le ciel, sa grande toge de nacre élancée derriere elle. Et depuis ce temps, par gratitude pense-t'on souvent, elle revient souvent nous rendre visite, solitaire et heureuse. Elel ne se pose plus sur la terre, la leçon lui a suffi, alors elle voyage, repassant de temps à autres. Et les garous? Ils ne souffrirent pas, comme les hommes, de ces violences, aussi survécurent-ils. Délivrés de l'étoile, ils se rapprochèrent de la nature et eurent le droit de choisir leur forme. Et c'est ainsi qu'ils deviennet loup, tigre, lion, ou homme, ou ces étranges forme qui ne sont ni l'une ni l'autre et en même temps un peu des deux. Et si d'aventures, mes chers enfants, vous voyez un homme, en forêt ou en montagne. C'est qu'il s'agit simplement d'un garou qui vaque à ses affaires. -"Voilà mes chèrs enfants. D'autres histoires viendront plus tard. Pour l'instant, après avoir rassasié vos petites têtes, si vous alliez régaler vos petits ventres ^^?" "Voilà mes petits, voilà, désolé de vous avoir fait tant attendre, pour me faire pardonner, laisser moi vous contez non pas une, mais deux histoires. Bandes de petits veinards . Avant tou, voici la lune et l'enfant Au temps où la terre était encore jeune, alors vierge des souillures des hommes, naquit un enfant blanc. Blanc comme la neige. La lune, alors croissante et décroissante, poursuivie sans relâches par le chien, animal fidèle, regarda cet enfant. Elle le trouva beau. Hormis le chien qui la construisait et la reconstruisait sans cesse, elle n'avait personne. Certes des millions d'étoiles lui tenaient maintenant compagnie, mais la lune restait solitaire. Quand elle vit cet enfant qui avait sa couleur, elle le voulut, jalousement. La guerre étant finie entre la terre et la lune, cette dernière se permit de demander l'enfant. La terre commençait à sentir le poids de ses enfants sur son sein. Elle s'entretint avec les parents de l'enfant. -“Mais c'est impossible” s'écrièrent ceux-ci, “Nous ne voulons pas le laisser partir”. La lune, entendant cela, menaça de disparaitre dans le néant. Le chien qui la poursuivait s'arréta, surpris. La lune était alors à son croissant. -“Je veux cet enfant, se lamenta la lune, par pitié, donnez le moi” -“Mère-lune, répondirent les hommes, qu'en feras-tu une fois que tu l'auras? Comment le berceras-tu, toi qui n'as pas de bras?” -“Voyez le berceau que je lui tend à présent, une fois par mois, pendant quelques jours, je le bercerais tendrement” dit la lune -“Mais, mère-lune, est-ce que ce sera suffisant?” -“N'ayez crainte mes chers petis, pendant le reste du temps, il arpentera ma face, semant au quatre vents les morceaux de lumières permettant les étoiles.” Le chien, hurla en entendant ces paroles. A force de lui courir après, il s'était attaché à la lune. Mais les hommes répondirent -“Mère-lune, qu'adviendra-t'il quand notre enfant aura éparpillé tous les morceaux de lumières et que tu seras vide?” -“Alors, en même temps que moi, il se reposera, puis ramassera ces morceaux et les recollera, ensuite, il pourra à nouveau éssaimer le ciel d'étoiles neuves”. C'est alors que la Terre se mit de la partie. -“Vous aimez ma soeur, la lune, leur dit-elle, ne l'aimerez-vous encore plus si vous savez que cet enfant y vit?” Les hommes réfléchirent un instant, grand leur coutait de se séparer de ce petit garçon, blanc comme le sommet d'une montagne, mais ils connaissaient son destin. Aussi son père et sa mère tendirent-ils le garçon à la lune, alors en croissant. Elle le pris entre ses deux pointes, et le berça tendrement, laissant l'enfant se reposer. Puis elle recommença à rouler, diminuant de jour en jour. Les hommes se trouvaient au désespoir, qu'aller-t'il advenir de leur précieux espoir? La lune finit par disparaitre, le chien continuait sa course, mais les hommes ne césserent de se lamenter, jusqu'à ce que la lune réapparaisse. Quand elle atteint la forme de croissant, tous purent distinguer le berceau qu'elle maintenait entre ses pointes. Elle continua de croitre, et quand enfin elle devint pleine, les hommes regardèrent amoureusement ce jeune garçon aux cheveux longs qui déambulait gaiment sur sa face. La lune, quant à elle, était heureuse de sentir ses pieds fouler son visage. Elle ne se sentait plus d'aise, et le jeune homme rammassait des grains de lumières qu'il jetait dans l'air, recréant des étoiles, et creusant la lune. Quand elle devint croissant, pour la première fois avec le garçon dans les bras, celui-ci s'allongea entre ses deux pointes, lança sa ligne et pécha les rêves des hommes, il les collectionna, tout en éparpillant encore les morceaux de lumières de la lune. Quand celle-ci fut vide, ou neuve, il se reposa, comme promis, puis il entreprit de la reconstruire. Mais pas avec les étoiles, il utilisa les rêves des hommes. Il ne pouvait tous les utiliser, aussi les mélangea-t'il avec des poussières d'étoiles. La lune continua de grandir, elle ressentait un changement, mais ne savait d'où il venait. Elle était simplement heureuse de sentir son fils sur son visage, celui-ci reconstruisant sa “mère” par petit bouts. Quand arriva le croissant, il se reposa encore un peu, pêchant les rêves purs, et les cauchemards qu'il dispersa aux quatres vents. Puis il recommença sa besogne, reconstituant la lune, bouts après bouts. Quand elle fut pleine, il fut tellement content qu'il dansa et sauta sur la face de la lune, et les hommes qui le virent étaient heureux, et la lune qui le sentait était heureuse aussi. Il ramassa alors quelques grammes de lumières qu'il lança au loin, recommençant le cycle. Ces morceaux furent autant d'étoiles filantes qui enchantèrent les hommes, car elles étaient faites de leurs propres rêves. C'était alors la nuit de la St Jean, la nuit la plus courte sur terre, et les hommes firent un grand feu, pour remercier Pierrot, fils de la lune, de ses bienfaits. Et la lune recommença à décroitre, creusée par son fils, qui à chaque croissant péchait, pendant quelques jours, les rêves des hommes, à partir desquels il reconstituait sa “mère”. Le seul qui soit triste, c'est le chien. Abandonné par sa maîtresse, il crie à chaque pleine lune son amour pour celle-ci, que Pierrot accueille avec compassion, à tel point qu'il permit au chien de les suivres, sous forme d'étoiles. Et voilà pourquoi, depuis ce temps là, un jeune homme aux cheuveux longs arpente la face de la lune, voilà aussi pourquoi la lune est faites de rêves, et surtout, voilà pourquoi depuis ce temps, la constellation du chien n'est jamais loin de la lune, et voilà pourquoi les chiens de la terre hurlent. Ils ne crie pas sur la lune, ils rendent justes hommage au plus fidèle de leur compagnon. C'est depuis lors qu'il existe des étoiles filantes, qui ne sont autres que des morceaux de rêves jetés sur terre, c'est aussi depuis ce temps que les hommes font des feux pour le solstice d'été, la nuit la plus courte de l'année, car même si ce n'est pas la pleine lune, ils profitent pleinement de la présence de leur fils, devenu fils de la lune, et lui rendent grâce par ces immenses brasiers. "Voilà mes petits, la deuxième histoire arrive tout de suite, un peu de patience je vous prie" "Voilà mes petits, une autre histoire, laissez moi vous conter celle du gardien vénérable" Il y a bien longtemps de cela, alors que les premiers hommes apparaissaient à peine sur terre, différentes créatures s'étaient réunies pour devenir les gardiens. Qui de la montagne ou des vallées, qui de la forêt des océans ou de la nature. Les dragons eux-même devinrent les protecteurs et les directeurs du temps. Certains, comme je l'ai dit, devinrent de foudre et on les vit bientôt gambader follement dans le ciel, le zébrant de leur fureur joyeuse. D'autres devinrent d'eau, assénant sur la terre des courants majestueux, quelques-uns devinrent de feu et ainsi les gardiens de secrets ancestraux, ou même de terre, et on les croise encore sur certaines îles. Il en fut même qui s'allièrent au Vent et construisirent leurs nids dans les nuages. Mais il en est un d'entre eux, un seul, qui trouvait tout cela redondant. Dans la mer, n'y avait-il déjà pas les kraken et autres serpents de mer? Dans les airs les pégases? Sur la plaine les griffons? A quoi, alors, servaient les dragons? Il posa haut et fort la question, mais n'obtint pas de réponse. Ou plutôt si, il en obtint une. Les animaux fabuleux, devenus par volontés gardiens des forêts, des plaines ou des vallées, se trouvaient ainsi secondés par les dragons, farouches et fièrs, solitaire et généreux. "Mais cela fait double emploi!" exorta le dragon de feu "Non" lui fut-il répondu "les dragons sont devenus élémentaires, et par conséquent détenteurs de la même puissances que nous, alors que les animaux surveillent l'équilibre de chaque chose dont ils ont la garde" "Les prédateurs ne suffisent-ils pas à maintenir l'équilibre?" "Et qui prédaxe les prédateurs si ce n'est les gardiens?" Résigné, mais non convaincu, le dragon demanda à devenir gardien des volcans. Plongé sous terre, à l'abri, pensait-il, du monde et de ses bêtises, il veillerait à ce que la lave n'incendie pas la terre, sauf ordre contraire. Et ainsi fut fait. Chacun retourna à sa place, les dragons d'eau jouant avec les serpents de mer, les dragons de foudre et de vent gambadant avec les pégases. Même l'irascible dragon de feu surveillait son volcan en compagnie d'un phoenix, se disant que ça lui faisait un peu de compagnie. Et la terre continueait de se peupler. Un soir, une grande agitation eu lieu : la lune, compagne maintenant connue, réclama aux hommes un enfant pour combler sa solitude. Le dragon leva une oreille endormie à ce remue-ménage, mais sans plus y prêter attention. Il écouta, sans se manifester, les discussions entre les hommes, la lune et la terre. La fin de ce conciliabule est connue, et l'enfant fut adoptée par la lune. En entendant cela, il ressentit au plus profond de lui un étrange soulagement, de même qu'une immense frustration. "Mais pourquoi se tourmenter de la sorte?" se demandait-il? Son trouble était tel qu'il ne remarqua pas que les étincelles du phoenix endormi venaient lui chatouiller les narines. Un éternuement redoutable le secoua, dérengant les volcans calmes. La Terre, remuée jusque dans son sein, se demanda se qui se passait, mais ne s'inquiéta pas outre mesure. Les hommes par contre, prirent peur. Ils se rendaient compte qu'ils ne maîtrisaient pas encore l'environement dans lequel ils se trouvaient, et décidèrent d'y remédier. Cependant, loin de se rendormir, le dragon réfléchissait. Pourquoi l'adoption par la lune d'un enfant humain le tourmentait-il à ce point? Pourquoi devait-il s'allier à cette espece de piaf qui piaillait en face de lui? Pourquoi ci, pourquoi ça? Et sans jamais trouver de réponse. Et le temps s'écoula, sans plus de heurts. De temps en temps le dragon ou le phoenix soulageaient la Terre de quelque tension en relachant de la lave qui eructait alors en surface, de façon paresseuse ou explosive. Et les hommes, à chaque fois, tentaient de maîtriser ces éxplosions qu'ils prenaient pour la colère de la Terre. Cependant, un matin, le dragon se rendit compte que le comportement des hommes était en partie dû au sien : les hommes ne comprenant pas ces expressions volcaniques tentèrent d'abord de s'en protéger avant d'essayer de les domestiquer. Inadmissible, impossible! Un gardien qui orientait les hommes vers la destruction? Au lieu de les orienter vers la compréhension? Impossible, inimaginable! Et pourtant... et pourtant, c'était exactement ce qu'il se passait. Les hommes ne comprenant pas, tentaient, une fois de plus, de plier la nature à leur volonté. Déjà que le dragon doutait, imaginez le coup que cette nouvelle lui porta. Grondant de toute sa haine, de toute sa colère emmagasinée pendant toutes ces années, il décréta à grand renforts de laves et de magma que sa place n'était pas et n'avais jamais été sous terre, à garder les volcans. Il venait enfin de trouver la réponse à toutes ses questions. Dans une explosion titanesque, la Terre et les hommes eux-même s'en souviendront pendant des siècles, il prit son essor. Il déboucha du cratère d'un volcan situé au milieux de la mer. Le nuage que cette erruption provoqua couvrit la moitié du monde, et le bruit se repercuta dans toutes les directions sur des milliers de foullées de distance. La lave et les rochers, expulsés par la sortie de la créature, furent projetés sur des centaines de pas aux alentours, brulant et carbonisant. Les hommes, éffrayés par ce déchainement de puissance, se répèterent longuement et pendant longtemps cette histoire fantastique. Quoiqu'il en soit, le dragon vola dans le ciel, on raconte même encore aujourd'hui des légendes sur ce ruban de flamme qui illumina l'espace un bref instant, il vola plus haut que les nuages, il dépassa la foudre et le Vent, il sema même les agiles pégases, et au plus il montait, au plus il perdait sa couleur rouge pour devenir d'une blancheur éclatante. Car c'était là sa réponse. L'ultime, la seule et unique réponse à toutes ses questions. Il ne voulait pas, n'avais jamais voulu rester dragon de feu, mais il ne voyait pas l'utilité d'etre autre chose, jusqu'à ce jour. fendant le ciel nocturne, il s'instaura, à la satisfaction de tous, et surtout à celles de l'enfant, de la lune et du chien, il s'auto-déclara défenseur de la nuit et gardien des étoiles. Il était devenu dragon de lumière. Ne faisant redondance à aucune autre créature, il tenait néanmoins compagnie au chien, à l'enfant et à la lune. A cette nouvelle tous les dragons barrirent à l'unisson, et le ciel s'entrouvit pour accueillir leur frère à sa juste place. L'enfant battit des mains et dansa de plus belle sur la face de la lune, qui sourit de joie. Même les chiens jappèrent pour manifester leur contentement. Et c'est depuis ce temps que l'on peut observer cet immense dragon, jouant dans le ciel étoilé, le barrant de sa masse blanche constellée. Et c'est depuis ce temps que la nuit est aussi douce, parce qu'un dragon veille sur les rêves, parce qu'un enfant les pêche et en fait des étoiles, et parce que le chien, fils du loup, veille, comme son père, sur la nature, mais depuis là-haut. "Voilà mes petits, encore une fois, excusez moi de ce retard. Maintenant mes chèrs enfants, si vous n'avez pas de question, grand-père s'en va chasser... la lune est belle ce soir, c'est une belle nuit, et le dragon lui-même nous souris. Vous venez?" -"Dis papi, comment la lune a rencontré la terre? Et pourquoi le chien la poursuivait-elle?" -"Hahahaha, ces deux histoires sont liées l'une à l'autre, désirez-vous les entendre maintenant?" -"Oh oui, dis grand-père, s'il-te-plait" -"d'accord, d'accord mes petits, écoutez donc la lune" Cette histoire se passe en des temps lointains, à l'époque où la terre était encore jeune. La lune, alors astre vagabond, vint à la croiser lors de ses pérégrinations. Attirée par la beauté de cette planète bleue, elle s'approcha et se mit à la fixer. La terre la remarqua et une solidie amitié naquit de cette rencontre. Pendant que la terre grandissait et que diverses créatures apparaissaient, la lune ne changeait pas, à part un cratère par-ci, par-là. Mais la lune était jalouse de ce changement qui affectait son amie, mais ne la touchait pas elle, et de cette jalousie une violente dispute s'ensuivit. Les hommes, qui apparurent à cette époque, admiraient le disque argent qui brillait seul dans la nuit, ils ignoraient alors la dispute qui sévissait. La terre, partit dans une telle colère, qu'elle envoya un de ses animaux les plus fidèle pour attaquer la lune. Pour qu'il puisse traverser l'espace, elle transforma le chien (puisque c'était lui) en lumière et l'expédia à la poursuite de l'astre argent. Le chien commença alors à manger la lune, mais il recrachait à chaque fois les morceaux, incapable de les avaler. Et à chaque fois qu'il recrachait, des gouttes de lumières filaient dans l'espace, s'accrochant à sa tenture. Il mit 14 jours pour la faire disparaitre, mais les hommes pleurèrent la perte de leur déesse. La terre, maternelle au possible, demanda alors au chien de reconstruire la lune. Mais le pauvre animal ne savait quels morceaux de lumière prendre. Il en ramassa quelques uns, et entrepris de remodeler la lune. Il mis à nouveau 14 jours, mais en voulant se retourner pour redescendre, il lui mit maladroitement un coup de queue qui la fit tourner autour de la terre. Sa vitesse désagrégea petit à petit le long travail du chien, et au bout de 14 jours, la lune était de nouveau éparpillée. Le chien s'en apperçut et commença à lui courir après, mais il devait ramasser les morceaux de lumières éparpillés, et ne pouvait tous les prendre, il atteint enfin la lune, au moment même où celle-ci perdait son dernier morceau, et avec ceux qu'il avait rattrapé, il la remodela à nouveau. Pendant encore 14 jours il oeuvra, poussant la lune devant lui. Quant enfin elle fut entière, il s'endormit, mais il avait oublié que la lune, maintenant, tournait, et quand il se réveilla, il s'apperçut qu'en partant elle laissait dérrière elle une trainée d'argent, qu'il ramassa en partie. Il la rattrapa encore au bout de 14 jours, et recommença à la remodeler. Les hommes en bas ne comprenaient pas pourquoi la lune grandissait et rapetissait, ni pourquoi d'autres points brillants apparaissaient à ses côtés, alors la terre le leur expliqua. Et c'est depuis ce temps que la lune tourne et croît, poussée par un chien qui la modèle, et c'est depuis ce temps que la lune tourne et décroît, suivant son mouvement et perdant dans l'espace des morceaux d'argents qui devinrent les étoiles. -"Voilà mes petits, cette histoire est finie. y en a-t'il une que vous voudriez maintenant entendre?" -"Hum... question difficile mon petit... mais je crois avoir la réponse à cette question. Mais avant d'y répondre, il me faut vous raconter la légende des deux loups Aux temps anciens, la louve mis au monde deux petits, l'un était gris et joueur, l'autre était blanc et sage. Elle les aimait tous deux à égal, sans chérir l'un plus que l'autre, et tous deux grandisssaient, en joie, en sagesse et en force. Les années se passaient, tranquilles. Le gris jouait ou faisait montre de force, tandis que son frère restait souvent assis, à contempler les étoiles ou bien le monde en se posant des questions. Et bien qu'ils fussent très proches, ils étaient fort différents de caractère. Ils devinrent de beaux jeunes loups, faisant l'admiration de leur mère, et l'envie de toutes le jeunes louves de la meute. Le gris ne se lassait pas de montrer sa force, bombant le torse, fier, il défiait quiconque lui regnait le passage ; pour les beaux yeux des femelles il aurait bravé la lune, il conquérait les coeurs. Le blanc se contentait de regarder, observant le monde, tranquille, il se contenter de poser sur ses semblables un regard de compassion ; il arpentait déjà la lune, il domestiquait les âmes. Or il advint qu'un jour, une tempête se leva sur l'horizon; lourde, cruelle, froide, elle avançait sur le monde tel un monstre en furie. La meute se réfugia dans les grottes, la louve mit à l'abri ses petits, mais ceux-ci refusèrent. Le gris dit “tu vas voir, je vais mordre ce nuage et la tempête finira”, et il courut vers elle, souple, les dents claquants dans la tourmente. “Attends!” lui hurla le blanc “Quoi? Toi aussi?” geignit la mère “Non mère, je ne cherche pas à vaincre, mais mon imbécile de frère va mourir si je ne fais rien” “Alors va, mais revient moi, revenez moi tous deux” “Je ne le peux mère, mais je peux te promettre que tu ne nous oublieras pas” Et le blanc s'élança à la suite de son frère, souple et rapide, ses pas effleurant à peine le sol. La mère pleurait ses deux seuls petits, pourquoi étaient-ils partis? La tempête se rapprochait, implacable. Le gris se dressa sur la colline et la défia “viens toi qui est si puissante, rien ne peut me faire fuir, je vais te défaire” Le blanc s'assit derriere son frère et murmura “viens toi qui est si ancienne, qu'est-ce que la fuite? Je vais te faire” Et les deux s'élancèrent dans les nuages, un éclair gris, un éclair blanc, ils disparurent. Et la tempête se calma. Elle épargna la meute blottie sous les rochers. Elle epargna la mère attristée. Elle reflua, se désagrégea et disparu. Les loups cependant, continuaient chacun leur combat. Le gris tailladait les nuages de griffes et de crocs, inlassable, mais sans cesse il se trouvait environné de ces montagnes brumeuses qui peu à peu l'encerclaient. Le blanc, comme à son habitude, restait calme et sage, et ces peluches duveteuses ne l'approchaient. Un orage gris regnait au milieux des nuages, les tourmentant encore et plus, et le vent qui se déchainait tournoyait, entrainant le ciel dans sa folie. Un paradis blanc restait au milieux de ces tourments, calme et paisible, les nuages s'en écartaient respectueux, et le vent qui se déchainait, évitait cet oasis. Quand le vent et le loup gris courirent de concert en une course folle, le blanc appela sa mère et tint sa promesse. Ses longs poils tombèrent sur terre, et son frère se déchainait. La mère les vit, les poils recouvrirent bientôt le sol, mais ils étaient devenus doux comme des nuages, tandis que le ciel grondait du combat du gris contre le vent. La louve, se terra dans les grottes, regardant ses fils. Mais les nuages disparurent, et le ciel redevint tranquile. Seuls restaient sur le sol des flocons couleur de son fils. Alors elle sortit, et sous ses pattes naquirent des fleurs qui pointèrent sous la couche. Mais le vent tournoyait plus vite, au loin, gardant en son sein un havre paisible. Les loups n'oublièrent pas leur mère, et revenaient la voir chaque année, obligeant la meute à s'abbriter sous les rochers. Ils restaient longtemps, mais dès qu'ils partaient, la mère sortait en premier, les poursuivant, et laissant dans son sillage un jardin de petites fleurs. Et c'est depuis ce temps que la neige tombe de nuages gris agités par le combat du gris contre le vent, c'est la promesse du blanc à sa mère. Et c'est aussi pourquoi, à chaque fois que les nuages s'en vont, apparaissent ces fleurs blanches appelées “perce-neige”. Voici aussi pourquoi les ouragans sont gris alors que leur centre est calme. Ce sont les fils de la louve qui - l'un se bat, l'autre dompte - passent sur le monde. Le nuage parcourait le monde, le balayant sur son passage. Un jour il atteignit une montagne, et le gris, pris de frénésie, s'attaque à la paroie. Les morceaux qui en tombèrent éclatèrent sur le sol dur, alors le vent s'immisca en chacun d'eux et leur offrit un peu de lui, espérant calmer le gris. Mal lui en prit. Dans la roche, le vent devint esprit, insufflé par la colère, la haine, la folie, et, quand même, un peu de la sagesse du blanc. Et les morceaux se mire à bouger, d'abord lentement, ils se redressèrent et se regardèrent, imparfait. Alors, l'un d'entre eux qui ressemblait à une petite étoile taila les autres à son image pour tous les rendre identiques, et c'est ainsi que naquirent les premiers hommes. La tempête ayant finalement rongé la paroie, elle continua sa route, semant l'enfer sur son chemin. En effet, le gris tournoyait toujours plus vite autour du blanc, toujours calme et impassible, et les vents, chahuté dans tous les sens, luttaient de plus belle avec le gris, et peu leur importait ce qui se trouvait sur leur chemins : seule comptait maintenant la lutte. Les hommes regardèrent ce sillage dans la terre, ils comprenaient la folie du gris, car elle était en eux aussi, aussi se lancèrent-ils à la poursuite du vent. L'un d'entre eux, héritier d'un peu plus du blanc, vit que malgrès leur longues jambes, les hommes ne ratrapperaient jamais le nuage, alors il s'arreta, au grand étonnement du reste de la horde qui stoppa brusquement, a force coups et grognements. "Ecoutez!" leur dit-il" nos lances ne sons pas assez aiguisées contre ceux là, nos pieds ne sons pas agiles, la lutte est vaine ainsi" "Allons-nous abandonner?" se plaignit l'un d'entre les plus "gris" "Non, voyez ce chariot de feu qui les suit sans relaches, il est plus rapide que nous, et de la haut nous pourrons faire des lances plus acérées" "Mais il est trop petit pour nous tous" intervint un autre "Seuls quelques-uns monteront là-haut" A peine eut-il dit ces mots que les hommes se jetère les uns sur les autres en criant comme des forcenés "Moi je serais le premier", "Non! Moi", "Laissez moi passer!". Seuls quelques membres regardaient sans rien dire, ils comprenaient leur folie, mais ne la partageais pas. Au bout d'un moment, un petit groupe sorti de la méllée et se dirigea vers le soleil en catimini, tandis que le reste des combattants continuait à se taper joyeusement dessus, sans se rendre compte qu'ils étaient déjà vaincus. Et voici d'où vient la guerre entre les Hommes, ils se battent pour avoir leur place au soleil, sans savoir que celle-ci est déjà prise. Le groupe des rusés atteignit bientôt l'astre, ils y montèrent, et partirent à la poursuite du nuage. Leurs lances devinrent plus acérées comme l'avait promis le sage, et leur pied étaient aussi beaucoup plus agiles, mais la folie brulaitait leur pensées, et partout où ils restaient trop longtemps, à flairer la trace du vent, la terre se déssechait. Les loups s'apperçurent qu'il sétaient poursuivis, le gris voulut les attaquer, mais le vent le rattrapa et la lutte continua. Le blanc les regarda, et une brise froide partit à l'encontre des hommes, calmant les désastres qu'ils causaient. Pendant ce temps, la mère attendait. Ses petits s'étaient éloignés depuis longtemps; ils avaient même dépassé le temps de leur retour habituel, ils n'allaient pas tarder à revenir. Mais au lieu d'eux, ce fut un jeune homme, un des pacifiques, qui approchait, en douceur. La mère ne le flaira pas, trop occupée à chercher ses petits, et elle sentit à ce moment là qu'ils ne passeraient pas. Alors baissant doucement la tête, elle laissa s'écouler sur le sol des larmes. Le jeune homme, qui se tenait maintenant à son côté, la caressa tendrement, affligé de la voir pleurer. Elle sursauta à ce contact, et s'écarta d'un mouvement, mais revient bientôt, intriguée par cette drole de chose qu'elle ne sentait pas aggressive. Elle le flaira, le huma, et lui se laissa faire. Quand elle eut fini il lui demanda pourquoi elle pleurait, alors la louve lui raconta son histoire. Le jeune homme, ému, ramassa quelques larmes et les jeta en l'air, puis il dit à la louve : "Je vais créer quelque chose qui te permettra de savoir quand tes petits reviendront, et qui leur permettra de savoir où te trouver" Alors, plongeant soudain ses pieds dans la terre, il attrapa les larmes au vol et commença à se transformer. Sa peau devint dure et noueuse, mais on sentait quand même palpiter son coeur dessous, ses doigts se ramifièrent et ses ongles se colorèrent de vert. Il grandit, tandis que ses pieds s'enfonçaient loin dans le sol. Bientôt sa tête disparut dans l'écorce, alors il leva les bras vers le ciel et se recouvrit d'une coiffe verte et touffue, composée de petites feuilles qui ressemblaient à ses mains. Et c'est ainsi que naquit le chêne, union d'un homme et des larmes d'une louve, et c'est pourquoi ses fruits ont cette drole de forme, celle d'une larme renversée, car la louve pleure vers le ciel en attendant ses petits. Quand les petits revinrent, toujours poursuivis, les feuilles du chêne jaunirent, puis brunirent et se raccornirent. Elles sentaient l'arrivée de la tempête. La louve le sentit aussi et s'abbrita avec sa meute. Bientôt arriva dessus l'arbre. Mais le vent bestial ne fit que le décoifer et jeter quelques feuilles à terre, le feuillage résistait. Alors le blanc se pencha au travers des branches et parla longuement à sa mère, laissant tomber à terre ses poils pour tenir sa promesse, et même le gris calma un peu sa rage pour venir lui parler. Au bout d'un moment le vent, impatient, reparti de plus belle, emportant toutes les feuilles sur son passage. Comme à son habitude la louve sortit, et comme d'habitude sa trace était décorée de perce-neige. Mais cette fois là quelque chose d'autre se passa. Dès qu'elle touchait une feuille, celle-ci laissait entre-voir un bourgeon, qui bientôt s'ancrait dans la terre, et grandissait. Et le chêne reformait sa parure, sous l'oeil extasié de la louve. Les hommes dans le soleil arrivèrent bientôt, et toutes les feuilles et les fleurs, prirent une teinte jaune-orangée, brulée. Ils passèrent en trombe, suivi peu après par une frange grise. C'était le louveteau, qui avait pris un peu d'avance sur son frère, et venait s'excuser. Ses larmes fondirent sur le sol, le noyant dans un écrin de brume, puis il repartit en direction opposée. Le blanc vint juste après, et éclaira de son calme les couleurs que son frère avait provoquées, dont un ocre chatoyant pour le chêne. Il demanda à sa mère, au travers des branches, ou ce dernier était. Il le rejoignit quand il eut la réponse et bientôt les deux louveteaux repassèrent au-dessus de la meute, recommançant le cycle. Et c'est depuis ce jour que les feuilles du chênes jaunissent quand vient l'hiver, c'est aussi depuis ce jour qu'on sait que l'hiver n'est pas fini tant qu'il n'a pas perdu toutes ses feuilles, car celles-ci permettent à louve de refaire la nature. C'est aussi depuis ce temps que des larmes de loups inondent le monde en automne après que le soleil d'été l'a brulé, et c'est aussi depuis cetemps qu'il y existe un redoux après la pluie, c'est le blanc qui cherche son frère. Mais c'est surtout depuis ce temps que le vent chuchotte dans les arbres, résultat d'une discussion entre une mère et ses fils, dispensé par un fils d'homme héritié de la sagesse du blanc Je vais maintenant répondre à ta question mon enfant. Ouvrez grand vos oreilles et écoutez le chant du loup" Cette histoire se passe en un temps lointain. A cette époque, les hommes naissaient, déjà dominés par l'ambition de l'étoile et par la sauvagerie du Feu. Le loups, alors gardien de la nature, se rassembla avec d'autres créatures, et chacune devint un gardien particulier, en prévision du carnage que les hommes annonçaient. En effet, bien qu'ils n'aient conscience de la présence de l'étoile dans l'esprit des hommes, les dieux se rendirent rapidement compte que cette création pourrait bien causer leur destruction. Aussi demandèrent-ils aux loups, aux licornes aux griffons et autres hyppogriffes de devenirent les gardiens dont je vous ai déjà parlé. De tous ces gardiens, le loup, de part son rôle et de part le feu qui lui brulait les yeux, se sentait le plus proche des hommes. De plus, il était fort curieux, et ne cessait de visiter les hommes pour voir ce que ces derniers faisaient. C'est ainsi qu'une jeune louve se laissa attrapper et que naquirent les premiers chiens, mais je vous ai aussi déjà conté cette histoire. Les hommes étaient déjà des êtres complexes, certains dominés par la rage du gris, d'autre par la sagesse du blanc. C'est vers ces derniers que les loups s'orientèrent car ils ne sentaient aucune malice dans ces hommes, et sentaient le loup en eux, ils sentaient la sagesse de leur frère, et entreprirent alors de se rapprocher de ces hommes. -"hélas, mes chèrs enfants, la technologie me fait à nouveau défaut, et je ne peux continuer cette histoire pour l'instant. Mais rassurrez-vous, vous aurez la suite aussi vite que possible (dès que mon ordi me permettra de l'écrire). C'est donc à regret que je vous laisse haletant d'entendre cette histoire au complet... sincérement désolé" "Voilà mes enfants, voilà. Je vous conte à présent la suite" Or donc le peuple des loups approcha les hommes nantis de l'humeur "blanche" de leur frère. Et les hommes les accueillirent. Ils n'étaient alors que des êtres imatures, mais leurs sagesses, le Feu qui nchait dans leurs entraille et l'étoile qui présidait dans une partie de leur esprit les prédisposaient à devenir de grands êtres, l'ultime union des dieux. Certes, ils leurs arivaient d'etre beliqueux entre eux, come le sont tous les hommes, mais au moins évitaient-ils de s'entre-tuer inutilement. Au contraire, le dialogue, alors rudimentaire, la compréhension, et une volonté farouche de ne pas répandre le mal permetaient à chacun de voir ses erreurs, et de les corriger. Les loups les aprochèrent donc, et entre ces deux peuples, semblables par bien des aspects, et diférents par d'autre, cohabitèrent en paix pendant des années, des siècles. Ils aprirent beaucoup de leurs connaissances mutuelles. Les loups, c'est bien connu, sont joueurs, malicieux et aiment à garder le contact entre eux, même lorsqu'ils sont éloignés les uns des autres, et leurs chants emplissaient souvent la nuit, proche des villages d'hommes. Les grognements, feulements et autres cris que ces derniers produisaient devienrent bientôt un chant, copié sur celui de leurs congénères. Malheureusement, peu d'homme ont l'ouïe des loups, et trop peu comprenaient toutes les intonations de ces chants. Alors, un jour, un groupe d'entre eux se remit aux feulements, aux murmures, aux cris, méllants à ces bruits informe la musique des loups. De ces borborygme naquit le premeir langage. Il permit de définir des choses alors abstraites, comme le fait de chasser, de manger. Il permit aussi d'accroitre la compréhension entre eux, et c'est ainsi que naquirent les premières idées humaines. Les loups d'alors, hurlèrent à l'unisson, acclamant à leurs manière cette évolution, et les deux peuples continuèrent de cohabiter, se respectant l'un l'autre, trop sauvage chacun pour tenter de s'apprivoiser. Les hommes apprirent aussi, toujours en regardant les loups, comment traquer les proies, comment les approcher sous le vent, comment les surprendre. Ils apprirent ainsi l'art de la traque et celui, ô combien utile, de la chasse. S'érigeant eux-même gardiens de leurs territoires, les hommes ne tuaient jamais plus que ce qu'ils devaient, et souvent, ils laissaient les loups partager leurs repas. Les loups, par contre, apprirent une chose importante des hommes. Ceux-ci, en effet, possédaient au fond d'eux une qualité que ne connaissait aucune autre création. Elle était difficile à réveler, mais la sagesse du loup blanc les y aida, de même, paradoxalement, la fougue du Feu. En effet les hommes, bien que solitaires dans l'âme - ou peut-etre à cause de ça - recherchait la compagnie de leurs semblables. A cette époque les couples se faisaient et se défaisaient en fonction des besoins du clan, et il en allait de même pour les loups. Oh, bien sur, ceux-ci avait un dominant, tour à tour mâle ou femelle, celui ou celle qui avait la plus grande force, les meilleurs connaissances, le plus de sagesse, mais ce n'était jamais qu'un individu isolé, accompagné parfois par un compagnon sexuel, sans plus. Seulement, une nuit, alors que la lune brillait à son plein et que l'enfant des hommes jouait sur son visage, que le soleil d'été avait chauffé toute la journée, un couple de jeunes humain s'éloigna du village et de la meute, vers la forêt. Sous le rire de Pierrot, ils s'enlacèrent tendrement ; en leurs yeux brillait l'esprit du Feu et ... autre chose. La nuit dura longtemps, entourant les amants, environnés de la lumière agréable de la lune, reposant sur un lit de mousse moelleux. Quand l'aube fraîche vint les reveiller, ils retournèrent au village en se tenant par la main. Le rire de l'enfant, l'éclat de la lune, les hurlements lointain des loups, la magie de l'instant, tout ceci avait changé quelque chose en eux : ils venait de découvrir cette qualité secrète dont les dieux les avaient dotés. Alors aussitôt, pour partager cette superbe expérience, ils allèrent trouver le doyen du village. Le vieil homme, sec comme une tige de vigne, aux bras décharnés et à la longue barbe blanche discutait justement avec le meneur des loups. Quand ils virent approcher les deux jeunes gens, ils comprirent aussitôt en les voyant que quelque chose avait changé, quelque chose d'important. Les prunelles des amants brulaient d'un feu nouveau, avivé par cet étrange changement. Sans honte aucune ils racontèrent aux deux chefs ce qui leurs étaient arrivés, mais ils ne surent l'identifier. Le loup, fort intéréssé, partit prévenir sa meute tandis que le doyen expliquait cette nouveauté au village, souvent interrompu par les deux jeunes amants dont le coeur battait à tout rompre. Tous, hommes et loups, furent ravi de la nouvelle, mais la question du "qu'est-ce donc?" restait en suspens. Aussi, les hommes et les loups questionèrent longueument le ciel et la lune. Et celle-ci leurs répondit -"mes amis, les dieux ont céllé dans le coeur des hommes, là où il est le plus dur d'aller chercher, ils ont enfermé le plus beau des trésors. Vous venez de le découvrir, et en plus vous l'enseignez à vos frères les loups, je peux donc à présent vous révéler son nom. Il s'agit de ..." -"L'amour" , hurla Pierrot, tout en rire, ce qui arracha un sourire attendri à sa "mère". Les hommes et les loups se regardèrent. Evidemment, ils connaissaient tous la légende de ce trésor enfoui au fond d'eux-mêmes, le Feu s'étant chargé de les prévenir. Quoi? C'était ça? Pas de brutalité? Pas de connaissances immense? Juste... ça? Oui, juste "ça"... mais en se rendant compte de ce qu'ils venaient d'acquérir, les hommes ne tinrent plus de joie, et l'amour déborda alors de leurs coeur, inondant les loups proches. "Ca" se révelait etre un cadeau ô combien plus grand, ô combien plus important que tout ce qu'ils avaient déjà. L'amour des amants, l'amour de son prochain, l'amour pour ses enfants, pour ses frères, ses soeurs, pour tous et pour chacun. Et les loups, goutant à ce sentiments nouveau, joignirent leur allégrèsse à celle des hommes. Et la nuit résonna longtemps des chants et des cris de joie. Depuis, quand ils partaient chasser, hommes et loups demandèrent à chaque fois l'autorisation de prélever leurs parts de subsistance. Et chaque fois aussi, ils s'excusaient d'avoir dû tuer. Aussi, ils évitaient de traquer les jeunes, les forts, pour ne pas les priver de la vie qui s'ouvraient devant eux. Ils leurs préféraient les malades, les vieux, ceux dont la mort était proche. Par amour d'abord, et aussi, avouons-le, par facilité. Pendant tout ce temps, les fils du "gris" continuaient à se battre, à se quereller, à chercher noise à quiquonque s'approchait de trop près. Cherchant sans cesse de nouveaux territoires, ils parvinrent bientôt sur le territoire des "blancs". Contrairement à leurs esprits, la peau des "blancs" balançait entre l'ocre et le marron, allant parfois jusqu'au noir. Mais peu leurs importaient : ils s'aimaient. A l'inverse, les "gris", plus nombreux, plus forts, plus beliqueux, avaient tous le teint clair, et parfois même le cheveux. Là où le peuple du loup blanc affichait une variété de peau et des cheveux noirs, ou blancs, le peuple du loup gris offrait un teint rosâtre voire blanc et une variété de cheveux allant du brun au blond en passant par toutes les gammes de roux. Or les "gris" rencontrèrent les "blancs". Pacifiques, sans pour autant etre incapables, les blancs menaient une vie paisible au milieu des loups, en harmonie avec la nature, quand ils virent les fils du gris, ils les accueillir comme ils avait coutume de le faire : avec amour et compassion. A l'inverse, les gris ne demandaient qu'à conquérir, qu'à convertir, ils ne croyaient qu'en la force brute, ils avaient depuis longtemps conquis et dominé le Feu, dont ils se servaient pour cuire, pour fondre, pour bruler. Voyant cet étalage de peau de couleur, foncées par rapport à la leur, ils se demandèrent si ceux qu'ils voyaient étaient bien des hommes. Hélas, vous devinaient la suite : les peaux blanches décimèrent (ou presque) les peaux sombres, assénant un carnage sans précédant, ils mirent des colliers aux loups et en firent des chiens, ils laissèrent libre court à leurs sauvageries. Ils emplirent le monde de Feu Quelques enfants du blanc réussirent néanmoins à s'échapper, et à survivre. Bon nombre furent fait prisonnier. Ceux-là tentèrent d'enseigner l'amour aux conquérants, mais le peu qu'ils parvinrent à faire ne fut que d'attiser la fureur et du loup gris, et de l'étoile, et du Feu. Les conquérant ne comprenaient qu'une seule chose : la domination. Ils pervertirent l'amour, changeant ce sentiment en propriété. Tu es à moi! clamait leur coeur. Et par cette propriété, ils conçurent aussi la jalousie. Jaloux de leur territoire comme de leurs conquêtes, tant féminines que masculines, car en effet les filles du gris ne valaient pas mieux que les fils, ils enfouirent en leur coeur ce sentiment. Or certains fils, et certaines filles, du blanc survécurent. Certains réduit à l'état de chien, d'esclaves par les conquérants. D'autres, libres, mais traqués. Beaucoup continuèrent à se cacher, ils avaient appris le maniement du Feu de leurs attaquants. Mais les loups les avaient abandonnés. Découvrant le feu, et le craignant, les loups fuirent et restèrent à l'écart des hommes, les surveillant à distance, par peur que le Feu ne se retourne contre eux. Cependant, nombre de fils et fille du blanc se reproduirent, ils repeuplèrent des régions entières, couvrant de leurs couleurs un monde hanté par la guerre. Mais à chaque fois ils subissaient qui l'assaut, qui le joug des peaux blanches. Alors, certains, devinrent eux-mêmes des peux blanches. Ils ne perdirent rien de l'amour qu'ils avaient découvert, ils durent juste le cacher, et se fondre au milieu des assaillants. Et quand les hommes se battaient entre eux, ils venaient aider, ils venait soigner, se servant d'une Feu comme d'une médecine et non plus comme une arme. Durant de nombreuses années, jusqu'à l'extinction complète des humains, que je vous ai déjà narée, ils restèrent dans l'ombre des bélligérants, aidant du mieux qu'ils le pouvaient les victimes de ces atrocités. Ils devinrent des chamanes, des médecins, des infirmiers, des pasteurs, des sorciers, des mages ; ils devienrent les soigneurs du monde, prodiguant avec amour et compassion les soins qu'ils pouvaient donner. Jusqu'au jour où la terre se révolta. Entre temps étaient nés les garous, prélevés autant chez les fils du gris, chez les fils du blanc que dans les autres créations. Et les fils du blanc tentaient, avec toute la sauvagerie de leur état, de lutter contre le monde gris des peaux blanches. Quand les hommes s'éteignirent enfin, ils ne restaient de forme humaines que ces garous. Libérés de la folie de l'étoile, ils entreprirent, gris comme blanc, de s'amander envers la Terre, envers le monde. Ils entreprirent de soigner le monde des plaies que leurs ancêtres avaient infligés. Les gris avec sauvagerie, les blancs avec sagesse. Les gris avec force, les blancs avec intelligence. Et les résultats apparurent bientôt. Cependant, aucun garou ne renoua avec les loups, leurs frères. Ils avaient honte de ce qu'ils leur avaient fait subir. Mais les loups sont intelligents, et eux aussi avaient découvert l'amour. Ils comprenaient la réaction de ces derniers humains, et les laissèrent tranquilles. Aujourd'hui, certains loups chassent de nouveau avec les garous, et certains autres garous aprentent toujours la Terre en la soignant, tandis que les loups les observent, un sourire aux lèvres, en attendant de renour ce lien fraternel, disparu depuis bien trop longtemps. "Voilà mes enfants, cette histoire est maintenant terminée, la technique me permit cette fois de l'eachever. En est-il d'autres que vous aimeriez entendre? Y'a-t'il une chose que vous désireriez savoir?" -"Bonsoir mes petits, j'espere ne pas trop vous avoir fait attendre? Pour féter mon retour et vous féliciter de votre patience, voici une très vieille histoire nommée l'ermite, la jeune femme et le loup" Cette histoire se passe en des temps reculés, en un lieu loin d'ici. En haut d'une montagne, dans un pays devenu riche par ses conquêtes, vivait un vieil ermite. Retiré du monde depuis des années, il marchait souvent dans la forêt, accompagné d'un merle ou d'un lapin. Ni les ours sauvages, ni les meutes de loups, ni même les pumas ne l'éffrayaient. Il vivait, là, serein, en accord avec la nature qui l'entourait. Pourtant, il lui arrivait parfois de recevoir de la visite du "monde d'en bas" comme il aimait à appeler la valée où il était né. De temps en temps, des hommes, des femmes, ou même le roi, venait lui demander qui son aide, qui un conseil, qui un avis ou même un moment. Et il les acceuillait tous, chaleureusement, prodiguant avec cette sagesse qui lui était propre ses commentaires, avis ou autres conseils. Et chacun, en l'écoutant, buvait la sagesse comme de l'eau de roche, et repartait le coeur léger, l'esprit ouvert, laissant en remerciement un plat, une couverture, quelques graines de sésames ou des plants de tomates, mais jamais rien de véritablement matériel. L'ermite n'en aurait sû que faire. Et les années passaient ainsi, en saluant parfois de la main la vallée, mais semblant oublier le sommet et ses occupants. Or une nuit qu'il se promenait tranquillement en rêve dans cette forêt qu'il connaissait si bien, il croisa un loup. Ou plutôt une louve, qui s'en allait vers la rivière un sac dans la gueule. Intrigué, le vieil homme la suivit, et la louve planta ses yeux dorés dans ceux calmes de l'ermite, puis repris sa route, trotinant doucement, comme pour ne pas distancer le sage. Arrivée près d'une fine cascade, elle déposa son fardeau, regarda de nouveau l'ermite et s'enfuit dans les broussailles. De plus en plus intrigué, le vieil homme se pencha sur le sac et ... s'éveilla. Troublé par cet étrange rêve, il décida d'aller par le chemin vu en songe. Marcher lui ferait du bien, et puis... peut-etre qu'après tout? Il flana donc dans l'air matinal, sans se presser outre mesure. Même si ce sac contenait un message, il sentait que celui-ci lui était spécialement adréssé, et qu'il n'était pas nécéssaire de courir. Or, plus il approchait de la cascade, plus il sentait que quelque chose allait se passer. Il ne s'attendait surement pas à ça. Alors qu'il débouchait d'un fourré, un vagissement horrible et plaintif s'éleva de la cascade toute proche. Sursautant de frayeur devant pareil bruit, l'ermite trébucha sur une souche et dévalla la faible pente jusqu'à atterir les quatres fairs en l'air dans le faible cours d'eau, toute dignité évaporée. Se relevant péniblement, le bas de sa tunique trempé, il remarqua alors ce qui provoquait ce bruit. A l'endroit exact où la louve de son rêve avait déposé son bagage, gisait un panier d'où emergeait une petite frimousse sombre. De grands yeux clairs, aussi calme que ceux du vieil homme, le fixaient du fond du landau, comme attendant quelque chose. Doucement, de peur d'effrayer ce si doux visage et de ressubir les hurlements précédents, le vieil homme s'approcha, attentivement fixé par la frimousse. Délicatement, il se pencha sur le landau et observa. Pas longtemps. Les moustaches du vieil homme devaient représenter un attrait particulier, puisque deux petites menottes jaillirent du couffin et s'en saisirent avec déléctations, provoquant d'une part des rires dans le couffins, et quelques gémissement de l'ermite. Après forces gromelement, il réussit enfin à reprendre sa barbe aux deux menottes qui ne le lachaient pas... mais ce fut au détriment de sa barbe. Renonçant pour l'instant à vaincre ennemi aussi tenace, il souleva le panier, sa barbe fermement tenue dedans, et l'ammena jusqu'à son antre. L'idée était simple : si ce bébé était arrivé jusqu'ici, c'est qu'il appartenait à quelqu'un. Il n'avait qu'à le rendre à cette personne distraite, et tout rentrerait dans l'ordre. Tandis qu'il cogitait tout en laissant aller ses pieds, il entendit un petit bruit venant du panier qui lui fait baisser les yeux. Soupirant de bonheur, la petite fille s'était endormie, serrant la barbe couleur de neige contre son sein, le pouce dans la bouche. Comment ne pas fondre devant pareil spectacle? Toute les bonnes résolutions de l'ermite s'envolèrent aussitôt. Si cette enfant se trouvait maintenant emmitouflée dans sa barbe, et puisqu'il l'avait trouvée précisément à l'endroit que lui avait indiqué son rêve, il sut qu'il devrait s'en occuper. Les dieux ont parfois de drôles d'idées, se dit-il en réintégrant sa grotte. Après avoir posé doucement le landau sur une table de pierre rudimentaire et retiré sa barbe avec beaucoup de précaution, il décida qu'il aurait besoin d'un peu plus que ce que les villageois lui apportaient habituellement. Il prit son bâton, sa cape élimée et se miten marche... mais s'arreta au pas de sa ca caverne. Comment laisser cette enfant ici, toute seule? C'est alors qu'il apprerçut une nichée de merles qui jouaient dans un arbre proche. -"Merle mon ami, j'ai trouvé un étrange fardeau, voudrais-tu le veiller pendant que je m'en vais au village?" -"Pas question! répondit mère-merle, J'ai ma propre nichée à surveiller, et je n'ai pas de temps à te consacrer". Déçu par cette attitude, l'ermite se dit que de toute façon les oiseaux xont trop volages pour leur confier tâche aussi sérieuse. C'est alors qu'il avisa un couple de serpents qui batifollaient joyeusement dans les herbes rases. -"Serpents, mes compagnons, j'ai ici une jeune fille que je ne peux emporter avec moi, pourriez-vous veiller dessus en mon absence?" -"Désolé, répondirent les serpents à l'unisson, mais comment nous occuperions-nous d'elle sans mains pour saisir, ou sans bras pour la bercer?" Et ils repartirent dans les fourrés. Déçu, mais reconnaissant la justesse de ces propos, l'ermite se dit que de toute façon les serpents n'étaient pas créatures assez dignes de confiance pour pareille tâche. Il allait renoncer, quand passa une nuée d'abeille juste sous son nez -"Abeilles, mes familières, j'ai ici un trésor que je ne peux emporter, voudriez-vous un peu vous en occuper?" -"Nous ne pouvons, vénérable, un dur labeur nous attends et nous sommes déjà en retard" et sur ce, elles repartirent. Déçu, encore une fois, l'ermite se dit que de toute façon, les abeilles sont trop sérieuses pour pareille tâche. Il passa ainsi une partie de la matinée à héler différents animaux, mais aucun n'accepta de l'aider. Il allait rentrer dans sa tanière, la mort dans l'âme, quand un rire étouffé s'éleva de dérrière un arbrisseau. Levant le nez, le coeur plein d'espoir, il attendit. Un grand loup gris, borgne, balafré partout sur son corps, le regardait de dessous des touffes de poils emmélés -"Moi j'accepte de t'aider, mais à une condition" lui dit le loup. -"Loup, mon frère, je t'en suis reconnaissant, mais de quelle condition parles-tu?" -"Comme tu peux le voir, je ne suis plus très jeune, mais j'ai un fils qui vient de naître, sa mère nous a déjà quitté, tu devras t'en occuper après mon départ (les loups ne pensent pas à la mort de la même façon que nous, pour eux c'est juste un départ vers d'autres contrées de chasse, d'où le terme, nda), acceptes-tu?" L'ermite, généreux, se dit qu'une bouche de plus ne lui ferait pas de grands maux, et il savait les loups capables de se débrouiller par eux-même. -"D'accord Loup, ammène moi ton fils ici, et je l'éléverais comme il se doit, dès mon retour" Et ainsi fut fait. L'ermite laissa l'enfant à la surveillance du loup et descendit dans le village. Beaucoup s'étonnèrent de le voir, et beaucoup s'empréssèrent de l'inviter, mais l'ermite refusa poliment. Il lui fallait du lait, des couvertures, quelques toises de drap, un couteau aiguisé et d'autres denrées. Tous furent surpris par ses demandes, mais personne n'osa lui refuser ces aumônes. Un berger qui le connaissait bien lui dit : -"Si tu as besoin de lait prend cette chèvre, elle est jeune et vigoureuse, et t'en donnera tant qu'il te faut, de plus, elle ourra porter une partie de ta charge lorsque tu remonteras" Un jeune garçon qui machouillait un brin d'herbe non loin, entendit cette phrase et partit en trombe à l'autre bout du village. Il revint quelques instant plus tard, une grosse couverture roulée sur ses bras, qu'il tendit en souriant à l'ermite, puis ce fut une vieille femme qui lui donna de vieux draps, un peu élimés mais encore solides et propres. Le forgeron lui offrit un couteau et une pierre à aiguiser, un marchand lui proposa un panier chargé de victuailles. La reine, femme charmante au caractère sensible, devina le pourquoi de toustes ces emplètes, et céda à l'ermite les vêtements de sa plus jeune fille alors en âge de se marier, dont quelques nuisettes qui feraient de jolies robes à l'enfant. Et c'est donc chargé de tous ces présents, car personne ne voulait le voir payer, et de toute façon il n'en avait pas les moyens, c'est donc plein de babioles offertes qu'il remonta lentement jusqu'à sa grotte. Le soir tombait quand il y arriva. Il enferma la chèvre dans un enclôt, et rentra ses affaires. Le vieux loup regardait l'enfant de son oeil unique, tandis qu'un jeune louveteau dormait sous la table en gémissant doucement de temps à autre. A l'entrée du vieil homme, le loup leva le nez. Aucun mot, aucun son ne fut échangé. Tout fut dit en un regard. Alors le loup partit, laissant son fils aux soins attentifs du vieil homme, et on ne le revit plus jamais. Doucement, l'ermite se mit en devoir d'arranger sa grotte. Profonde et confortable, elle disposait au fond d'une petite cascade qui tombait en chantant dans une vasque naturelle, recouverte de sable doux. Une vieille table de pierre bouchait en artie l'entrée et un âtre amménagé juxtait le bord d'un lit de paille. Doucement, sans hâte, il construisit une petite litière de mousse sous la table et déposa délicatement le louveteau dessus, puis il confectionna un lit de la même taille que le sien, une grosse couverture jetée à même le sol, rembourrée avec des plumes ramassées autour de la grotte. Il mit ensuite de l'eau à chauffer, et prépara à manger pour ses deux nouveaux pensionnaires. Il lui faudrait construire des portes, pour les protéger du froid, et aussi prévoir un encôt plus grand pour la chèvre, et s'occuper du potager. Que de tâches à accomplir pour accueillir ces deux là. Les yeux emplis de tendresse, il regardait les deux jeunes qui allaient devenir le centre de son existence, puis il se remit à la cuisine. -"L'histoire ne s'arrete pas là, évidémment. Voulez-vous, mes petits, entendre ce qui arrivera plus tard à cette enfant et à ce louveteau? Désirez-vous que Grand-père continue son histoire? " -"coucou chers petits, voici la suite de cette histoire débutée plus haut. Je n'ai pû la continuer avant pour diverses raisons, et je m'en excuse" Or donc, l'ermite amménagea la grotte. Il parti traire la chèvre, lui mit quelques herbes et fruits non loin, et se mit en devoir de faire chauffer le lait. Il devait quand même admettre qu'il ne connaissait pas grand chose aux enfants, mais il savait au moins que le lait devait etre chaud... à quelle température au juste? Il réfléchissait quand la petite fille, probablement mise en appétit par l'odeur qui montait du feu, se mit à pleurer à plein poumons. Le vieil homme sursauta devant ce bruit incongru, il allait la réconforter quand le louveteau, reveillé par ces cris, se mit lui aussi à piailler tant et plus. Malédiction! Un concert de jappements, hululements, cris, braillement et autres hurlement s'élevèrent de la grotte, affolant l'ermite qui se mit à courir en tous sens, cherchant désespérement une solution à cette situation. Il renversa dans sa panique la casserole qui accueillait le lait, répandant son contenu sur le sol. C'est peut-etre ce qui le sauva. Le louveteau, voyant ça, cessa aussitôt de hurler et se mit en devoir de laper le lait à même le sol, sous les yeux étonnés de la fillette, qui se mit à glousser. L'ermite, incrédule, observa un instant la scène, puis repartit chercher du lait à même le pis, et le remit à chauffer. Au bout d'un court moment, il confectionna un biberon improvisé avec un de ses bols de pierre, sur lequel il tendit un drap, puis il s'assit jambes croisées, cala le bébé sur un dea ses genoux, et lui versa lentement le lait dans la bouche. Le loup, pendant ce temps, avait fini de nettoyer le sol, et c'est tout naturellement qu'il vint se blottir sur le genou libre du vieil homme. Une fois le bon fini, il prit l'enfant dans ses bras, et parce qu'il avait vu nombre de mère faire ce geste après avoir donné le sein, il posa sa minuscule tête sur son épaule et lui tapota doucement le dos. Son geste fut, bien évidemment, accueuilli par un rôt sonore, aussitôt suivi par un gaouilli joyeux. Alors, formant un cocon de ses jambes pour le loup, il créa un berçeau de ses bras et balança lentement l'enfant qui s'endormit presque aussitôt, suivi peu après par le vieil homme, qui venait quand même d'avoir une rude journée. Ils se reveillèrent tous les trois en même temps. Le vieil ermite, le dos vouté, la tête inclinée, tenait dans ses bras une enfant au tein sombre qui le regardait de ses grands yeux en amande. Sur ses genoux geignait un jeune loup, qui lécha d'un coup de langue interminable le visage de la fillette, lui arrachant des rires aigüs, puis il se le va, un peu pataux sur ses jeunes pattes, et parti en exploration dans la grotte. Alors le vieil ermite déposa tendrement l'enfant sur la table, il la délangea et imitant les mères qui passaient le voir de temps à autre, il la changea. Puis il parti s'occuper de la chèvre tandis que l'enfant et le loup jouaient sur l'un des lits. Il savait où découvrir du bois cassé, et quand il en trouva, il construisit un peit traineau fait de branches de pins entrelacées sur lesquelles il posa son butin. Avec ces morceaux, il construisit une palissade pour la chèvre, et une autre pour son potager. Puis, il assembla divers morceaux et construisit un panneau suffisemment lourd pour que ses deux pupilles ne puissent le bouger, suffisement haut pour qu'ils ne puissent l'escalader, mais suffisement court pour laisser quand même le jour entrer. Constatant son travail de l'intérieur, il constata alors qu'il avait grand faim. Il se retourna vivement. Une paire d'yeux sombre et une autre jaunes le fixaient intensémment, réclamant en silence leurs repas. Avec un signe de tête et un sourire doux, il leur fit comprendre qu'il s'occupait d'eux. Levant son vieux corps fourbu, il parti traire la chèvre, mit le lait à chauffer, attendit et servit le jeune loup dans une écuelle et sa fille sur ses genoux. Puis il cueilli quelques noix, préleva quelques tomates séchées de sa réserves et divers autres ingrédients, se fit une salade et mangea de bon appétit. Ensuite il étira ses longues jambes sous la table, et s'endormit sur sa chaise, pendant que les enfants jouaient tranquillement sur le lit. Il ne profita malheureusement pas longtemps de son repos. Une série de coups timides mais bruyants le tirèrent du sommeil. Grommelant dans sa barbe, il se redressa et fit entrer une jeune femme qui tenait un panier de fruit contre son coeur. La reconnaissant, il lui sourit et l'invita à entrer. La jeune femme s'assit, et commença à parler, mais elle s'arreta d'un coup. Une paire d'yeux sombres et interrogateurs la dévisageait depuis le lit. -"Vénérable, depuis quand avez-vous une si belle enfant? Vous m'aviez caché ça!" Extatique, elle se leva et prit l'enfant dans ses bras, qui continua à la fixer avant de lacher un braillement peu rassuré. L'ermite, fatigué, n'avait même pas eu le temps de répondre qu'il dût faire face à l'incrédulité de la jeune femme, et à la panique de sa pupille. Prenant doucement le bébé, qui se calma aussitôt, il s'assit et raconta son histoire. La jeune femme écoutait et regardait l'enfant, qui s'endormait enveloppée par un ruban de barbe, tandis que le louveteau, privé soudain de sa compagne de jeu, se roula en boule sous la table, et s'endormit aussi. Quand le vieil homme eut fini, l'enfant et le louveteau dormaient. Alors la jeune femme se confia, ils discutèrent jusqu'à la tombée de la nuit. S'en appercevant, la jeune femme redescendit au village, laissant derriere le panier de fruit qu'elle avait apporté, et de solides conseils en matière d'obstétrique. Après ça, l'ermite déposa doucement sa fille sur la table, partit traire la chèvre, leur fit à manger puis à lui, et se coucha, comme la veille, le louveteau sur les genoux et le bébé dans les bras. Et le temps passait dans la vallée, éffleurant à peine de ses ailes les monts solitaires. Parfois de la neige tombait, faisant les délices des plus jeunes habitants, et la vie suivait son cours. Souvent l'ermite recevait des visites, et souvent il recevait aussi des cadeaux destinés à ses deux pensionnaires. Il reçu une jatte pour le louveteau, il reçu des habits pour la fillette qui grandissait et s'épanouissait, il reçu des jeux qui servirent aux deux, et d'autres objets dont il n'avait aucune utilité, mais qui trouvèrent bien vite un emploi pour ses deux pensionnaires. Et le temps continuait de couler dans la vallée, laissant à peine un soupçon de limon sur les sommets. L'enfant qu'il avait recueille devenait une petite fille espiègle et joueuse, qui observait le monde l'entourant de ses yeux d'obsidienne, suivie par un louvard folâtre qui jouait souvent à lui courir après, déclanchant des éclats de rire qui parsemaient la colline. Les courses-poursuites se terminaient le plus souvent par l'attrapage de sa proie, qu'il dévorait ensuite de grands coups de langue râpeuse, provoquant le rire argentin de son amie. Et l'ermite regardait ses deux enfants grandir, les yeux pleins d'amour et de tendresse. Un matin, il se reveilla, et constata avec surprise que les couches de ses protégés étaient déjà vides. Le soleil perçait à peine sur l'horizon, et seul le bêlement des chèvres et chevreaux, et le piaillement des oiseaux, retentissait dans l'air matinal. Inquiet, il enfila sa vieille tunique élimée, prit son vieux bâton de chêne et partit dans la forêt. Il n'appela pas, il savait qu'il n'en aurait pas besoin. Les hirondelles volaient haut dans le ciel, et les papillons multicolores le guidait au travers des fourrés. Il ne s'étonna pas trop que son chemin s'en aille vers la cascade, mais quand il arriva devant celle-ci, nulle trace de la fillette ou du louveteau. Regardant de gauche et de droite, il apperçu bientôt l'empreinte des petits pieds nus dans la boue, puis de la terre sur les rochers. Ainsi, ils avainet grimpé au-dessus? Trop vieux pour faire lui-même l'ascencion, il repartit et entreprit de monter par un chemin moins abrupte. Il trouva ses deux enfants, pelotonnés l'un contre l'autre, assis au bord de la cascade, et qui regardaient la lune en silence. Sans un mot, il s'assit à son tour, à côté d'eux, et regarda le ciel qui s'éclaircissait. Quand le soleil commença à leur chauffer le dos, ils se regardèrent, et sans un mot repartirent, main dans la main. En chemin, le loup s'échappa un moment. Mais ni l'ermite ni la fillette ne s'en étonnèrent. Depuis quelques temps il apprenait à chasser, et il lui arrivait parfois de ramener un lièvre, ou une chèvre sauvage, à la caverne. Loin de s'en offusquer, l'ermite avait accépté ces offrandes. Il ne mangeait pas de viande, mais il nourrit ses enfants avec ces trophés, et avec les récoltes de son maigre potager. Quand ils arrivèrent à la grotte, le loup les attendait devant, quelques oignons sauvages coincés dans la gueule. Il regarda sa soeur et son père, lacha les oignons et hulula. Il n'avait pas ramené de gibier cette fois, et pour une bonne raison. L'ermite la connaissait aussi, mais apparement pas la fillette dont le regard allait de l'un à l'autre, chargé de questions. L'invitant à rentrer, l'ermite partit chercher un chevreau, accompagné par le loup. Le vieil homme attrapa celui qu'il désirait, et lui demanda à l'oreille de lui accorder pardon. Alors le jeune canidé s'accrocha à la gorge de l'ovin, lui cassant la nuque d'un coup sec. Puis ils repartirent vers leur antre, le chevreau mort sous le bras. Exceptionnellement ce jour il mangerait de la viande. Car aujourd'hui c'était jour de fête. La jeune fille les regarda rentrer, encore plus surprise, et harcela l'un et l'autre de questions. Mais ses parents se contentèrent de se regarder en silence, l'oeil complice, et qui de rire doucement qui de léchouiller le visage de l'enfant, de plus en plus estomaquée. Mais qu-est-ce qui se passait à la fin? "vous aussi, mes chèrs enfants, vous voulez savoir pourquoi toute cette agitation? Encore un peu de patience mes chèrs enfants, et vous connaitrez bientôt la suite " -"Voilà mes chers enfants, voilà" Or donc l'ermite, pour l'une des rares fois de sa longue vie, consomma de la viande. En compagnie du louveteau et de la jeune fille, il dégusta un plat de chèvre et de légumes. Il faut dire que c'était une occasion particulière. En effet, huit ans avant, jour pour jour, il trouvait un couffin au bord de la rivière, et se voyait confier une petite boule de poil. C'était l'anniversaire de ses enfants. En apprenant ça, la fillette lui bondit au cou et l'embrassa bruyamment tandis que le louveteau sautait de partout en jappant joyeusement. Après le repas, ils néttoyèrent les jattes, et allèrent s'allonger, quand des coups discrets résonnèrent contre la porte. La jeune fille, encore excitée de la nouvelle, courut pour ouvrir, suivi de près par le louvard. Un visage fin, masqué en partie par de longs cheveux noir, se profila dans l'ouverture. Deux paires d'yeux aussi sombre l'une que l'autre se croisèrent, sans inimitié aucune. La femme sourit, et c'est comme si le soleil venait d'entrer dans leur demeure. Ses grands yeux noirs rehaussés d'un nez délicat surplombaient un sourire radieux. Reconnaissant son invitée, l'ermite leva sa vieille carcasse et vint prendre la main de cette charmante apparition, et la guida jusqu'à un siege, sous les yeux ébahis de la fillette qui les dévorait littéralement du regard. La reine, parce que c'était elle, s'assit en face de l'ermite, et commencèrent à discuter. Elle jetait fréquemment des regards doux mais interogateurs à la fillette et au louveteau, lesquels jouaient paisiblement sur le lit, et le vieil homme nota la ressemblance entre les deux femmes. Il ne pût longtemps retenir la question qui lui brûlait les lèvres et finit par demander à son invitée si elles étaient du même sang. La reine, déjà âgée mais pourtant toujours très belle, partit d'un rire de gorge profond et chaleureux, comme une ondée de printemps. Ce son, peu entendu jusqu'à maintenant, provoqua d'zabord la crainte puis l'émerveillement des deux jeunes. Alors la reine fit quelque chose de très surprenant. Elle prit dans sa main celle du vieil homme, puis se leva sans un mot et alla embrasser tendrement et la fillette et le louveteau, qui en restèrent complétement interdits. Puis elle se retourna vers l'ermite et lui assura que malgrès leurs ressemblances, non, cette jeune personne n'était pas de son sang. Elle regarda de nouveau la fillette qui ne la quittait pas du regard, soupira un instant, et revint s'assoire en face de son vieil ami. La discussion se prolongea jusqu'à la tombée de la nuit. A ce moment une servante, restée dehors pendant tout ce temps, apporta dans la caverne un paquet, puis al reine quitta qon hôte, accompagnée par sa servante voilée et silencieuse. L'ermite, la fillette et le louveteau regardèrent le colis. Aucune odeur ne s'en dégageait, alors cédant à la curiosité, l'enfant sauta sur la table et entreprit de défaire le paquet avec tous le soin dont elle en était capable malgrès l'impatience qui la rongeait. Libérés de leurs gangue de tissu, des draps, des robes, et même une couverture pour le louveteau, se répandirent sur la table, pour le plus grand émerveillement des trois personnes. La stupeur passée, ils rangèrent les draps et se couchèrent, le loup sur sa toute nouvelle couverture, la fillette dans son lit trop grand pour elle, et l'ermite sur sa vieille paillasse. Et le temps passait dans la vallée, coulant sans heurts ni arrêts, effleurant parfois de son épaule les sommets, sans jamais s'y attarder. Et les saisons suivirent aux saisons, la pluie venait, chargeant de ses ondées généreuses la terre assoifée. Ou parfois la neige maculait les monts fiers, provoquant les rires et les jeux des habitants des hauteurs. Le soleil de printemps voyait le monde fleurir sous ses rayons, et souvent en été les montagnes se taisaient pendant que dans la vallée paissaient les troupeaux. Les enfants de l'ermite grandissaient, l'un en force, l'autre en beauté. Pendant que le louvard prenait du poids et de l'aisance, la fillette devint une jeune femme aux mains fines comme des coupelles de porcelaine, aux traits droits et exotiques. Ses grands yeux noirs admiraient toujours le monde de sous une couronne de cheveux ébènes, son nez menu auréolait ses lèvres aussi fragiles qu'un papillon, et aussi volages. Les robes dont elle se parait rehaussaient sa haute taille et sa silhouette svelte. Un jour, alors qu'elle étendait du linge et que l'ermite se promenait dans la montagne, arriva un visiteur. Le loup sommeillait non loin, sous le couvert d'un arbre. Sentant cette présence étrangère, il releva une paupière, et émis juste un grondement sourd, audible seulement de la jeune femme qui s'occupait des draps. Un homme d'âge mur, au nez fort et aux sourcils arqués, marqués par la puissance et par les soucis qui allaient avec, aux yeux fiers et autoritaires, grimpait la pente en soufflant. Son allure disait clairement "je suis le roi, vous me devez obéissance". Contrairement à sa femme, douce, il imposait sa présence et semblait clamer que tout lui était dû. Voyant la jeune femme, son coeur loupa un ou deux mouvements, puis s'envola comme un oiseau s'enfuit devant le renard. Les yeux éperdus de passion, il la contempla longtemps, sous le regard de plus en plus réprobateur du loup. Il allait l'aborder quand l'ermite, revenant de sa ballade, arriva. Reconnaissant aussitôt son visiteur, il le pria d'entrer. Mais le roi refusa d'un mouvement de tête et continua à contempler la jeune femme. Comprenant le danger, l'ermite eut un mouvement de panique, qui ne passa pas innaperçu aux yeux de ses pupilles, mais auquel le souverain demeura aveugle. Arguant d'une tâche importante, le vieil homme envoya sa fille et le loup vers la rivière, avec pour consigne de ne revenir que lorsque la chèvre échappée serait retrouvée. Ils savaient tous trois qu'aucune chèvre ne s'était évadée, mais la jeune femme, intelligente, compris aussitôt et s'en fut en chantonnant vers la rivière, suivi de près de son compagnon de jeu. Le roi, évidemment, voulut la suivre, et il fallu toute la force de persuasion de l'ermite pour retenir le roi. C'est que ce n'est pas un travail de roi de courir après les chèvres, et vous serez tellement mieux à l'intérieur. Y'a-t'il quelque chose dont vous vouliez parler? Par un temps si chaud, vous ne devriez pas vous surmener. Les affaires de palais n'ont-elles pas la primauté sur tout? Etc... Au bout du compte, et parce que la jeune femme avait disparu, le roi consentit enfin à rentrer. L'ermite referma la porte derriere lui, non sans avoir jeté un regard aux alentours. Il apperçut, juste avant de rentrer, la silhouette de sa fille qui se cachait parmis les arbres, le loup à ses côtés. Souriant, il entra à son tour et alla s'entretenir avec le roi. De tous les habitants de cette vaste contrée, le seul que le roi tenait en respect était l'ermite. Être à part, qui ne demandait qu'à vivre en paix au sommet des montagnes, il n'avait jusqu'à présent été qu'un vieil olibrius qui n'embêttait personne, et à qui l'on venait de temps à autre demander conseil. Mais aujourd'hui, quelque chose avait changé. En effet, ce vieil homme avait maintenant autre chose à offrir que des conseils. Et cette chose valait plus qu'un trésor à ses yeux, et malheureusement pour lui, à ceux du roi aussi. L'ermite, tout en discutant, sondait son souverain, lequel jetait des regards anxieux vers la porte. Il partit tôt dans l'après-midi, sans avoir revu la jeune femme, mais c'était clair : il allait revenir. Les deux enfants de l'ermite sortirent de leur cachette sitôt que l'auguste monarque eut disparu de leur vue et de leur odorat. La demoiselle rentra à toute vitesse se mettre à l'abri, suivie de près par le loup qui vérifiait l'absence de toute menace. Quel ne fut pas leur émois quand ils apprirent que le roi demandait solennellement la main de la jeune femme. Désemparée, celle-ci fondit en larme, et le loup se mit à hurler à la mort, pendant que l'ermite se torturait les méninges pour trouver une solution. C'est alors que des coups frénétiques pilonnèrent la porte. Craignant que le roi ne revienne, l'ermite cacha sa fille et le loup au fond de la grotte, derriere un paravent, puis il alla ouvrir la porte. La reine, en larme, fit irruption dans la caverne, puis en sanglottant, elle demanda à l'ermite où était la jeune femme. Hébété et surpris, l'ermite ne répondit pas tout de suite, mais la demoiselle sortit de sa cachette et réconforta la reine d'un simple regard. Sans perdre un seul instant, elle prit l'ermite par une main, la jeune fille par l'autre et sortit en trombe de leur maison, le loup sur les talons. Quelle ne fut pas leur stupeur en constatant que la reine les menait vers la rivière, et non vers la vallée. Ils avaient craint qu'elle ne vienne les chercher pour les cérémonies, mais au lieu de ça elle leur permettait de fuir. Elle leur expliqua en chemin qu'elle avait entendu son époux parler d'une jeune fille tellement belle qu'il rêvait de l'épouser. La reine avait tout de suite su de qui il s'agissait. Ne voulant ni être répudiée, ni que cette jeune fille subisse son mari, elle leur offrait un salut. Ils coururent tout l'après-midi et une partie dela nuit, à tel point qu'ils atteignirent un autre sommet, d'où s'élevait la fumée appétissante d'un bon repas. Ils arrivèrent à une petite chaumière en rondins mal équarris, et entrèrent sans frapper. Dedans, trois vieille femmes cuisaient un roti, tricotaient ou mettaient des couverts pour sept personnes. L'ermite ne fut pas surpris, il les avait déjà rencontré dans son jeune temps. Et bien qu'il soit toujours incapable de les différencier l'une de l'autre, il sut exactement ce qui les attendait. Une des femmes leva le nez de son ouvrage, et eut un regard légèrement étonné en constatant le nombre de convives. Elle allait dire quelque chose quand elle remarqua le loup, qui se tenait un peu en retrait, et transforma son rictus en doux sourire. Sans un mot de plus, elle invita les arrivants à s'assoire, puis mit l'assiette pour le loup à terre. Ils ne dirent mot pendant le repas, mais à la fin de celui-ci, une des femmes expliqua que le sultan était un homme puissant et avide, qui ne reculerait devant rien pour avoir ce qu'il désirait. A ces mots, la jeune fille fondit en sanglots et se jeta sur le loup pour l'enlacer. Ils restèrent un moment ainsi, échangeant des plaintes et des larmes, sous les yeux attristés de l'ermite. Mais une autre des matronnes expliqua qu'il existait quand même une solution. Pour qu'elle se fasse, il fallait que l'un d'eux se dévoue et reste avec elles. La reine ne le pouvait, évidemment, et il était hors de question que ce fut la jeune femme. Le loup la regarda longueument, mais c'est l'ermite qui se redressa, devançant son adopté. Voyant cela, les trois femmes eurent un sourire satisfait, et elles expliquèrent ce qu'elles allaient faire. Elles mirent la jeune fille et le loup face à face et leur demandèrent ce qu'ils éprouvaient. D'un même regard, frère et soeur furent d'accord. L'amour embrasait leurs yeux, et ils ne voulaient surtout pas se voir séparés. Alors l'une des vieilles prit l'ermite par l'épaule, lui releva la manche et entailla son bras sur toute la longueur. Puis elle recueillit le sang versé dans une jatte prévue à cet effet, et appliqua sur le bras blessé un onguent qui le cicatrisa aussitôt. Avec ce sang elle dessinna un cercle autour de la femme et du loup, puis elle prit l'ermite par la main, sa soeur par une autre, et les trois femmes et le vieil homme formèrent un cercle autour des deux enfants. La lune, pâle, se levait quand ils commencèrent à incanter, mais au moment décisif, un coup furieux fit bondir la porte, et le roi rugit à l'extérieur. Le loup bondit à cet instant, sortant du cercle. Mais le transfert avait déjà commencé. Se transformant en une myriade de petites étoiles, le loup et la jeune fille commencèrent à monter. Le roi tambourinnait toujours contre la porte, menaçant de la faire éclater. La poussière d'étoile cherchait une issue, mais n'en trouvait pas. C'est alors que la porte vola en éclats. S'engouffrant dans l'ouverture, le rideau étoilé monta soudain vers le ciel dégagé. La jeune femme, qui était restée dans le cercle, arriva sur la lune. Longtemps elle chercha le loup à sa surface, mais celui-ci, transféré hors du cercle, était devenu une constellation. Alors, le voyant, elle dansa sur la face de la lune, faisant voler ses cheveux. Le loup, quant à lui, la regardait amoureusement. Et c'est depuis ce temps qu'une jeune fille danse sur la lune, suivie de près par un groupe d'étoiles qui sont le loup. Et c'est depuis ce temps aussi que les amours vagabond d'un jeune loup et d'une jeune fille peuple le ciel de multiples étoiles Pendant ce temps, le roi, en bas, prenait viollement à partie son épouse, l'ermite et les trois femmes. Celles-ci le regardèrent longuement, mais quand il leva la main pour frapper l'ermite, ou sa femme, on ne le saura jamais, elles répandirent un peu du sang qui restait sur ses habits, et incantèrent aussitôt. Fou de rage, le roi tenta d'agripper la reine, mais le sol se déroba sous ses pieds. La reine et l'ermite le regardèrent, horrifiés, s'enfoncer dans la terre. Quand il eut presque complétement disparu et qu'il ne resta que sa main, l'une des vieille jeta du sable là où il s'était tenu et prononça sa malédiction : "Que celui qui désire plus que ce qu'il n'a souffre nuit et jour de contempler ce à quoi il n'a droit". A ces mots, le sol se mit à trembler, et la couronne du roi s'éleva, gigantesque, de la terre. Le massif montagneux prit la forme dentelée de la tiare royale, et le roi fut transformée en montagne. Et c'est depuis ce temps que les montagnes sont si hautes et fières, parce qu'elles sont l'âme d'un roi, et qu'il cherche encore à atteindre la lune. L'ermite, quant à lui, resta le restant de sa longue vie avec les trois soeurs, les aidant du mieux qu'il le pouvait, regardant souvent danser sa fille sur la lune, et son fils jouer avec elle. La reine redescendit dans la vallée, elle raconta que le roi avait fait une chute en montagne et que son corps était innaccéssible, puis elle mit son fils sur le trône et porta le deuil jusqu'à la fin de ses jours. Quand elle mouru, une étrange méloppée s'éleva du haut d'une montagne proche, et un nuage gorgé d'eau s'arreta au-dessus du palais. La reine y fut transféré, et pût ainsi à loisir aller voir son époux, et souvent l'abreuver pour étancher sa soif. Le roi, bien qu'impuissant, accepta avec gratitude ce geste, et enlaça sa femme entre ses bras. Ce geste n'effacera pas la malédiction, mais les vieilles étaient quand même généreuses, et permirent au roi un peu d'appaisement. Et c'est depuis ce temps que le brouillard couvre souvent les sommets, preuve de la fidélité d'une reine envers son roi, et preuve de l'amour du roi envers celle-ci. "Voilà mes chers petits. Cette histoire est maintenant finie. Mais laissez à grand-père quelques moments pour se reposer, et très bientôt il reviendra vous émerveiller " "Papi, dis papi?" -"Oui, qu'est-ce qu'il y a mes chèrs petits?" -"Papi, tu nous raconte une nouvelle histoire?" -"Oh oui, s'il-te-plait grand-père" -"D'accord mes enfants, d'accord. Hum, que vais-je bien pouvoir vous conter ce soir? Ah, j'ai trouvé! Asseyez vous en cercle, ouvrez bien grand vos oreilles et écoutez la triste histoire du dernier arbre (inspiré d'une nouvelle éponyme du même auteur non encore publiée)" Cette histoire se déroule dans un temps qui n'arrivera j'espere jamais, en un lieu qui pourrait etre ici ou ailleurs. En ce temps, le béton a recouvert la terre. Les hommes ont bien tenté de partir au loin, dans l'espace, pour trouver un nouvel endroit à ravager, mais ils n'ont trouvé nulle part où aller. Et sur le sol jais fertile de la planète n'existe plus qu'une immense lande de bitûme. Du béton sur le sol, et dans les coeurs de la pierre. Car à l'image de la planète, les hommes s'étaient enférmés. Les animaux, n'ayant plus de refuges, se cachèrent d'abord sous terre, enfouissant dans le sol. Mais très vite ils furent délogés par les humains qui avaient toujours besoin de plus d'espace. Faute d'en trouver en surface, ils se répandirent dans le sol et dans le ciel, couvrant la terre d'une épaisse couche de métal impersonnel, froid, sterile. Faute de pouvoir conserver les pâturages verdoyant d'antan, et donc l'élevage et l'agriculture qui allaient avec, les hommes durent inventer de nouvelles façon de se nourrir. Ils créerent une viande fade, qui se cultivait comme une plante dans de grands bacs alimentés constamment en proteïnes artificielles. Ils conçurent des légumes insipides qui grandissaient dans des bacs hydroponique (culture à base d'eau et de sel minéraux, hors du sol, nda). Leur vie devint à l'image de la planète et de l'alimentation : décolorée, grisâtre, et puante. Le bois ayant disparu depuis longtemps, il le remplacèrent par de l'acier. Pour combler le manque en oxygène, ils fabriquèrent des pompes et des machines qui transformaient une partie de la pollution en air respirable. Mais comme celui-ci devenait rare, il devin évidemment payant. Faute de place, ils avaient comblé les océans avec les montagnes. Dans les hauts fourneaux de l'enfer, des armures intégrales empéchaient les plaques tectoniques de bouger, condamnaient la Terre à l'asphyxie. La palnète, devenue plate et lisse, offrait ses horizons dénudés aux regards avides de l'humanité qui ne tarda pas à la recouvrir d'immeubles tous plus gris les uns que les autres. Seule, au milieu de ces remparts de pierre et de d'asphalte, au mileu de ces murailles de boue et mortier, seule donc, survivait une petite lande de terre brune. Survivance d'un héritage surrané, un vieil homme et sa fille réussissait tant bien que mal à conserver cet écrin de nature au coeur de l'interminable cité. Une petite bande de terre battue par les vents polués où s'accrochaient déséspérément quelques brins d'herbe rachitiques et un chêne plus que millénaire. Dans ses feuillages avaient autrefois folatré les écureuils. Sous ses racines avaient jadis dormit les loirs, et les morilles et autre girolles ornaient souvent de leurs corolles ses pieds solidement ancrés. Or donc, un vieil homme et sa petite-fille vivaient là, loin du monde, environnés d'une toute petite lande de verdure maladive. Et le vieil homme ressassait, et ressassait encore. Tel un oiseau perché sur une branche, il plongeait dans ses pensées du haut de son balcon en acier blanc. De sur sa haute carcasse voutée, s'agitait de temps à autre sa vieille tête déplumée. Ses mains, telles des serres, ensérraient la rambarde qui courait autour de sa maison en aluminium étincellant. Et tandis que la fillette jouait au milieu des herbes pâlichonnes sous la maison, le viel homme se remémorait l'ancien temps. S'ébrouant une nouvelle fois, il maudit, à nouveau, son propre fils, lequel s'en était allé rejoindre les hordes de ces parasites, et qui mettait mainetant ses talents de biologiste et de cultivateur au service des bacs infâmes ou croissait la viande blafarde. Peu de temps avant, ils avaient perdu le dernier chien naturel. Ah parce que j'ai oublié de vous dire, mes chèrs petits, que les animaux étaient devenus des êtres de chair et d'acier, des machines sophistiquées qui ronronnaient, aboyaient, remuaient docilement la queue ou jouaient avec des pelottes de laine, comme ceux d'avant, mais sans la perte des poils, sans les caractères indisciplinés ou capricieux, sans déchets. Sans non plus la tendresse d'un véritable ronronnement, la souplesse d'un pelage soyeux, la sensibilité ou même l'amour. Pas besoin de les nourir, ça non! Il suffisait de les brancher sur le secteur une ou deux fois par mois, voire par jour pour les plus sophistiqués. Peu de temps avant donc, le pauvre toutou, étouffé par la pollution, rongé par la solitude, suffoquait dans un monde qui le rejettait. Le vieil homme et la fillette n'avait pû se résoudre à le laisser souffrir, et abrégèrent sa longue agonie. Et le vieil homme ressassait, et remâchait encore et encore. Pendu à sa balustrade comme un vieux vautour décrépi se raccrochant déséspérément à la derniere branche d'un arbre déjà mort depuis longtemps. Et ce jour, déjà particulièrement triste, devait bientôt voir une autre nouvelle désastreuse se produire. Or donc, ce matin là, comme tous les matins, le soleil se leva sur la Terre. Ses rayons étranglés par la nappe empoisonée, il éclairait d'une lumière pâle le monde gris. Le vieil homme tenait déjà la rembarde à pleines serres, et la fillette dormait encore. Ses yeux papillonants, égarés comem ceux d'un vieil hibou, fixait déséspérément les murailles abyssales qui se dressaient tout autour de lui, comme dans l'espoir de les transformer en herbe et en fleur multicolores par la seule force de sa volonté. Il était encore là quand la fillette sortit de la maison pour aller, comme tous les matins depuis que son père l'avait laissé, galoper dans l'herbe maigrelette. Il était encore à ses pensées quand un cri s'éleva du sol juste en-dessous de lui. Il s'ébroua vivement à ce son et lacha le garde-fou qu'il tenait depuis si longtemps. Combien de temps au juste? Il ne l'avait pas laché depuis la mort de Rufus, le dernier chien sur terre. Lentement, il descendit voir ce que sa petite-fille voulait tant lui montrer. Tout espoir n'était peut-être pas perdu? Mais quand il atteignit le bas des marches métalliques, son espoir s'envola aussitôt. L'adolescente le fixait de ses yeux bruns noyés de larmes, ses longs cheveux s'ébouriffant dans le souffle vicié du petit matin. "Grand-père, viens voir!" Il n'eut même pas besoin de se tourner pour savoir de quoi elle parlait. Depuis quelques temps déjà le chêne millénaire se couvrait d'une couverture corrompue qui lui rongeait l'écorce et lui bouffait les feuilles. Lentement, le grand-père prit son enfant par l'épaule et boitilla vers l'arbre vénérable. Comme il s'y attendait, une épaisse péllicule grisâtre, malsaine, le recouvrait intégralement. Ses dernières feuilles, préalablement vertes, avaient viré au brun puis au noir, et gisaient en désordre sur le sol malade des hommes. Refusant de croire à ce qu'il voyait, le vieil homme lacha sa descendante, essuya un pan de l'écorce, révélant la beauté anachronique du végétal, puis il posa lentement sa main dessus. Effleurant à peine le bois, de peur de confiremer se splus profondes terreur, il hésita. Puis, doucement, s'approcha de l'arbre et le caressa affectueusement. Hélas, trois fois hélas! Aucune palpitation ne sourdait plus du coeur de bois ancestral. Comme Rufus avant lui, le chêne mourrait étoufé, malade des hommes et de leurs saletés. Le grand-père, en sentant cette absence de vie, pencha la tête en arrière et se mit à hululer à pleins poumons vers le ciel triste, suivit par les hurlements aigus de la jeune fille. Puis ils se jetèrent de concert sur l'arbre décédé et l'ettreignirent en bramant de plus belle. Et quand le dernier arbre sur terre poussa un long, très long, dernier soupir, c'est comme si le monde s'éteignait pour de bon. Alors le ciel leur répondit. Transperçant les nuages pestilentiels, un éclair fonça droit sur le trio enlacé. D'un seul coup de cette foudre encore pure, le grand-père, sa petite fille et l'arbre millénaire furent pétrifiés. Non pas de cette pierre corrompue dont sont fait le béton ou le bitume, non! Ils devinrent d'agate, d'améthyste et de jade. Et quand la foudre les frappa, ils éxhalèrent ensemble une immense plainte qui résonna pendant longtemps dans le ciel embrasé. La Terre, entendant ce son, comprit ce qui se passait. Folle de rage et de colère, elle renversa les tours babyloniennes des Hommes, balaya les misérables parasites qui lui fouaillaient les profondeurs et se remit à respirer. "Cet évenement, mes chèrs enfants, marqua le premier jour où la Terre se révolta. J'ose espérer que cette histoire pourtant très triste vous auras plût. Je ne peux rien vous promettre, mais je tâcherais pour la prochaine de faire un peu plus gai ^^" "Mes chèrs petits, l'histoire précédente était bien triste, n'est-ce-pas? En voici une, très courte, mais un peu plus gaie, pour ne pas rester trop longtemps sur ces visions sombres, écoutez le chant de la Terre" En ce temps là, les dieux cherchaient comment réconcilier le Feu, leur frère, avec leurs idéaux, et n'avaient pas encore crées les loups ni les gardiens. Le Vent parcourait les nuauges en compagnie des oiseaux, réfléchissant au problème posé par la Feu. L'eau, dans le même temps, courraient sur les hauts-fonds, gambadait parmis les poissons, ou remontait inlassablement les rivères en cherchant elle aussi une réponse à cette question. La Terre, quant à elle, se reposait sous le grouillement de milliers de pattes qui la câlinait. Elle se laissait bercer par toutes les créatures qui la parcourait, se laissant aller à un sommeil réparateur. Dans son demi-sommeil, il lui arrivait de rêver et de bouger, mais jamais sans grande gravité. Et les dieux continueaient de réfléchir. A force de cogitations, ils créèrent les loups, dans le conte que je vous ai déjà narré. Puis, ils créèrent les gardiens, et enfin les hommes. Vous vous rappelez la création de l'Homme, par cette tempête qui brisa une falaise, et dont les morceaux de roche furent taillés par l'étoile? Or donc, quand l'orage fendit la pierre, et juste avant que l'etoile ne sorte de sa tanière, la Terre se mit à chanter. C'était une longue plainte, sourde et généreuse, qui sourdait du fond des entrailles pour venir résonner en surface, comme un gigantesqte grondement. Le vent, en entendant ce chant, commença lui aussi à entonner. Un sifflement aigu, mais sans être strident, un souffle ténu et pourtant puissant qui trouva vite l'unisson avec le chant de la terre. L'eau, elle aussi, se mit de la partie. Un reflux chuintant, puis une note feutrée, à peine ésquissée. Le Feu lui-même, quand il entendit ces sons, se dit que ça pourrait être beau. Mais, fier comme il l'était, il decida de ne pas intervenir. Alors la Terre, le Vent et l'Eau chantèrent ensemble, de longues et basses notes, profondes et anciennes, qui provenaient du tréfond de leurs âmes. Et pendant ce temps, l'étoile tailla les hommes. Quand ils eurent prit forme, le chant n'avait pas céssé. La complainte des éléments le stoucha alors qu'ils étaient à peine nés, s'infiltrant dans leur chair neuves, dans leur âme à peine accouchés, dans leur corps de pierre et d'acier. L'étoile, hérmétique à ce chant, se réfugia dans les esprits des hommes. Mais ceux-ci se laissèrent aller à des mouvements lents et erratiques, suivant ces notes qui vrombissaient. N'y tenant plus, le Feu ajouta un rythme endiablé. Et soudain le grondement devint une basse vibrante sur laquelle les trilles du vent bondissaient, plongeaient et remontaient en des crescendos et decrescendo vertigineux, tandis que l'Eau jonglait artistiquement avec les sons les plus feutrés, couvrant parfois les excès du vent, ou au contraire les renforçant. Et le chant devint une musique rythmée, fantastique, sur laquelle les Hommes se mirent à danser. Sentant ces pas sur elle, la Terre affirma la base du chant et le propulsa dans les airs avec force. Et les hommes, pris par la danse, commencèrent à cabrioler et à sauter en tous sens, suivant les rythmes élémentaux, au grand damn de l'étoile, qui ne comprenait pas ce qui se passait, et qui enrageait de perdre le contrôle. Puis la Terre, se rendit compte que ce qu'elle sentait n'était pas les pattes des animaux dont elle avait l'habitude. Sans cesser de chanter, elle alla voir de plus près ce qui se passait. Et c'est ainsi qu'elle découvrit les Hommes. Alors, d'un ultime point d'orgue, elle appela ses frères et soeurs, pour consacrer cette nouvelle création, avec les conséquences que l'on sait. Cependant, les Hommes n'oublièrenet jamais ce chant, et n'eurent rien de plus préssé que de le retrouver. Ils inventèrent des tas d'instruments, en bois, en peau, en os ou même en poils, et se mirent joyeusement à jouer avec. L'étoile, folle furieuse, voyait dans ces manifestations son emprise se déliter. Mais les hommes continueaient. De ce temps, la musique grandit et devint bientôt un dieu à part entière, auquel parfois, pendant des journées entières, les hommes rendaient un culte. Et, parfois, quand la musique atteignait son apothéose, le Vent, l'Eau, ou la Terre elle-même, participait à la danse. Les Hommes alors se laissent aller, oubliant tout de leurs vélleité, et retrouvant les rythmes qui les avaient bercés. Et c'est depuis ce temps, mes enfants, que la musique est aussi présente dans tous les coeurs. Née du chant des éléments, amplifiée par les Hommes, et grandissante dans leur coeur, elle devint la première façon de les réunirs. Et c'est depuis ce temps, mes chèrs enfants, que l'on dit que "la musique adoucit les moeurs", parce qu'elle bride le courroux de l'étoile et laisse les hommes en paix avec eux-même et avec le monde qui les entoure. Et c'est aussi depuis ce temps que, en prétant attentivement l'oreille, vous pouvez entendre un chant ténu et pourtant puissant, qui monte du sol comme un grondement. Car de ce jour, la Terre n'a jamais céssé de chanter. Il suffit juste de savoir écouter pour s'en rendre compte. "Voilà mes chèrs petits. Comme je vous l'avais promis, une histoire un peu plus gaie. J'espere que malgrès sa faible longueur, vous saurez l'apprécier , en attendant la prochaine ^^" -"Papi?" -"Oui? qu'est-ce qu'il y a mon petit?" -"Dis, tu veux bien nous raconter une histoire?" -"Ma foi, oui! Et que veux-tu donc savoir?" -"Dis grand-père, tu nous raconte une histoire d'hommes?" -"Une histoire d'ho....? Heu... tu as une idée précise?" -"Il y a quelques temps, tu nous as parlé de noël. C'est quoi? comment c'est né?" -"Ah.. d'accord, vous voulez la naissance de noël. Très bien mes enfants, écoutez donc Les gens des givres" (vive les jeux de mots à deux balles nda) C'etait un mois de décembre particulièrement froid. Dans cette contrée reculée, enfermée entre une profonde forêt et des sommets menaçants, l'hiver se faisait extrêmement rude. Au milieu d'une plaine, cernée de toute part par les hauts sapins de la forêt, se blotissait un petit village de bucherons, trappeurs et autres giboyeurs. En ce temps là, et plus particulièrement dans ces contrées éloignées et repliées sur elle-mêmes, la superstition remplissait les esprits. On pensait, par exemple, que le printemps serait clément si l'on plentait des oignons à l'envers dans le sol fraichement retourné, ou, autre exemple, que le gibier serait abondant si chaque hiver à la même date on dansait au dessus de grands feux crépitants au centre du village. Pour ces gens là, si l'hiver était aussi âpre, c'est parce que quelqu'un dans le village avait commis une faute. Le tout étant de savoir qui? Evidemment, on montrait du doigt toutes les bêtes sauvages qui infestaient les bois. Les loups, les premiers, parce que poussés par la faim ils venaient rôder jusqu'au abord du village, cherchant eux aussi à se nourir. Les renards aussi, et les martres, parce qu'ils dévalisaient les poulaillers. Les ours, parce que leurs tailles effrayaient les hommes, et bien qu'ils dormassent à cette saison, ils étaient impitoyablement pourchassés et abbatus. Mais on ne pensait pas que les loups venaient poussés par la faim, ni que les ours étaient aggressifs parce qu'on les dérangeait. Non! Tout ça c'était la faute de la personne qui avait péché. Dans ce village, peuplé d'à peine une trentaine d'habitants, tout le monde se connaissait. Et les gens n'ayant rien de mieux à faire à cette époque de l'année, les commérages allaient bon train. Forcément, dans une aussi petite communauté, les esprits s'échauffaient vite. Le maître des croyances, que l'on nommait respectueusement "druide", s'occupait d'enfiévrer ses ouailles. Ce jour là, il s'excitait sur la place, son bâton orné d'un crâne de chien (qu'il faisait passer comme étant celui d'un loup qu'il avait lui-même abbatu) tressautant au rythme des os de la colonne du même chien, arrangé comme une couronne macabre autour de son crâne déplumé. Sa longue barbe blanche filasse s'emmelaientt dans les plis de sa longue toge en peau de bête, tandis que ses jambes cagneuses vacillaient autour d'un autel en une danse frénétique. Sur les rondins mal équarris autour desquels il tanguait et giguait se dressait un mât rougie par le sang frais d'un animal recemment sacrifé. Une poule, ou bien un des nombreux chiens que comptait ce petit village avait ses entrailles encore fumantes répandues à même le sol, et le druide s'affaisser souvent pour les malmener du bout de son bâton, dont il venait ensuite frapper le mât . Puis il recommençait à sautiller comme un dément autour du bucher, enbrouillant autant ses paroles que sa barbe ou les esprits crédules des villageois. Tous, ou presque, pensait que ce cinéma verrait un augure poindre, et chacun attendait presque peureusement que les mots magiques eructent de cette gorge sénile. Au bord de la foule se tenait une jeune fille un peu niaise, mais fort jolie. Ses longs cheveux couleurs de cendres tombaient en longues cascades sur son visage que venait auréoler quelques taches de rousseurs artistiquement déposées autour d'un nez menu. Ses grands yeux couleur de prairie ensoleillée invitaient à la rêverie, et ses longs cils empéchait quiquonque croisait son regard de se dépétrer de celui-ci. Sa vieille robe élimée, déchirée par endroit, mettait plus en valeur qu'elle ne masquait ses formes appétissantes. Orpheline dès sa naissance, la couleur naturelle de ses cheveux et les circonstances de sa venue au monde lui valait souvent d'être traitée comme une paria. Il faut savoir que sa mère était morte en couche, et qu'on ignorait qui était son père. Née avec une tignasse déjà blanche, on la prenait souvent pour une sorcière, alors que la pauvre fille avait souvent déjà bien du mal pour lacer ses souliers. Certains des villageois s'étaient pris de pitié pour elle et subvenaient parfois à ses besoins en l'échange de diverses tâches, comme la vaisselle, le ménage ou la cuisine, domaines dans lesquelles elle excéllait. Cependant, beaucoup auraient aimé de sa part d'autres services plus... corporels, mais elle refusait toujours poliment, au grand damn de la majorité des hommes qui faisaient appel à elle. Or donc, cette jeune fille se dressait là, sa silhouette svelte emmaillotée dans de vieux haillons, sa longue chevelure sources de discorde flottant autour de ses épaules délicates. Âgée tout au plus d'une petite vingtaine d'année, elle fixait comme le reste des villageois la gigue insensé de leur gourou, attendant fébrilement l'éclat de lucidité au milieu de la folie. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que cette bringue affolée lui était destiné. En effet le druide, dans sa folie, s'imaginait que ses cabrioles lui inspirerait une pulsion pour sa personne, il se figurait que ses élucubrations engendreraient chez l'ingénue des sentiments à son égards. Car, comme presque tous les hommes du village, il s'était épris de la souillon, au point d'en perdre la raison déjà vacillante. Quand le mage se rendit compte, il lui arrivait parfois des éclairs d'intelligence, quand il se rendit compte donc, que sa sarabande provoquait l'effet inverse de celui escompté, il rentra dans une colère noire et devint fou de rage, comme s'il ne l'était pas déjà assez comme ça. Psalmodiant de plus belle, il fit jaillir de ses lèvres exsangues une logorrhée arythmique sans que ni tête, puis, d'un coup, pointa le crâne de son baton vers la jeune fille. Tout le monde resta figé, la jeune fille en tête. Qu'est-ce que ce vieux bonhomme allait encore leur sortir? Alors, faisant cliqueter les ossements ornant son bâton, il pointa la jeune femme et d'un borborygme infâme la désigna comme la seule coupable de la rigueur de l'hiver, de la férocité des animaux et l'accabla en un instant de tous les malheurs des villageois. Tout le monde la regarda. La pauvre était égarée, elle ne comprenait pas. Quoi? c'est de moi qu'il parle? mais qu'ai-je fait de si terrible pour causer tout ça? Elle n'eut pas le temps de réagir que déjà la foule se jetait sur elle. Très vite, elle se retrouva attachée au poteau, mise au pilori comme la paria qu'elle était. Ses vêtements déjà en lambeaux furent déchirés, sa peau laiteuse mise à nue pour le plus grand plaisir lubrique des hommes de l'assistance. Le druide sautait et gambadait à la vue de ce corps enfin dévoilé. Fou autant de joie devant pareille nudité que de douleur sachant qu'elle lui était refusée, il prit un brandon qui trainait dans un poëlle non loin, et s'approcha du macabre totem. Il allait poser le bout de la torche sur le brasier quand un loup, que personne n'avait remarqué, sortit du bois et s'interposa entre l'autel et le brandon. -"Quequecé? Q-q-q-qu'est-ce q-q-q-que t-t-t-tu fait là sale b-b-b-bête? Fiche le c-c-c-camp ou je t-t-t-te roussis le p-p-p-poil" vomit le druide. Mais le loup ne bougea pas, bien au contraire. Le fou menaçait de le frapper, mais soudain il s'immobilisa car une voix derriere lui venait de se faire entendre -"Laisse cet animal tranquile, espèce de vieux fou. Il ne fait que défendre une innocente" Le druide, complétement hors de lui, se retourna et tomba face à un homme mince, vêtu d'une simple zippeline qui paraissait rouge dans la lueur hivernale de l'après-midi. Son visage emmitouflé dans les plis de sa tunique disparaissait sous une capuche bordé d'hermine, et à son côté pesait un lourd bâton de chêne. L'étranger et le loup se regardèrent un instant, par-dessus l'épaule du druide qui divaguait de plus belle. D'un regard le loup jaugea le nouvel arrivant, et compris en un clin d'oeil qu'ils défendaient la même cause. L'étranger, quant à lui, remercia silencieusement le loup d'etre intervenu puis se retourna face au guignol qui continuait sa sarabande. -"Allez, arrête tes bêtises, vieil épouventail! De toute façon tu n'es que du vent" Alors l'étranger leva son bâton et le fit résonner brusquement contre le sol. Le druide, à ce mouvement, fut pris d'une quinte erratique de toux. La bave lui sortit des lèvres tandis qu'il se convulsait et se tordait à même le sol. Et sous le regard apeuré des villageois, sa peau se mit à fonder, son bâton devint translucide et une plainte funeste s'échappa de la dépouille. Le Vent d'hiver s'écoula de l'enveloppe du druide et s'en fut dans la forêt, ébouriffant les arbres de son mugissement. Alors le loup grimpa sur l'estrade et défit d'un habile coup de crocs des liens de la pauvre enfant. Celle-ci avait toujours présenté comme excuse aux villageois qu'elle attendait le bon moment, mais elle n'hésita pas à jeter ses bras autour de l'animal, qui ne se fit pas prire pour l'accueillir à grands coups de langues affectueux. L'Etranger, quant à lui, se tourna ensuite vers les villageois, qui reculaient devant cet homme surgit de nulle part. -"N'est-ce pas aujourd'hui que vous êtes censés danser et chanter pour faire fuire l'hiver? Regardez, il a suffit que j'apparaisse pour que l'hiver s'enfuie. Il avait pris l'apparence de votre druide, et maintenant vous êtes là, à trembler comme des feuilles mortes dans le vent d'automne!" Alors les hommes et les femmes se regardèrent, penauds. Puis l'un d'entre eux, un peu plus hardis que les autres, prit la parole -"Mais, sans notre druide, qu'allons nous devenir?" -"faites comme d'habitude, et l'hiver partira" Alors les villageois partirent dans la forêt chercher du bois. Supersticieux, ils demandaient à tous les arbres qu'ils rencontraient si ceux-ci voulaient bien leur donner du bois. Mais la plupart dormait, attendant le départ du froid. Seul le sapin leur répondit. Et c'est avec plaisir qu'il consentit à donner quelques membres de son éspèce, à condition qu'on se souvienne de son sacrifice. Alors les hommes découpèrent quelques branches, et déracinèrent un jeune arbre, puis ils menèrent le tout au village. Ils avaient suffisemment de bois avec le brasier préparé pour pouvoir festoyer, mais ils avaient besoin de branches et de ramilles pour bien débuter. Quant au jeune sapin, il fut replanté au centre de la cour, là où s'était tenu l'autel, puis il fut décoré de guirlandes de branches peintes. Devant ce jeune arbre, les villageois conféctionnèrent un nouveau brasier, et commencèrent à danser autour de ce dernier une fois qu'il fut allumé. La jeune femme étreignait toujours le loup, qui ne se lassait pas de pareilles caresses. L'Etranger alors s'approcha d'elle, il se pencha à son oreille et lui murmura des mots que même moi je ne connais pas. Toujours est-il que la jeune femme acquiesca, sans cesser de câliner le loup. Alors l'Etranger leva haut son bâton et tapota doucement de son bout la tête de la femme. Aussitôt celle-ci se transforma en grande louve grise, qui parti aussitôt dans les bois avec son compagnons. Et pendant ce temps les Hommes dansaient, fêtant la fin de l'hiver. L'Etranger, sans un mot, s'avança et dit alors: -"Ce jour que vous fétiez pour la fin de l'hiver sera désormais le jour où la lumière revient, et vous devrez le féter en tant que tel", puis, abaissant lentement son baton, il s'en fut à son tour dans les bois, laissant dans l'esprit des villageois crédules l'image s'un homme immense vétu de rouge et blanc. Et les hommes continuèrent de danser, et bientôt le printemps revint, plus clément cette année là. Alors l'année suivante, les hommes n'oublièrent pas, et se remirent à danser et à chanter autour de l'arbre qui grandissait. La tradition s'est perpétuée jusqu'à nos jours. On ne sait pas ce qu'il advint de ce bonhomme en rouge et blanc, ni qui il était. Mais on sait que par son geste il apporta la joie dans le coeur des Hommes, et permit à une jeune femme de trouver sa lumière. C'est depuis ce temps, mes chèrs petits, qu'à cette date on chante, on mange et on festoie, en souvenir d'un jour lointain. C'est aussi depuis ce temps que les sapins sont honorés ce jour là, en souvenir d'un sacrifice qu'ils accordèrent aux hommes pour permettre à la lumière de revenir sur le terre. Quant au couple de loup, une rumeur régulière dit qu'on les voit parfois jouer amoureusement, quelque part.... "Voilà mes chèrs enfants. J'espere que cette petite histoire vous auras plu. Maintenant il est temps de laisser vos paupières se fermer, et vos charmantes têtes se reposer. Dormez mes chèrs petits, grand-père veille sur vous, jusqu'à la prochaine histoire" -"Bonsoir mes chers enfants. Grand-père revient vous bercer puisque que vous avez été si sages . Etant d'humeur sereine en ce moment, j'ai envie de vous raconter un conte poétique. Ecoutez, mes chers petits, la légende du tisseur de rêve (inspirée d'une autre de mes nouvelles, non encore publiée non plus nda) Cette histoire se passe au temps où la terre était encore jeune et belle. Les hommes naissaient à peine et la dispute avec la lune s'était calmée. Les deux amies se regardaient longuement et discutaient souvent. Pour sceller leur amitié, les hommes avaient offert à la lune l'un de leurs enfant, qui gambadait joyeusement sur son visage. Quand la lune s'arrondissait en croissant, l'enfant, devenu jeune homme, s'asseyait sur le bord et pêchait dans l'âme et le coeur des hommes leurs plus grands et leurs plus beaux rêves. Il lui arrivait parfois d'attraper des cauchemars, même les meilleurs pêcheurs peuvent faire de mauvaises prises. Quand cela lui arrivait, il prenait le mauvais songe et l'enroulait dans un morceau d'étoile, puis il lançait son paquet dans l'espace. Celui-ci s'étirait alors et, comme une goute géante, coulait dans le ciel à des vitesses vertigineuses. Et les hommes, en bas, voyaient cette immense boule trainant derrière elle une robe d'argent. Ils baptisèrent ces apparitions "comètes" et les révérèrent craintivement, car il savait que c'était là les dérivés de leurs plus mauvais rêves. Ils craignirent que ces étoiles filantes ne leurs tombent sur la tête et répandent de nouveau dans leurs esprits les terribles cauchemars que l'enfant attrapait parfois. C'est ainsi qu'ils en vinrent à craindre le ciel, et à le vénerer pour éviter qu'il ne leur lâche sur la tête les tourments qu'ils aveint eux-même créés. Mais le jeune homme, là-haut, dans les bras dorés de sa mère, se moquait presque de ce que pensait les hommes. Il constatait juste que la qualité des rêves tendait à baisser, et se demandait pourquoi. Le spectre de la peur envahissant les esprits, les hommes faisaient de plus en plus de cauchemars. Et plus ils cauchemardaient, plus ils avaient peur, et plus ils avaient peur, plus ils cauchemardaient. C'est un cercle vicieux. Toujours est-il que le jeune pêcheur continuait de récolter les rêves des hommes. Mais devant tant de mauvais rêves, il se tourna alors vers les enfants, aux rêves purs, sereins. Quand il attrapait un cauchemar, parce que les enfants aussi peuvent en faire, il ne le lançait pas au loin, mais au contraire le pétrissait longuement, patiemment, jusqu'à en obtenir des fils diaphanes et argentins, dont il se servait pour pêcher. Et quand il attrapait un rêve, un vrai, pur, heureux, magique presque.... Là, par contre... Il enroulait précieusement le rêve, le malaxait précautionneusement et le tissait jusqu'à en obtenir soit des fils d'une pureté quasi cristalline, soit des morceaux avec lesquels il reforgeait la lune. Les hommes, pendant ce temps, croissaient et multipliaient. Leurs âmes corrodées par l'étoile égarée devenaient de plus en plus sombres, et même leurs rêves se teintaient de mauvaises choses. Les hommes commencèrent à rêver de profit, d'orgueil. Ils rêvaient qu'ils étaient "meilleurs", plus forts, plus grands, plus haut que le reste du monde. Et ces rêves étaient pires que des cauchemars. Au bout de très peu de temps, le jeune homme sur la lune fut débordé. Il n'avait plus assez de matières pour créer de nouvelles étoiles, et les rêves qu'il attrapait étaient tellements corrompus qu'il n'avait d'autres choix que de les lancer le plus loin possible, en éspérant de tout son être que les éloigner guérirait ses frères et soeurs. Mais rien n'y faisait. Làs de la laideur qui emplissait peu à peu le coeur des hommes, il se tourna encore vers les enfants, et commença même à chercher parmis les autres créations. Mais peu d'entre elles savaient comment rêver. Alors il prit ses fils les plus fins et les plus solides qu'il avait tissé, mit au bout un morceau de rêve et lança sa ligne par dessus les esprits étroits et mesquins des hommes. Son appat toucha bientôt un jeune loup qui dormait tranquillement au sein de sa meute. Les rêves sur l'hameçon se fondirent dans son esprit, et le loup apprit à rêver. Dans ses rêves, il communiqua à l'esprit de la meute ce don qui venait de lui être octroyé, et l'esprit de la meute enseigna alors aux autres loups. Tous les loups de la terre se mirent bientôt à rêver, et entreprirent d'inculquer aux autres créations ce formidable pouvoir. Sans tarder, tous les animaux, ou presque, commencèrent à rêver. Des rêves de chasses, de paturages, des rêves d'accouplement, de survie, des rêves de nature, de montagne, de colline, de nuages, des rêves de toute sorte, purs et animaux, emplirent bientôt le ciel d'images. Alors Pierrot lança de nouveau sa ligne, et récolta les rêves des loups, des chevaux, des griffons et des dragons. Et quand il ramena sa moisson, il ensemença de nouveau le ciel d'étoiles scintillantes, gardant une partie pour reconstruire la lune. Le chien, qui courrait toujours non loin, sous forme d'un ams d'étoile, vis ce spectacle et s'arréta un instant pour déclamer sa joie sur tous les tons. Le jeune homme, en l'entendant, pris le hurlement et le modela avec les toiles des rêves, puis il façonna des figurines et les lança en l'air pour qu'elles aillent s'accrocher au dais de la nuit. Et pendant qu'il modelait et tissait les rêves, les hommes empirèrent. Leurs rêves étaient un peu plus sereins, mais pas encore assez pour redevenir la matière des jeux du tisseurs. Dans leurs âmes grandissaient l'esprit de conquête, de profit, de destruction. L'étoile éxilée sur terre renforçait son emprise, avec le mal que l'on sait. Mais Pierrot n'abandonna jamais les enfants. Et avec leurs songes et ceux des créations, il créa des univers enchanteurs, des paysages oniriques, des histoires éthérées, qu'il confia ensuite à un bouquet d'étoiles neuves qui passait à proximité. Ces contes, enrobés de poussières d'étoile, chutèrent alors sur terre. certains frappèrent les adultes, mais firent moins d'effet qu'une piqure de moustique sur une roche. D'autres touchèrent les enfants et les bercèrent de tendre bonheur, d'autres encore éffeurèrent les arbres, les plantes et animaux, les cajolants au sein de rêves colorés. Seuls quelques uns parmis les adultes découvrir le pouvoir de ces rêves, et au matin, se virent dotés de la capacité à les raconter. Abandonnant le monde dans lequel ils vivaient, ils racontèrent ces rêves à leurs façons. Certains se mirent à imiter la terre qui chantait depuis leur naissance, d'autres prirent la plume et traduirent en mot ces songes éthérés, d'autre encore tentèrent de les transposer en image, ou en figure. Et c'est ainsi que naquirent les premiers arts. Mais quelques unes de ces personnes se firent vagabond. Prenant juste de quoi se nourrir, ils commencèrent à arpenter le monde pour raconter des histoires. Et quand deux d'entre eux se croisaient, ils échangeaient les histoires qu'ils avaient récoltés, puis repartaient sur les chemins, colportant pour une bouché de pain les rêves des hommes, des enfants, des plantes et de toutes les créations des dieux. Les enfants, connéctés directement à ce monde magique, les accueillaient toujours avec les yeux embués. Et c'est ainsi mes chers enfants que naquirent les premiers véritables conteurs, dont je fais partie. De ce temps, il nous arrive souvent de nous tourner vers la lune, où danse un Pierrot heureux de voir les rêves si purs. Les cauchemars des hommes emplissent malheureusement toujours les cieux, mais on les oublie bien vite devant le sourire d'un enfant attentif, et peut-etre qu'un jour, les contes rendront aux rêves leur pureté première. -"Voilà mes chers petits, j'espere que cetet histoire vous auras plu. Et si vous vous demander ce qu'est devenu le tisseur, levez donc le nez un soir de pleine lune, et vous le verrez gambader allègrement sur la face de sa mère, tissant les rêves pour en faire des contes." -"Grand-père! Grand-père!" -Oui mon petit, je suis là" -"Ah ben enfin papi, où t'étais passé?" -"Loin mon petit... très loin" -"Dis papi, tu nous raconte une histoire?" -"Volontiers mes chèrs petits, voici un conte issu du fond de ma vieille mémoire, une histoire d'Homme tirée de mon inspiration, tout exprès pour vos oreilles gourmandes. Laissez moi vous conter l'aventure du voleur d'âme" En ces temps très anciens, la Terre souffrait déjà du joug des Hommes et de leurs cultures, les garous et les fils du loup blanc se camouflaient parmis les enfants de l'étoile et du loup gris. En un mot comme en cents, l'Homme avait déjà commencé sa domination sur ce monde laissé à l'abandon. Parmis ceux-ci vivait un nomade, sans terre, sans famille, heureux de sa vie de vagabond, mais qui portait le mal en lui. Il vivait, en effet, de menus larçins, et soustrayait aussi bien la bourse des personnes riches que la volonté des plus jolies femmes, sans jamais être incomodé par les forces de l'ordre que l'Humain instaurait un peu partout. Car ce jeune homme avait un don : il était voleur de profession, élastique de sa langue et de son esprit, et propre à disparaitre comme un écran de fumée. Cependant sa vie, vagabonde, libre, ne lui suffisait pas. Car bien qu'agile de ses doigts, il lui manquait un petit quelque chose pour le satisfaire. Le problème étant qu'il ne savait pas quoi. Un matin d'hiver particulièrement brumeux, un de ces matins où la neige ensevelit de son linceul les champs et la vie entière, un de ces matins cotonneux où le feu crépite dans la cheminée, il travaillait comme garçon de ferme chez un riche propriétaire terrien dont il détroussait sans vergogne la fille ainée, la cadette et la puinée, toutes trois charmantes créatures s'il en est, laissant la benjamine tranquile, trop jeune à son gout. Toujours est-il donc, que ce matin brumeux, il se prélassait sur un siege devant le feu, l'ainé des filles sur ses genoux et une chope de la biere de la maison à la main, réfléchissant à ce qu'était sa vie. Le jeune fille l'entretenait de sujets divers pendant que les autres femmes de la maison s'occupaient qui du ménage, qui de la cuisine, et pendant que le père, patron de notre voleur, tenait le marché, dans la ville proche. Mais c'est à peine si le voleur l'écoutait, plongé qu'il était dans ses propres pensées. Il se contentait de répondre, de temps à autre, par monosyllabe, au plus grand désarrois de la jeune femme, laquelle eut tôt fait de le laisser en paix. Il en était là, ses pensées tournant en boucle sur elle-même, se mordant la queue et revenant sans cesses, sans lui apporter de solutions, quand une bourrasque un peu plus brutale que les autres plaqua contre les carreaux un lambeau de neige. Le bruit attira le regard du jeune voleur, qui ne put s'en détacher. Sous les coups du vent, le tas de neige se délitait, laissant apparaitre une feuille morte en dessous. Une fois toute la neige dissipée, la feuille se blottit un instant contre les vitres froides, et s'envola, laissant une marque nette de son passage sur la vitre. Et la solution vient à notre jeune voleur de cette vision. S'il était si habile que ça à manier les esprits, que lui empéchait de devenir ce que bon lui semblait? Dans un monde où l'apparence importait plus que l'essence, et dans lequel, lui, vagabond, pouvait à loisir prendre l'apparence qu'il souhaitait, que lui empéchait de jouer sur ces apparences comme un maître sur les cordes de son instruments. Sitôt pensé, si tôt mis en action. Prétextant une course à faire, il quitta la ferme, avec pour tout bagage ses vêtements, un quignon de pain boulotté dans la remise, et une coquette somme d'argent prélevée dans la réserve familliale. Ainsi nanti, il se lança à corps perdu dans la tempête qui faisait rage, et se perdit dans le blizzard. Nul ne devait jamais le revoir dans cette contrée, ou s'il se fit voir, nul ne sut le reconnaitre. Le printemps arriva bientôt, et avec lui son cortège de jeunes pousses et d'animaux de toutes sortes qui sortaient de leurs tanières. C'est cette période que choisit notre voleur pour réapparaitre. Dans une contrée éloignée, loin de toutes ses anciennes attaches, il sortit du trou dans lequel il avait passé l'hiver, méconnaissable dans son bel habit neuf, resplandissant dans ses atours de haut dignitaire local. En un hiver, il était devenu suffisement à l'aise pour parcourir le monde en toute liberté, usurpant des identités pour devenir le premier escroc connu. Cependant, loin de simplement leurrer les gens par rapport à son apparence, il s'impregnait littéralement de l'esprit des personnes qu'il détroussait, se nourissant de leurs sentiments autant que de leurs biens. Nul ne sait comment, pas même moi, mais il était devenu le voleur d'âme. En effet, il lui suffisait de plonger son regard dans celui de quelque'un d'autre, et l'instant d'après il se changeait en cette personne, laquelle restait amorphe et sans vie jusqu'à ce qu'il change à nouveau d'identité, et encore, peu de ses victimes pouvaient renaître. Il devint ainsi membre d'une assemblée secrète, collectant des informations pour son compte personnel, il se métamorphosa en nobliau, usant de son pouvoir pour séduire les femmes et amasser encore plus d'or, il se changea en homme respécté et craint, mais il ne toucha jamais aux hautes organes du pouvoir, car il savait la difficulté et l'ennui que ces charges pouvaient apporter. Ce qu'il recharchait avant tout, c'était la facilité, le confort, et la tranquilité. Il incarna tour à tour le prestige, la sagesse ou même la force, tant qu'il pouvait faire ce qu'il voulait, rien ne lui paraissait assez dégradant. Pour lui, c'était même naturel. A force de plonger dans les rêves des gens et de s'imprégner de leurs essences, il fut bientôt capable de malaxer ses propres pensées pour les injecter chez ses victimes. Gouverner à la place des autres, sans porter le poids de la charge, voilà qui lui convenait à merveille, et lui permettait de vaquer à ses occupations, sans crainte aucune. Il tenait le pouvoir entre ses mains, et pouvait convaincre quiquonque de son innocence d'un simple regard, d'une simple plongée dans les pensées. L'impunité au sens propre du terme. Et pourtant, malgrès la fierté et les jouissances que lui apportait son don, malgrès sa vie sombre et vampirique, il se sentait incomplet. Comme s'il ne possédait pas d'âme propre. C'est peut-etre ce qui fit son don, le fait qu'il ne possède pas d'âme lui permettait de voler et de s'approprier celles qu'il désirait. Un jour d'été, chaud et humide, alors que le ciel couvait des pluies regénératrices et que la terre s'enflait du parfum de l'humus, il vagabondait dans des sous-bois giboyeux, en quête d'une proie facile. Une biche, ou même un cerf ferait parfaitement l'affaire, à son idée. Il avait découvert avec la chasse un plaisir facilement accessible et qui dorlotait son orgueil tout en sollicitant ses capacités. Au détour d'un chemin, il apperçut une jeune biche qui broutait tranquillement dans l'herbe proche. Descandant de son cheval, il s'avançat prudemment, sous le vent. Il appréciait le plaisir de la traque et ne comprenait pas ces personnes qui tirent à vue, sans aucun autre plaisir que celui de tirer. La dague au clair, il s'approcha lentement du faon, comme un voleur. Mais le chevreuil dut le sentir, et s'enfuya dans les sous-bois. Frustré, le voleur la pourchassa un moment, et finit par se perdre dans cette forêt touffue. Il allait s'en retourner, suivant ses propres traces, quand il entendit le son doux d'une cascade proche. Mais ce n'est pas tant la cascade qui l'intrigua, mais le son que celle-ci couvrait. Ses années de rapines lui avaient affuté l'ouïe autant que les doigts, et c'est très clairement qu'il distinguait la chanson sous le gazouilli de l'eau. S'approchant comme s'il chassait la biche, il se trouva bientôt en embuscade derrière un épais fourrés. Une cascade joyeuse se jetait du haut d'une petite falaise dans un plan d'eau naturel, et au bord de ce plan d'eau, une jeune fille nue, nimbée d'écume, nouait ses longs cheveux soyeux en fredonnant doucement. Fasciné, le voleur resta à l'affut, immobile, regardant et écoutant tout en même temps cette jeune naïade. Quand elle se redressa et se tourna face à lui, sans le voir, il faillit perdre la vue devant tant de beauté, mais ne bougea pas. Il sut, sans savoir, qu'il n'userait pas de son don contre elle, car il ne la voulait pas dénaturée, mais entière. Oh! oui! Il la désirait furieusement! Ardemment même. Chaque fibre de son être s'enflammait devant cette jeune femme. Il la voulait, pour lui tout seul, mais ne pouvait se résoudre à la contraindre. On ne gache pas une beauté pareille! Résolu, il se mit à la suivre, usant de précautions excessives en regard de la situation. C'est qu'il ne voulait pas la perdre. Ah ça non! Quand elle eut fini de se vêtir, réhaussant encore l'attrait qu'il éprouvait, elle s'enfonça encore dans le bois. Sans faire craquer une branche, sans déplacer un seul brin d'herbe, il la traqua, plus encore que n'importe quel autre gibier. C'est cette biche là qu'il briguait. La jeune femme parvint bientôt à une petite hutte de rondins sise au milieux d'une agréable clairière. Le voleur s'étonna, il connaissait assez bien le coin, mais n'était jamais venu jusque là et la présence de cette cabane le déconcertait. Fidèle à son idée, il s'approcha d'une fenêtre et jeta un coup d'oeil à l'intérieur. Quelle ne fut pas sa colère, sa décéption! Un homme, un mâle, se tenait devant la table, préparant le repas, tandis que la jeune femme allait et venait dans la pièce, un sourire étrange aux lèvres. Il n'avait jamais essayé avant, mais le courroux eut raison de sa prude,ce naturelle. Il se concentra sur cet homme. Il le voulait à sa botte, rampant comme un chien, sérvile, et hors de la vie de "sa" biche. La fenêtre lui montrait l'homme de dos, aussi il fixa son regard à la base de la nuque, envoyant des ordres muets par la pensée. L'homme se retourna, et leurs regards se croisèrent. L'un, animé d'une fougue et d'un feu mortel, l'autre neutre et presque amusé. Ils restèrent un moment ainsi, figés l'un l'autre, plongés dans leurs yeux respectifs. Puis, soudain, comme s'il fondait, l'homme disparut. A sa place se dressait un grand loup gris, une étoile d'argent ornant son col. Et ses yeux jaunes ne cillaient pas plus qu'avait bronché l'homme auparavant. A ce moment, quelque chose céda dans l'esprit du voleur. Au lieu d'absorber l'âme, ou de contraindre sa volonté, il fut assailli comme par un esprit multiple. Et dans sa tête résonèrent les voix de milles, de millions de personnes. Les voix de toute une meute. Hurlant de rage, il tomba à terre, se tenant la tête entre ses mains de peur qu'elle n'explose, mais le tumulte ne cessait pas, et l'homme le fixait toujours, depuis sa chaise. Invisible pourtant, couché sous la fenêtre, le voleur sentait sur lui le poids de ce - de ces - regards, et succombait au chant de la meute. C'est alors que la jeune femme sortit. Non content de calmer ses tourments, la vision de celle-ci renforça la douleur du voleur, qui tenta, dans un accès de folie, de s'enterrer, de se cacher sous terre, de disparaitre, à jamais. Il se tordait, là, devant cette frustre cabane en bois, ses victimes antérieures profitant de la brèche dans son esprit pour ressurgir en masse. Il se tordait, là, sur cette terre nue qu'il avait tant parcourant, subissant le prix de ses tourments passés, quand la jeune femme et l'homme s'approchèrent, sans haine. Aucune animosité n'émanait de leurs personnes, au contraire. Ils infligeaient tourments et tortures à ce rodeur, sans lui vouloir aucun mal, comme pour le soigner. La jeune femme s'accrouppit alors, et toucha légerement le bras du voleur, calamant sa douleur. Celui-ci se releva alors, encore tourmenté. Il regarda ces deux êtres, et distinguait par dessus eux, comme en surrimpression, les images encore flous d'un loup gris et d'une louve au pelage de neige, qu'une zébrure noire venait tacher sans pour autant l'enlaidir. Sentant une sensation curieuse, il se regarda et constata, à sa grande stupeur, qu'il se tenait debout, sur quatres pattes. Une queue longue et noire flottait derriere lui, et son torse s'ornait d'un camaïeu de gris. Alors, relevant les yeux, il vit les deux loups qui lui faisaient face. Nulle trace d'aucun homme ici, seuls deux loups-garous qui le regardait patiemment. Alors il finit de se briser complétement. Les voix de la meute retentissaient de nouveau dans son crane, mais ne l'oppressaient plus. Et toutes les âmes qu'il avaient prises retournèrent à leurs propriétaires légitimes. La louve blanche s'avança alors et le calma d'un regard et d'un coup de langue affectueux. -"Celui que tu voit est mon frère. Nous attendions ta visite, voleur. Tu es des notre maintenant" A ces mots, le voleur qui n'en était plus un, reconnu le son de la vérité. De toute sa vie, pour la première fois, il se sentait complet. Car c'était là son secret. Il était né homme, mais cachait un coeur de loup. La méconnaissance de son état l'avait mené à toutes ses malversations, et ce jour là, sous un ciel mystique, il devint ce qu'il avait toujours cherché. Fou de joie, ivre d'amour, il lécha longuement la louve, sous le regard bienveillant du loup gris, puis entreprit de lui faire la cour, sincérement. Il prouva ainsi qu'il ne saurait plus jamais ni mentir ni voler, et s'engagea à veiller sur les hommes, car tel était maintenant son rôle. Et de ce jour, le voleur eut enfin une âme. Certains disent qu'il ne revêt plus son apparence d'homme, d'autres affirment qu'il retourne parfois parmis les humains, pour enseigner ce qu'il a appris, et veiller sur ces anciens semblables. Toujours est-il qu'il vit, encore aujourd'hui, avec cette louve blanche, dont la fourrure est barré d'une ligne noire, avec ce loup gris avec une étoile d'argent sur le torse. Il vit, loup noir à la queue ornée de blanc et au torse constéllé de gris, au milieux de ses pairs, et qu'il ne souhaite pour rien au monde une autre vie que celle là. 'Voilà mes chèrs enfants. J'ose ésperer que cette petite histoire vous auras plue. Grand-père vous laisse à présent, mais il revient bientôt, avec de nouvelles merveilles à vous raconter." "-Papi!" "oui mon petit, voilà" "-dis papi, tu nous raconte une nouvelle histoire, s'il-te-plait ?" "-d'accords mes enfants, d'accord, je profite d'un rapide passage dans la tanière pour vous raconter une histoire... Voyons, que vais-je bien pouvoir vous narrer ce soir? Ah! Je ne crois pas vous avoir déjà conté La jeune femme et le loup? Non? Alors ouvrez grand vos esgourdes, désensablez vos portugaises et laissez vous bercer par cette petite improvisation, concoctée exprès pour vous, mes chèrs petits " En ce temps là, dans une région éloignée, vivait une jeune femme et son mari. Pauvres paysants, qui survivaient dans ce monde déjà possédé par les Hommes, de la culture et un peu de l'élevage. La vie était dure en ce temps là, même pour les humains. Et c'est à coup de serpes et de rateaux que ce jeune couple résistaient dans les montagnes. Hélas, la vie rude éxigeait tellement, qu'avant un an le mari trépassa. Une sombre histoire que je vous conterais peut-etre une autre fois. Toujours est-il que la femme resta seule pour s'occuper et du bétail et des champs. Et la vie n'en devint que plus pénible. Un matin, comme tous les autres, un pâle matin d'hiver alors que le givre s'accrochait déjà aux herbages et que les pâturages achevaient de blanchir, la jeune femme sortit ses chèvres pour les emmener paître dans la montagne. Au loin hurlait un clan de loup, mais la jeune femme n'avait pas peur des loups, car ceux-ci la connaissaient. De temps à autre, pour rester en paix, elle leur sacrifiait une bête malade ou trop vieille pour en tirer du lait ou de la viande. Et les loups la laissait en tranquile. Oh! Il arrivait bien parfois qu'un ou deux d'entre eux s'aventure auprès de la chaumière, attirés par l'odeur des chèvres, mais jamais ils n'avaient tenté d'y pénétrer. Mais ce matin, quelle ne fut pas sa surprise, en arrivant sur le pré, de voir surgir du bois tout proche une grande louve blanche, accompagnée par un petit louveteau de quelques semaines qui trotinait à ses côtés, encore maladroit et pataud. La louve et la bérgère se regardèrent longuement, mais dans les yeux ni de l'une ni de l'autre ne tremblait l'éclat brulant de la peur. Les chèvres, craintives par contre, se blotissaient derrière leur gardienne en bêllant de terreur. La louve leur adressa un regard dédaigneux et retrouva les prunelles de la jeune femme. Tout soudain, difficilement, elle attrapa par le col le louveteau qui jouait dans ses pâtes et s'approcha sans un bruit de la bérgère. Déposant précautionneusement son colis, elle lui octroya une dérnière léchouille et repartit en boitillant vers le bois. Ce n'est qu'alors que la jeune femme vit le pourquoi de cet état. Sur le flanc immaculé de la louve suintait une rivière rouge, maudite, plaie de la technologie des hommes. Alors la bérgère compris : la louve, sentant ses dérnières heures venir, lui confiait son enfant, et s'en repartait mourir. On ne revit plus jamais cette grande louve au pelage neigeux, mais la légende raconte que son dernier souffle donna à un arbre la force de résister aux morsures de l'hiver, et que les fruits de cet arbre devinrent des pommes qui, quand elles éclosent, ressemble au halo embrumé d'une haleine et que ses feuilles se racornirent pour ne ressembler qu'à de fines épines. La jeune femme, tenant le louveteau gémissant par le col, assista à la naissance du sapin, et résolu, dorénavant, d'onorer ce jour en décorant un de ces arbres dans sa maison. Puis elle retourna au petit qui gémissait toujours sous sa main pourtant douce. Qu'allait-elle donc pouvoir en faire? Un chien de troupeau? Ne risquait-il donc au contraire de chasser ses chèvres au lieu de les garder? Elle ne pouvait pourtant pas l'abandonner, si sa mère le lui avait laissé, c'est qu'elle avait confiance, alors? Montant le louveteau au niveau de ses yeux, pour mieux le voir, elle reçu un joyeux coup de langue sur le nez et partit d'un éclat de rire cristallin qui résonna longtemps sur les monts enneigés. Le louveteau, quant à lui, la regardait avec de grands yeux interrogateurs, mais la jeune filel le reposa doucement à terre et entreprit de traire une chèvre pour le nourrir. Puis elle s'assit dans l'herbe froide, le louveteau tranquilement pelotonné sur ses genoux, et garda ainsi ses chèvres jusqu'au soir. Le soir venu, elle rentra dans sa cabane, enferma comme tous les soirs les chèvres dans la grange et rentra chez elle préparer le feu. Elle avait pensé à prendre des tiges de sapin, dont elle fit une couronne qu'elle déposa sur sa porte. Le jeune loup la suivait en glapissant de joie, et c'est presque naturellement qu'il se cala sous la table, se roula en boule, bailla et s'endormit. La jeune femme le regarda, émue. Elle déposa près de lui une coupelle de lait frais, et partit elle aussi se coucher près de l'âtre, après avoir soustrait à quelques tâches ménagères. Un rayon de soleil timide la tira du lit, en même temps que le louveteau. Dehors la neige s'ammoncelait dans les champs et sur les monts. Pas la peine de penser à sortir les chèvres aujourd'hui. Elle apporta du fourage à son bétail et retourna ensuite s'occuper de sa maisonnée, un seau de lait frais dans la main. Habile de ses mains, elle confectionna un jouet pour le louveteau, et l'encouragea à rester au chaud pendant qu'elle s'attelait à la fabrication du fromage, et à d'autres tâches. Une fois ses affaires finies, elle nourrit le louveteau qui commençait à réclamer, et, fait surprenant, s'allongea à côté de lui et joua un moment. Ils passèrent un moment ainsi à échanger des coups de langues, des rires et d'autres moments de plaisir. Mais en jouant le louveteau la mordit à la main. Oh! Pas méchamment, mais quand même. Et c'est à ce moment que la jeune femme sut qu'elle allait le garder, mais qu'il resterait loup sa vie entière, quoi qu'elle fasse. Pendant qu'elle pansait sa main sous le regard meurtri du loup, il lui vint une idée. S'il n'est pas possible d'en faire un chien, est-ce qu'il est impensable d'en faire un chasseur? La soirée s'avançant, elle s'allongea, non sans avoir flatté le louveteau, qui s'endormit tout ragaillardi. Le lendemain, une fois ses fromages fais, elle confia le louveteau à la chaleur de son foyer et s'en fut vendre ses fromages au marché. Elle en profita pour se renseigner auprès de chasseurs qu'elle connaissait pour apprendre un peu plus sur les us et coutumes des loups. Et quand les villageois lui demandèrent pourquoi, elle répondit évasivement que, vu qu'elle était entourée de loups, il vallait mieux les comprendre pour rester en paix. Elle revint tôt chez elle, tous ses fromages bien vendus, et fut acceuillie par une sarabande surexcité du jeune loup qui la reçut à grands renforts de jappements, léchouilles et autres démonstrations affectueuses. Riant de ces éclats, elle se réalongea à ses côtés et recommença à jouer avec lui. Et le temps passa ainsi, les saisons succédant aux saisons. Le printemps vit les champs ensemencés, les chèvres courrant librement dans les alpages. La jeune femme ne craignait plus du tout les loups ; n'en abbritait-elle pas un sous son toit? L'été les champs doraient sous un soleil généreux et les chèvres mettaient bas, souvent assistées de la bérgère, et du jeune louvart qui, tranquile, apprenait. L'automne et sa charge de pluie arriva bientôt, et les feuilles volantes furent souvent prétêxtes à courses-poursuites et autres embuscades du jeune loup, sous le regard aimant de la jeune femme. Par le jeu, elle lui enseigna bientôt à chasser, comme l'aurait fait sa véritable mère, mais elle lui enseigna aussi qu'il est certaines proies à ne pas toucher. Ainsi les chèvres des bergers furent-elles reconnues comme "taboues". Et le temps passa encore, emportant dans son sillage les flocons de l'hiver, le redoux du printemps, la chaleur de l'été et les pluies de l'automne. Le louvart était devenu un jeune loup fort et vigoureux, et souvent il rapportait à la maison qui des jeunes cerfs, qui des vieilles chèvres trouvées lors de ses escapades. Mais jamais la femme, un peu moins jeune maintenant, n'eut fournir le moindre dédommagement à qui que ce soit, car le loup avait bien retenu ses leçons. Un soir, cependant, le loup ne revint pas. Le soleil d'été brulait encore les monts isolés, et au loin les meutes chantaient. La bérgère, inquiéte, l'attendit longuement, mais le sommeil traître la cuillit sur le paillasson. Elle s'endormit donc ainsi, sur le devant de sa porte, à peine couverte d'un châle, attendant déséspérément que revienne "son" loup. Une chaleur intense après le froid mordant, des petites piqures sur ses joues et son menton. La bergère ouvre les yeux, envahit par toutes ces sensations. Son loup est là, anroulé autour d'elle dans une attitude protectrice. Elle se lève, mais chute et se retrouve à quatres pattes, face au loup qui la regarde de ses yeux éméraldins. Elle se regarde. Du poil, blanc, envahit son champ de vision. Ses oreilles bougent bizarrement et elle a une drole d'impression venant de son arrière-train. Un coup d'oeil, une queue s'y balance avec entrain. Elle s'avance vers "son" loup, elle veut l'embrasser, leurs deux museaux se frolent. Douceur, extase même. Elle se rapproche et....plonge dans les ténèbres. Le froid mordant la saisit brusquement, ce n'était qun rêve! Etternuante et enkilosée, elle rentre dans sa maisonée, sans nouvelles du loup qu'elle hébèrge. Où est-il parti? Elle sent le froid l'envahir malgrès le feu qui crépite joyeusement dans l'âtre. Elle n'entend pas ses brebis et ses chèvres qui l'appelent pour la traîte. Elle a envie de se laisser partir, replonger dans ce rêve. Elle va pour s'allonger quand un grattement discret se fait entendre à la porte. Elle fonce, elle court. La porte s'ouvre en coup de vent. Sur le seuil, un loup de noir vétu la regarde, plaintivement. De ses flancs dépasse un vilain morceau de bois, une flèche. Son loup est rentré, mais il est bléssé. Aussitôt, elle le pose près du foyer, cours chercher de l'eau qu'elle met à chauffer, des linges et des bandages. Elle n'a pas besoin de l'intérroger pour comprendre ce qui lui est arrivé. Lentement, avec des gestes empreints de douceur et de gravité, la bérgère soigne ce loup. Une fois sa cuisse bandé, la femme retourne s'occuper de son bétail, puis rentre vite veiller sur ce loup. Ses paupières se ferment toutes seules mais sont génées par les larmes de joies qui inondent ses yeux. Le grand loup noir, "son" grand loup dors là roulé en boule selon son habitude, il dort tranquilement près du feu. Alors la bergère ne retient plus ses larmes, et c'est en pleurant qu'elle s'allonge près du loup pour s'endormir à son côté. Le petit matin les découvre tendrement enlacés, la joue de la bérgère reposant tendrement sur l'épaule du loup, qui lui fait une couverture de son corps ensanglanté. Ils s'éveillent ensemble, en même temps, se regardent longuement, puis le loup lui adresse un joyeux coup de langue qui vient recouvrir un instant les lèvres de la jeune femme. Elle savoura un long moment ce gout légerment amer, puis, n'y tenant plus, enfoui son visage dans le cou du loup qui la parcoura alors de chaudes léchouilles. Ne pars plus! Ne pars plus! sanglotait-elle entre deux coups de langues. Se rendait-elle compte que son coeur battait à tout rompre? Certes, elle n'était plus de la première jeunesse, mais ce jeune loup débarquant dans sa vie lui avait fait retrouver le plaisir d'être femme. Doucement, sans heurts aucun, le loup se dégagea, puis se redressa avec quelques difficultés. Il plongea ses prunelles vertes dans les yeux mouillées de la bèrgère à genoux devant lui, puis s'assit sans la quitter du regard. "J'ai entendu ton appel, et je suis rentré, maintenant, si tu le souhaites, j'éxaucerais ton souhait" lui murmura-t-il soudain. Surprise d'entendre le loup lui parler, elle le regarda un long moment sans mot dire, puis elle bredouilla qu'elle avait aussi son troupeau à s'occuper, et d'autres choses aussi. "Libère-les" furent les paroles du loup. Alors la femme acquiésca, et toujours en laissant couler ses larmes, elle parrit ouvrir aux chèvres et aux brebis, puis elle revint dans sa maison où pendait toujours une couronne de branche de sapin. Devant elle tronait un vieil homme, sa longue barbe encore sombre faisant des volutes autour de ses genoux, à ses côtés se tenait toujours le loup. Sans plus guère de présentation, il lui demanda "es-tu résolue?" La jeune femme, encore une fois, hocha la tête en signe d'assentiment, trop troublée pour pouvoir parler, elle reconnut seulement la voix qui venait de lui parler quelques instants auparavant. Alors l'ermite regarda le loup "et toi mon ami, es-tu prêt à ce voyage?". Sur quoi le loup baissa la tête vers le sol, donnant son accord par ce geste. L'ermite les fit sortir, ferma la porte et les emmena par delà les montagnes. Bien que bléssé, le loup suivait, souvent excorté par la femme qui marchait à ses côtés. Leur périple dura des nuits et des jours, mais un petit matin, ils arrivèrent dans une clairière qui encerclait une petite cabanie d'où sortiat un fumet appétissant. Trois vieilles femmes se tenaient devant la porte, elles accueillirent les visiteurs sans surprise, et les invitèrent à rentrer, puis les nourrirent. Une fois la première surprise passée, la jeune femme voulut questionner, mais on lui fit signe de conserver le silence, pendant qu'une des trois femme examinait la plaie du loup. Une fois celui-ci soigné, les trois vieilles rassemblèrent le loup et la bérgère dans un cercle de craie dessiné sur le sol, puis elles commencèrent à chanter, suivie en contre-point par la voix grave et mélodieuse de l'ermite. Petit à petit la bérgère se sentit fondre, l'espace perdait de sa densité, les objets et elle-même devenait flous. Elle chuta sur le sol, rattrapée de justesse par le vieil homme, qui l'allongea doucement à côté du loup. Une chaleur intense la couvrait, des poils lui piquetaient le museau et les joues. Ses oreilles lui semblaient bizarres et une étrange sensation émanait de son arrière-train. L'odeur, forte et si particulière du poil chauffé la tira complétement de son sommeil. Elle ouvrit les yeux, et tomba immédiatement dans deux puis émeraudes qui la regardaient amoureusement. Se dressant douloureusement sur ses pattes, elle jeta un coup d'oeil vers son arrière-train : une queue en panache d'un blanc neigeux s'y balançait avec entrain. Elle approcha délicatement son museau de celui du loup. Etait-ce encore un rêve? Leur truffe se frolèrent, se découvrant délicatement dans cet instant, puis se furent leurs lèvres, et leurs langue. Alors la jeune femme sut que ce n'était pas un rêve. Cette douceur, cet extase! Elle s'arracha brusquement à l'etreinte du jeune homme qui la tenait fermement et se regarda. Elle était de nouveau une jeune femme, exactement la même que ce jour où une louve blanche lui avait ammené un louveteau pataud. En face d'elle se tenait un jeune homme, du même âge qu'elle, aux yeux éméraldins et à la toison aussi noire que la nuit. Elle resta interdite un moment. Etait-elle louve ou homme? Alors le jeune homme sembla perdre de sa substance, comme s'il fondait, et l'instant d'après se tenait à sa place le grand loup noir qu'elle connaissait. Obéissant à une impulsion silencieuse, elle fondit aussi et se retrouva en louve blanche et grise. "Viens avec moi, je t'apprendrais" lui dit le loup. Alors la jeune louve lui sauta au cou, le couvrit de caresses et de douceur, et accepta avec joie de partager sa vie. Après un dernier salut aux trois vieilles et à l'ermite, ils repartirent ensemble vers la maison, leur tanière, leur demeure. "Aujourd'hui encore on peut venir les visiter, et selon que l'on est homme ou loup, ils nous accueille avec l'aspect qui convient. Je ne les ai jamais vu vieillir depuis, et il paraît même qu'ils sont devenus des esprits de cette montagne. La seule chose que je sais, mes chèrs petits, ces que ce jeune loup et cette bérgère ont vécu et vivront encore longtemps l'amour qui les unit. Voilà mes chèrs enfants, c'est tout pour aujourd'hui. Mais restez patients cependant, grand-père revient très vite avec une nouvelle histoire à vous raconter, et vous souhaite, en attandant, de passer de bonnes nuitées."