jeudi 16 février 2006

Estelle Fresneau, conservateur des musées, s'en va

En poste depuis le 1er juillet 2003, Estelle Fresneau part à Pont-Aven, en Bretagne. Bilan de trois années lavalloises.

Vous quittez la Mayenne après y avoir passé presque trois années. Pourquoi ?

Mon départ est une mutation que j'ai demandée. Je vais être conservateur du musée de Pont-Aven dès le 2 mai. L'aura internationale de la collection du musée de ce village de 3 000 habitants m'a attirée. On me confie là-bas un chantier de musée et la politique d'acquisition y est très importante. La commune est aussi ouverte sur l'art contemporain, et des résidences d'artistes y ont lieu l'été. Le conservateur qui me précédait, Catherine Puget, y est restée vingt ans. Nous allons travailler deux mois ensemble. Enfin je suis impatiente de rencontrer les collectionneurs de la région, source d'enrichissement intellectuel.

Quels bons souvenirs garderez-vous de Laval ?

J'ai d'abord été heureuse de rassembler 160 membres actifs au sein de l'association des Amis des musées de Laval. Je crois beaucoup au rôle de cette association pour épauler une politique d'acquisition. Elle a déjà acheté une oeuvre de Jules Lefranc en salle des ventes, et j'avais préempté le second tableau que nous avons aussi acquis. La création du service des publics me tient aussi à coeur. J'ai voulu que les expositions soient le plus accessibles possible et j'ai mis en place des visites-conférences. La plaquette sur le Douanier Rousseau sera très utile aux touristes ainsi que le site Internet des musées. Enfin j'ai travaillé à la mise en valeur des réserves au travers de plusieurs expositions. A chaque fois le public a répondu présent.

Et quelles sont vos inquiétudes en ce qui concerne Laval ?

Il y en a quelques-unes, bien sûr. L'état de dégradation du vieux château s'accélère. La chapelle Saint-Julien, fermée empêche la présentation de collections permanente d'art naïf. La bibliothèque des musées est fermée pour des raisons de sécurité, pourtant elle renferme 8 500 catalogues de musée et une vingtaine d'abonnements à des revues de qualité. Tout ça n'est pas mis en valeur. J'aurais aimé aussi m'investir dans le projet du musée des Beaux-Arts dans le musée des Sciences avec des collections exposées en permanence. Il faudrait le faire, avec même une aile contemporaine, ça tirerait Laval vers le haut.

Que regrettez-vous ?

J'ai travaillé avec une équipe de 24 agents qui ont été des collaborateurs extrêmement fidèles et je ne vais pas les quitter sans un pincement au coeur. Le public lavallois aussi, je le quitte avec regret. Il a existé une harmonie entre les Lavallois et moi qui m'a stimulée car mon poste n'était pas facile. Mais dès la seconde exposition, quand j'ai vu qu'ils me suivaient, j'ai eu envie de continuer et c'est ainsi que j'ai beaucoup appris. En attendant un successeur, je transmets tous mes dossiers à Antoinette Le Falher, attachée de conservation. Laval aura été la ville de mon apprentissage, Pont-Aven sera celle de la maturité.

Propos recueillis par Jacqueline AZZI.